VousĂȘtes membre du Conseil d’Administration d’une association et vous souhaitez dĂ©missionner de ce poste. Vous devez donc adresser un courrier Ă  cet effet. Pierre Bordreuil, Françoise Briquel-Chatonnet, CĂ©cile Michel dir., Les dĂ©buts de l’histoire. Le Proche-Orient de l’invention de l’écriture Ă  la naissance du monothĂ©isme, Paris, Éd. de La MartiniĂšre, 2008, 420 p. 1La parution d’un ouvrage gĂ©nĂ©raliste sur les civilisations du Proche-Orient ancien s’est fait longtemps attendre et c’est avec satisfaction et curiositĂ© qu’a Ă©tĂ© saluĂ©e la sortie de ce livre. Il se distingue par une prĂ©sentation soignĂ©e et agrĂ©able, accompagnĂ©e d’une trĂšs riche illustration, aussi bien en termes de sources Ă©crites que de reprĂ©sentations figurĂ©es. De nombreux textes originaux, dont les traductions ont bien souvent Ă©tĂ© rĂ©visĂ©es, offrent au lecteur un aperçu de la documentation Ă  partir de laquelle on Ă©crit l’histoire du Proche-Orient ancien. Photographies d’Ɠuvres d’art, plans et dessins d’objets et de bĂątiments illustrent avec un grand Ă -propos l’ensemble des contributions. Outre les deux cartes gĂ©ographiques gĂ©nĂ©rales qui ornent les deuxiĂšme et troisiĂšme de couverture, huit cartes thĂ©matiques techniquement trĂšs rĂ©ussies permettent de se reprĂ©senter le contexte gĂ©o-politique des diffĂ©rentes Ă©poques et rĂ©gions envisagĂ©es dans l’ouvrage. 2L’entreprise assumĂ©e par les auteurs Ă©tait de taille il s’agissait de dresser, pour la pĂ©riode s’étendant de la fin du IVe Ă  la fin du Ier millĂ©naire av. n. Ăš. un panorama des civilisations du Proche-Orient antique » oĂč se sont produits tant de changements capitaux dans l’histoire de l’humanitĂ© » p. 5. La MĂ©sopotamie fut marquĂ©e, dĂšs le IVe millĂ©naire, par l’apparition de l’urbanisation et de l’écriture ; la cĂŽte mĂ©diterranĂ©enne et le nord de la Syrie avaient Ă©tĂ© le lieu de la rĂ©volution nĂ©olithique au VIIIe millĂ©naire et furent celui de l’invention de l’écriture alphabĂ©tique au IIe millĂ©naire av. n. Ăš. Ces deux domaines entretinrent dĂšs la plus haute AntiquitĂ© des contacts et des Ă©changes frĂ©quents ; ils se trouvĂšrent mĂȘme rĂ©unis aux VIIIe et VIIe siĂšcles au sein de l’Empire constituĂ© par les rois assyriens. Ils demeurent pourtant souvent sĂ©parĂ©s par les Ă©tudes sur le Proche-Orient ancien, qui s’intĂ©ressent prioritairement – du moins en France – Ă  l’une ou l’autre des documentations. Un des mĂ©rites de cet ouvrage est donc de confronter les connaissances de spĂ©cialistes de ces deux domaines, chacune des contributions qui le composent tentant, autant que faire se peut, de mettre en regard pour chaque sujet abordĂ© les documentations de MĂ©sopotamie et du Levant pour les trois millĂ©naires concernĂ©s. 3Le livre souffre cependant, dans son ensemble, de quelques choix Ă©ditoriaux malheureux et ce, dĂšs le titre. Celui-ci, aussi Ă©vocateur que le bien connu L’histoire commence Ă  Sumer de S. N. Kramer, vieux aujourd’hui d’un demi-siĂšcle, est propre Ă  attirer l’attention d’un grand public passionnĂ© par la recherche des origines et tente ainsi de faire concurrence Ă  ces autres civilisations anciennes dont les vestiges matĂ©riels grandioses sont plus Ă©videmment sĂ©duisants et mĂ©diatiques que ceux de MĂ©sopotamie et du Levant. Le sous-titre entend donner des limites temporelles Ă  ces dĂ©buts » de l’histoire. L’invention de l’écriture est certes communĂ©ment retenue comme moment marquant le dĂ©but de l’histoire entendue comme Ăšre succĂ©dant Ă  la prĂ©histoire. Mais on peut Ă  bon droit se demander en quoi la naissance du monothĂ©isme reprĂ©sente le terme des dĂ©buts de l’histoire. L’expression donne tout d’abord, par sa formulation de ... Ă  ..., l’impression d’un cheminement linĂ©aire et quasi nĂ©cessaire, d’un progrĂšs des civilisations vers une forme de modernitĂ© ; elle laisse en outre envisager que, une fois le monothĂ©isme inventĂ©, la vĂ©ritable histoire peut enfin ? commencer. L’éditeur commercial est certainement grandement responsable de cette formulation qui rĂ©unit sur la couverture de son livre deux thĂšmes propres Ă  toucher un large lectorat. Son choix donne lieu cependant Ă  un raccourci historique que les auteurs n’ont Ă  coup sĂ»r pas voulu. 4PassĂ©e l’introduction qui prĂ©cise briĂšvement les cadres spatiaux et temporels de l’ouvrage ainsi que la nature des sources et les grands repĂšres chronologiques marquant ces quelques trois mille ans d’histoire, il n’est plus question, dans les quatre parties qui suivent, d’histoire politique Ă©vĂ©nementielle l’approche est rĂ©solument thĂ©matique et le plan gĂ©nĂ©ral du livre dĂ©cline de maniĂšre trĂšs classique une histoire Ă©conomique premiĂšre partie, une histoire des institutions deuxiĂšme partie, une histoire sociale troisiĂšme partie et une histoire culturelle quatriĂšme partie des civilisations du Proche-Orient ancien. 5Le titre de la premiĂšre partie Du village Ă  la ville », qui reprend dans sa formulation le parti Ă©volutionniste du sous-titre du livre, est rĂ©ducteur au vu du contenu des quatre chapitres qui la constituent. Bien au-delĂ  du phĂ©nomĂšne fort intĂ©ressant de fixation des populations du Proche-Orient ancien en foyers de peuplement sĂ©dentaire de plus en plus importants entre le VIIIe et le IVe millĂ©naire, qui n’est abordĂ© que dans une partie du chapitre 4 consacrĂ© Ă  La naissance des villes », l’information dĂ©livrĂ©e ici est en rĂ©alitĂ© plus largement d’ordre Ă©conomique et traite de maniĂšre conjointe du dĂ©veloppement des activitĂ©s humaines et de l’évolution des modes de vie des populations du Proche-Orient jusqu’au Ier millĂ©naire av. n. Ăš. Il est ainsi question tout d’abord de l’agriculture irriguĂ©e et de l’élevage chap. 1 ; des innovations techniques ensuite, dans des domaines aussi variĂ©s que la cĂ©ramique, l’architecture, le travail du bois, de la laine, du mĂ©tal et de la pierre, l’invention du verre et les moyens de transport chap. 2 ; des Ă©changes commerciaux enfin chap. 3. 6La deuxiĂšme partie offre un panorama des divers rĂ©gimes politiques qu’ont connus les pays du Proche-Orient ancien. Son titre Ă©voque encore une fois une Ă©volution quasi nĂ©cessaire de formes simples vers des formes complexes de hiĂ©rarchisation sociale et politique Des citĂ©s-États Ă  l’Empire » et cette impression d’enchaĂźnement chronologique se trouve renforcĂ©e encore par le plan mĂȘme de la partie, qui se compose de trois chapitres Ă©tudiant successivement Les citĂ©s-États », La royautĂ© » et L’empire », puis d’un quatriĂšme intitulĂ© L’élargissement de l’horizon » et qui, sous-tendu par le concept d’impĂ©rialisme, traite pĂȘle-mĂȘle des Ă©changes Ă  longue distance, de l’expansion coloniale, de la guerre et de la dĂ©portation, de la diplomatie, des alliances et traitĂ©s et de la quĂȘte de produits exotiques. Tout dans l’exposĂ© s’enchaĂźne ainsi logiquement avec l’idĂ©e sous-jacente que les institutions Ă©voluent irrĂ©mĂ©diablement vers l’Empire. Pourtant, en introduction au chapitre consacrĂ© Ă  ce dernier, il est convenu que l’histoire du Proche-Orient ancien est faite d’une alternance de pĂ©riodes d’unification, le pays dans son ensemble Ă©tant soumis Ă  l’autoritĂ© d’un seul dirigeant, et de pĂ©riodes d’éclatement, ce mĂȘme pays Ă©tant divisĂ© en une pluralitĂ© d’États » p. 155. L’apparente linĂ©aritĂ© suggĂ©rĂ©e par le titre et le plan de la partie est finalement niĂ©e ici en quelques mots, Ă  juste titre bien sĂ»r, mais de maniĂšre troublante pour un lecteur non averti. La confusion augmente encore quand on lit, quelques lignes plus bas, que les citĂ©s-États du Proche-Orient sont aussi des royaumes, mĂȘme si leurs dimensions sont souvent plus modestes, et rien ne distingue un royaume d’un empire », affirmation discutable au vu de l’importante bibliographie qui traite de ces problĂšmes. Tout cela fait de cette deuxiĂšme partie la plus faible, Ă  notre avis, de l’ouvrage qui souffre, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale mais ici plus qu’ailleurs, du choix qui a Ă©tĂ© fait d’évacuer la dimension Ă©vĂ©nementielle de l’histoire politique en introduction, et de ne plus jamais y revenir par la suite. 7SĂ»rement eĂ»t-il Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rable de composer une partie autour de la notion de royautĂ© au Proche-Orient ancien, en distinguant d’une part les diffĂ©rentes formes qu’elle pouvait prendre dans son exercice, en mĂ©nageant des dĂ©veloppements montrant les spĂ©cificitĂ©s et les questions que posent la citĂ©-État et l’Empire et en dĂ©crivant d’autre part, Ă  diffĂ©rentes Ă©chelles, les institutions locales municipales ou tribales, nationales l’organisation du royaume et internationales la diplomatie, bien souvent valables pour les trois rĂ©gimes distinguĂ©s ici, quoiqu’avec des variantes selon les lieux et les Ă©poques. Quant aux sujets dont il est question au chapitre 4, ils ne sont Ă©videmment pas tous le fait de l’Empire mais concernent tous les États quelle que soit leur forme institutionnelle ; ceux d’entre eux relatifs Ă  l’organisation de l’économie auraient eu leur place au sein de la premiĂšre partie ou sont d’ailleurs souvent redondants avec elle ; enfin, la Vision du monde » des anciens habitants du Proche-Orient exposĂ©e pour conclure aurait pu figurer Ă  plus juste titre dans la quatriĂšme partie voir ci-dessous. 8La troisiĂšme partie intitulĂ©e Vivre en sociĂ©tĂ© » dresse de maniĂšre beaucoup plus pertinente un tableau des sociĂ©tĂ©s du Proche-Orient ancien. On y trouve tout d’abord une synthĂšse Ă  jour sur la famille et la maison, fondements et modĂšles des reprĂ©sentations et des structures sociales chap. 1. De longs dĂ©veloppements sont consacrĂ©s ensuite Ă  l’écriture, depuis son apparition sous forme pictographique jusqu’à l’invention de l’alphabet, en passant par les notations idĂ©ogrammatiques et phonĂ©tiques employĂ©es par l’écriture cunĂ©iforme aux diffĂ©rents stades de son Ă©volution. Sont Ă©tudiĂ©s aussi la formation des scribes, la constitution et la transmission des archives et des fonds de manuscrits ou bibliothĂšques des grands organismes – le temple et le Palais – aussi bien que des simples particuliers et, enfin, les phĂ©nomĂšnes d’oralitĂ© qu’il convient de ne pas sous-estimer alors mĂȘme que l’essentiel de la documentation sur laquelle se fondent les Ă©tudes sur le Proche-Orient ancien consiste justement en des sources Ă©crites chap. 2. Vient ensuite un dĂ©veloppement sur la justice et l’écriture de la loi, sujet qui permet Ă  son auteur de comparer rĂ©ellement les rĂ©alitĂ©s mĂ©sopotamiennes aux informations transmises par les textes bibliques et de brosser un tableau nuancĂ© des diffĂ©rentes maniĂšres de rendre la justice, une des principales missions des rois du Proche-Orient ancien, et de codifier la loi, Ɠuvre des plus illustres d’entre eux chap. 3. Le quatriĂšme et dernier chapitre de cette partie dĂ©veloppe, sous le titre gĂ©nĂ©ral de L’organisation de la sociĂ©tĂ© », des considĂ©rations assez datĂ©es et dĂ©sormais largement contestĂ©es sur les diffĂ©rentes catĂ©gories d’hommes libres et de dĂ©pendants, serviteurs ou esclaves, et sur le salariat et les autres formes de rĂ©tribution du travail. Il revient donc sur le problĂšme, dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ© dans la premiĂšre partie, de l’interaction entre les structures Ă©conomiques et l’organisation du travail d’une part et la hiĂ©rarchisation de la sociĂ©tĂ© d’autre part et aurait pu y ĂȘtre intĂ©grĂ©. 9La quatriĂšme partie mĂȘle histoire des sciences, histoire des arts et histoire religieuse de maniĂšre parfaitement appropriĂ©e tant il est Ă©vident que, pour les civilisations du Proche-Orient ancien, la tentative de comprĂ©hension de l’univers par les savants, les reprĂ©sentations de la rĂ©alitĂ© ou des figures et Ă©vĂ©nements mythiques par les lettrĂ©s et autres artistes et la vision du monde confĂ©rĂ©e Ă  chacun par la foi et la pratique religieuse ne sont que diffĂ©rentes facettes d’une mĂȘme maniĂšre de Penser le monde ». Chacun des quatre chapitres consacrĂ©s ici respectivement Ă  la science, aux Ɠuvres littĂ©raires, aux Ɠuvres d’art et Ă  la religion offre une synthĂšse utile des connaissances et des thĂšses retenues Ă  ce jour dans ces diffĂ©rents domaines de la recherche. 10On pouvait attendre que cet ouvrage s’adresse Ă  la fois Ă  un public d’amateurs Ă©clairĂ©s et d’étudiants dĂ©couvrant le Proche-Orient ancien. Or, si les premiers ont des chances d’ĂȘtre comblĂ©s par le format du livre, la richesse du texte et des illustrations et le soin apportĂ© aux cartes, les seconds en revanche risquent d’ĂȘtre rebutĂ©s par le prix de l’ouvrage un dĂ©faut de la qualitĂ© Ă©voquĂ©e prĂ©cĂ©demment et par son maniement peu commode comme manuel de rĂ©fĂ©rence la dispersion de l’information dans un plan aux titres peu explicites ou redondants, du moins pour certains des thĂšmes abordĂ©s, dĂ©routera celui qui voudra trouver rapidement une information. Ce dĂ©faut est dĂ», Ă  nos yeux, au nombre peut-ĂȘtre excessif de contributeurs 38 pour 380 pages de texte ! qui a dĂ» rendre la tĂąche difficile Ă  ceux qui devaient harmoniser l’ensemble. On remarque Ă  l’inverse que, d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les thĂšmes traitĂ©s intĂ©gralement par un mĂȘme auteur, ou par un binĂŽme unissant un spĂ©cialiste de la MĂ©sopotamie et un du Levant, gagnent en cohĂ©rence et pertinence. Enfin, l’absence de renvois systĂ©matiques Ă  la bibliographie, pourtant elle aussi trĂšs riche et complĂšte et prĂ©sentĂ©e heureusement chapitre par chapitre en fin de volume, empĂȘchera le lecteur d’aller approfondir par lui-mĂȘme un Ă©lĂ©ment de sa recherche, Ă  moins de la dĂ©pouiller intĂ©gralement. Ces choix Ă©ditoriaux restreignent certainement la lisibilitĂ© et l’utilitĂ© pĂ©dagogique que l’on est en droit d’attendre d’un ouvrage gĂ©nĂ©raliste. 11Antoine JACQUET. Marie-Claire FerriĂšs, Les partisans d’Antoine. Des orphelins de CĂ©sar aux complices de ClĂ©opĂątre, Bordeaux, Ausonius Éd., Scripta Antiqua, 2007, 565 p. 12C’est un ouvrage passionnant que nous propose FerriĂšs celui de l’histoire des partisans d’Antoine. Pour mener Ă  bien cette tĂąche, l’auteur Ă©tudie le parti d’Antoine pendant les quatorze derniĂšres annĂ©es de la RĂ©publique sous un angle peu utilisĂ©, celui des vaincus. FerriĂšs est partie du constat suivant un homme seul Ă  Rome, Ă  la fin de la RĂ©publique, ne dispose d’aucun rĂ©el pouvoir politique. MĂȘme s’il possĂšde des talents, il a besoin d’alliĂ©s et de partisans pour mener Ă  bien ses desseins. Ce fut le cas de CĂ©sar et d’Octavien/Auguste, ce fut Ă©galement celui d’Antoine. 14L’auteur dĂ©finit d’abord le terme de partisan. En aucun cas le partisan est un thurifĂ©raire toujours dĂ©vouĂ© Ă  un chef et Ă  ses idĂ©es. Les membres du parti d’Antoine sont ceux qui le servirent, qui obĂ©irent Ă  ses ordres, le dĂ©fendirent et le reprĂ©sentĂšrent. Ce furent donc les agents, les subordonnĂ©s, les compagnons et alliĂ©s rassemblĂ©s autour de lui Ă  un moment donnĂ©. En effet, il faut rappeler que peu d’hommes restĂšrent au service d’Antoine entre 44 et 30 parce que dans un parti romain les entrĂ©es et les sorties alternent au grĂ© des intĂ©rĂȘts des participants. 15Pour faire une telle Ă©tude, FerriĂšs a choisi un plan chronologique parce que le parti s’est construit progressivement. Les principales Ă©tapes de la guerre civile rythment l’évolution de l’entourage d’Antoine. La premiĂšre partie est consacrĂ©e au noyau initial, Ă  la gens Antonia, Ă  la stratĂ©gie matrimoniale d’Antoine et Ă  ses familiers. Avant la mort de CĂ©sar, Antoine n’était que le chef d’un groupe de pression au sein de l’oligarchie au pouvoir. La naissance rĂ©elle du parti antonien n’apparaĂźt qu’à la mort du dictateur deuxiĂšme partie. Antoine rĂ©ussit Ă  rĂ©cupĂ©rer une fraction des CĂ©sariens qui lui permet de constituer un vĂ©ritable parti. La troisiĂšme partie est une Ă©tude des armĂ©es provinciales, vĂ©ritable enjeu dans la guerre civile opposant Antoine au jeune Octavien et au parti sĂ©natorial ou rĂ©publicain. AprĂšs la bataille de ModĂšne et la mise en place du second triumvirat, le parti connaĂźt une nouvelle impulsion et son Ă©lite est toujours formĂ©e d’anciens CĂ©sariens. GrĂące aux cadres de son parti, Antoine peut exercer une position prééminente au sein du nouveau rĂ©gime. La victoire de Philippes, en 42, constitue une nouvelle Ă©tape dans la vie du parti quatriĂšme partie. Le rapport des forces au sein du Triumvirat est bouleversĂ© par l’élimination de LĂ©pide et de Sextus PompĂ©e. On passe Ă  la fois Ă  la bipolarisation et, aprĂšs les accords de Brindes, Ă  l’orientalisation du parti d’Antoine. Le triumvir a su accueillir des RĂ©publicains aprĂšs la victoire de Philippes et connaĂźt des succĂšs en Orient. Il a toujours le soutien du SĂ©nat qui lui vote des mesures comme l’engagement de la guerre parthique. L’élimination de LĂ©pide et de Sextus PompĂ©e conforte toutefois Octavien en Occident. Les derniĂšres annĂ©es du parti d’Antoine 36-30 sont traitĂ©es dans la cinquiĂšme partie. FerriĂšs, avec raison, rejette tout dĂ©terminisme et refuse de penser que la dĂ©faite Ă©tait dĂ©jĂ  prĂ©visible. Toutefois, l’affrontement entre les deux triumvirs devient inĂ©vitable et apparaĂźt clairement dĂšs 34 Ă  travers une propagande de plus en plus venimeuse entre les deux hommes. L’auteur Ă©tudie Ă  la fois les partisans d’Antoine proches de ClĂ©opĂątre et ceux qui lui sont hostiles. Elle analyse Ă©galement l’activitĂ© du parti d’Antoine en Italie qui sut toujours rĂ©pondre aux attaques virulentes d’Octavien. La rupture entre les deux triumvirs trouve son origine dans le renouvellement et la durĂ©e des pouvoirs triumviraux. La question Ă©tait de savoir si le triumvirat devait ĂȘtre reconduit le 1er janvier 32 ou le 1er janvier 31 et il Ă©tait clair qu’aucun des deux triumvirs n’avait l’intention de renoncer au pouvoir triumviral. Au dĂ©but de l’annĂ©e 32, les chances de succĂšs, dans le nouveau conflit qui s’annonçait, Ă©taient Ă  peu prĂšs Ă©gales dans les deux camps. Pourtant, avant la bataille d’Actium, un certain nombre d’Antoniens quitte leur camp et rejoint celui d’Octavien Ă  cause essentiellement de la dĂ©tĂ©rioration de la situation militaire d’Antoine en Orient. À l’exception de MĂ©cĂšne et d’Agrippa, les lieutenants d’Octavien sont presque tous d’anciens Antoniens et, en 32-31, au moment de la rupture, le mouvement s’accĂ©lĂšre. Antoine perd ses principaux lieutenants comme Munatius Plancus ou encore Domitius Ahenobarbus. Ces dĂ©parts eurent de lourdes consĂ©quences pour l’affrontement final et Antoine dut confier le commandement de la flotte de la bataille d’Actium Ă  d’anciens PompĂ©iens. L’auteur traite Ă  la fin de la partie le sort des vaincus d’Actium. Ils connurent selon les circonstances un sort variable exĂ©cution capitale, grĂące ou paiement d’une amende. Les Antoniens Ă©minents bĂ©nĂ©ficiĂšrent de la Clementia Caesaris. Le parti d’Antoine disparut Ă  la mort d’Antoine, mais ses partisans subsistĂšrent. Octavien/Auguste sut Ă©viter la mise en place d’un mouvement d’opposition au Principat naissant. 16Un trĂšs important catalogue prosopographique complĂšte l’ouvrage. L’auteur y distingue les partisans assurĂ©s 143 et les incertains 39. Il comprend Ă  la fois les Ă©lites dirigeantes, sĂ©nateurs ou membres de l’ordre Ă©questre, mais Ă©galement les affranchis souvent recrutĂ©s au plus prĂšs de la familia. FerriĂšs rappelle aussi que ce catalogue a pour but d’éclairer la nature et l’évolution des liens qui unissent Antoine Ă  ses partisans. 17Ce travail est d’une trĂšs grande qualitĂ© et d’une lecture agrĂ©able. Le plan chronologique permet de suivre parfaitement les alĂ©as du parti d’Antoine. La mĂ©thode de recherche est efficace et convaincante, puisque l’étude des auteurs de premiĂšre main comme CicĂ©ron, ou celle d’auteurs du IIe siĂšcle de notre Ăšre, a rendu possible le catalogue prosopographique qui nous rĂ©vĂšle un nombre non nĂ©gligeable d’Antoniens. Enfin, cette Ă©tude a bien mis en lumiĂšre les mĂ©canismes de la formation, de la vie puis de la disparition d’un parti Ă  Rome, Ă  l’extrĂȘme fin de la RĂ©publique. 18Annie ALLELY. En ligne Alan K. Bowman, Peter Garnsey, Averil Cameron ed., The Cambridge Ancient History, XII2 The Crisis of Empire AD 193-337, Cambridge University Press, Cambridge, 2005, XVIII-965 p., 9 cartes dont une dĂ©pliante, 12 figures dans le texte. 19L’aventure au long cours que reprĂ©sentait la publication d’une seconde Ă©dition de la vaste synthĂšse placĂ©e sous le patronage de l’UniversitĂ© de Cambridge en 12 imposants volumes d’une histoire de l’AntiquitĂ© mĂ©diterranĂ©enne, des prolĂ©gomĂšnes Ă  l’avĂšnement du christianisme au pouvoir avec Constantin, s’est achevĂ©e en 2005 par la parution du prĂ©sent livre en recension. S’il avait fallu quinze annĂ©es pour Ă©diter les 12 premiers tomes, de 1924 Ă  1939, cette réédition correspondant de fait Ă  une réécriture complĂšte dans un nouveau contexte historiographique s’est Ă©talĂ©e sur trente-cinq ans ! On doit Ă  l’un des Ă©diteurs de ce nouveau volume XII, Alan Bowman, devenu depuis 2002 Camden Professor of Ancient History Ă  Oxford, d’ĂȘtre en outre l’un des responsables des trois tomes couvrant l’ensemble de la pĂ©riode impĂ©riale [avec les tomes X2, The Augustan Empire 43 BC - AD 69, 1996, et XI2, The High Empire AD 70-192, 2000], ce qui assure une certaine unitĂ© Ă  l’ensemble. Dans l’intervalle, la nĂ©cessitĂ© de prolonger le champ chronologique en abordant l’AntiquitĂ© tardive de maniĂšre plus ample s’est imposĂ©e avec la mise en chantier et la publication, avant la parution du tome XII, de deux volets supplĂ©mentaires de la collection XIII, The Late Empire AD 337-425 1997 et XIV, Late Antiquity, Empire and Successors AD 425-600 2001. Aborder l’histoire de l’Empire romain du IIIe siĂšcle supposait de prendre en compte de nombreux renouvellements, que l’on doit tout autant Ă  la dĂ©couverte de nouveaux documents qu’à la rĂ©interprĂ©tation d’une pĂ©riode, longtemps nĂ©gligĂ©e et associĂ©e Ă  la vision traditionnelle d’un dĂ©clin de l’Empire romain, plus ou moins inĂ©luctable cf. E. Gibbon, E. Renan, M. Rostovtzeff. C’est peut-ĂȘtre la difficultĂ© de rendre compte de certains enjeux des dĂ©bats historiographiques rĂ©cents, mais Ă©galement la nĂ©cessitĂ© d’inclure les dĂ©couvertes trĂšs rĂ©centes et fondamentales, comme l’inscription d’Augsbourg qui remonte Ă  aoĂ»t 1992, et renouvelle notre comprĂ©hension de cette pĂ©riode mĂ©diane du IIIe siĂšcle, les annĂ©es 259-260 en Occident on peut renvoyer au petit dossier des Cahiers du Centre Gustave-Glotz, VIII, 1997, p. 223-260, destinĂ© Ă  fournir un premier Ă©tat des dĂ©bats suscitĂ©s par ce nouveau document, qui expliquent la longue pĂ©riode de gestation de ce livre dont certains chapitres furent achevĂ©s prĂšs de vingt ans avant la publication dĂ©finitive. Quoi qu’il en soit, nous voici dĂ©sormais en prĂ©sence d’une nouvelle somme qui complĂšte les deux volumes de la Storia di Roma 3 L’etĂ  tardoantica, parus en 1993 sous la direction d’Aldo Schiavone, le premier Ă©tant consacrĂ© aux crises et transformations », le second aux lieux et cultures ». 20La prĂ©face des Ă©diteurs p. XIII-XVIII s’est chargĂ©e d’éclairer les choix qui ont prĂ©sidĂ© Ă  la rĂ©alisation de cette nouvelle Ă©dition. Le premier, tout Ă  fait significatif, fut de rĂ©intĂ©grer dans le cadre chronologique du prĂ©sent volume la totalitĂ© du rĂšgne de Constantin au-delĂ  de la mort de Licinius, en 324, date choisie par les premiers Ă©diteurs comme terminus ante quem. D’autres choix rĂ©sultent d’un Ă©quilibre entre les trois volumes de la collection qui couvrent tout le Haut Empire. On peut noter par exemple les dĂ©veloppements sur l’Égypte et le Christianisme qui incluent un rappel sur le IIe siĂšcle, en raison des manques volontaires au sein du volume prĂ©cĂ©dent. Il est significatif, au-delĂ  de la spĂ©cialitĂ© du principal Ă©diteur, familier de papyrologie et spĂ©cialiste d’Égypte romaine, qu’un chapitre sur la Bretagne, seul de ce type dans la 1re Ă©dition, ait Ă©tĂ© remplacĂ© par un Ă©quivalent consacrĂ© cette fois Ă  l’Égypte, ce qui d’ailleurs rend justice Ă  l’importance de la documentation papyrologique pour l’établissement de la chronologie ou certaines synthĂšses sur le pouvoir impĂ©rial ou l’administration provinciale aspects sociaux et juridiques. On retiendra des prolĂ©gomĂšnes de cette prĂ©face trois points qui mĂ©ritent notre attention. L’importance accordĂ©e d’une part aux peuples non romains, Germains, Sassanides, ArmĂ©niens, Arabes et peuples du dĂ©sert, qui incarnent une part non nĂ©gligeable du destin de l’Empire romain en deçà et au-delĂ  du limes. C’est Ă©galement la dĂ©cision de ne pas traiter en tant que telle d’une histoire de la littĂ©rature grecque et latine de cette pĂ©riode, ce dont on pourrait discuter sans fin, notamment en prenant le parti pris inverse de la Storia di Roma dans son deuxiĂšme volume. C’est enfin l’importance du traitement du christianisme, l’un des chapitres les plus longs de l’ouvrage lui Ă©tant consacrĂ©, une vraie monographie en soi qui aborde d’ailleurs la littĂ©rature chrĂ©tienne p. 589-671. Je retiendrai Ă©galement l’importance du traitement des sources, mĂȘme si les Ă©diteurs n’ont pas souhaitĂ© imposer des normes Ă  leurs auteurs. De la sorte, certains s’attardent sur la spĂ©cificitĂ© de cette pĂ©riode au regard de la constitution du savoir, ce qui semble essentiel si l’on veut bien considĂ©rer que ce type de synthĂšse s’adresse en prioritĂ© Ă  des Ă©tudiants et chercheurs, et donc dĂ©passe l’horizon de l’honnĂȘte homme qui pourrait se satisfaire d’un rĂ©cit sans trop d’aspĂ©ritĂ©s et passant outre aux prĂ©alables de la constitution d’un corpus bien Ă©tabli de sources. Aucune unitĂ© n’a Ă©tĂ© recherchĂ©e, de maniĂšre artificielle, ce qui implique qu’un certain nombre de points de vue diffĂ©rents sont perceptibles tout au long du volume, de synthĂšse en synthĂšse, par exemple en ce qui concerne l’économie, les armĂ©es et le fonctionnement gĂ©nĂ©ral de l’Empire. Ceci explique Ă©galement l’absence d’une introduction et d’une conclusion au volume, qui aurait assurĂ©ment imposĂ© une telle quĂȘte un peu vaine ?. 21La matiĂšre de cette synthĂšse est donc rĂ©partie en six ensembles de longueur trĂšs variable et 19 chapitres. On s’accordera volontiers sur l’importance d’une partie introductive consacrĂ©e Ă  l’établissement d’un rĂ©cit chronologique suivi, fort difficile pour cette pĂ©riode troublĂ©e de l’histoire romaine. IntitulĂ©e Narrative », cet ensemble conduit en quatre Ă©tapes de l’époque sĂ©vĂ©rienne au rĂšgne de Constantin p. 1-109 ; Brian Campbell pour la pĂ©riode sĂ©vĂ©rienne, John Drinkwater de Maximin Ă  DioclĂ©tien, Alan Bowman pour la 1re tĂ©trarchie et Averil Cameron pour le rĂšgne de Constantin. On ne peut discuter a priori le choix d’un respect des cĂ©sures traditionnelles et d’une vision somme toute classique » de cette histoire. À y regarder de prĂšs, il apparaĂźt que ces mises au point ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©es au dĂ©but de l’aventure, en tout cas avant le milieu des annĂ©es 1990. La bibliographie s’arrĂȘte effectivement Ă  des titres du tout dĂ©but de cette dĂ©cennie. Comme je le relevais incidemment Ă  propos de la dĂ©couverte de l’inscription d’Augsbourg, mais comme les circonstances trĂšs françaises de l’inscription d’une question de concours AgrĂ©gation et Capes portant sur le IIIe siĂšcle en 1998 et 1999 l’ont mĂ©caniquement entraĂźnĂ©, de nombreuses publications ont renouvelĂ© certains aspects de l’approche de cette histoire de l’Empire romain. L’originalitĂ© du traitement de la pĂ©riode sĂ©vĂ©rienne dans une synthĂšse comme celle de Michel Christol L’Empire romain du IIIe siĂšcle. Histoire politique 192-325 aprĂšs 1997, mĂ©ritait Ă  tout le moins discussion. Une deuxiĂšme partie fort importante est consacrĂ©e au fonctionnement de cet Empire et aborde les aspects militaires, administratifs et juridiques p. 110-207, Government and Administration ». On saluera Ă  ce propos les efforts d’Elio Lo Cascio pour rendre compte des dĂ©bats les plus actuels en ce domaine. Le chapitre en quatre parties qu’il consacre Ă  l’empereur et son administration est exemplaire Ă  cet Ă©gard p. 137-183. Sont inclus dans cette mĂȘme section l’armĂ©e Brian Campbell et le droit David Ibbetson et David Johnston. En ce dernier cas, les deux chapitres trĂšs synthĂ©tiques peuvent ĂȘtre confrontĂ©s par leurs objectifs et leurs portĂ©es aux amples dĂ©veloppements de leurs Ă©quivalents dans la synthĂšse italienne en quatre Ă©tapes avec Aldo Schiavone, Joseph MĂ©lĂšze, Feliciano Serrao et Bernardo Santalucia. Une troisiĂšme partie d’égale longueur s’attache aux provinces de l’Empire, frontiĂšres, gouvernement et synthĂšse locale avec le cas de l’Égypte p. 212-325, The provinces » ; John Wilkes traitant des provinces et des frontiĂšres, Jean-Michel CarriĂ© se concentrant sur l’administration provinciale et locale et Alan Bowman proposant une courte histoire Ă©gyptienne durant la pĂ©riode. Un seul auteur, Mireille Corbier, s’est attelĂ© en deux chapitres Ă  une synthĂšse sur l’économie au IIIe siĂšcle qui constitue la quatriĂšme partie du volume p. 327-439, le premier volet s’attachant aux aspects Ă©tatiques des Ă©missions monĂ©taires et des taxations, le second au fonctionnement mĂȘme de l’économie. On ne peut toutefois sĂ©parer certains dĂ©veloppements antĂ©rieurs de la section consacrĂ©e au gouvernement provincial et aux citĂ©s d’une rĂ©flexion portant sur l’économie, les approches de Jean-Michel CarriĂ© et de Mireille Corbier Ă©tant complĂ©mentaires et devant ĂȘtre prises en compte collectivement. Il est loisible de comparer l’approche proposĂ©e dans cette section avec ce que Jean-Michel CarriĂ© avait lui-mĂȘme rĂ©digĂ© sur le sujet sous les titres de Économie globale, Ă©conomies rĂ©gionales » et L’Empire-monde et les bases restaurĂ©es de la puissance » dans J..M. CarriĂ©, Aline Rousselle, L’Empire romain en mutation, 1999, p. 513-649. Je signalerai en complĂ©ment la parution d’un volume d’hommages autour de l’Ɠuvre numismatique de Jean-Pierre Callu portant sur l’économie monĂ©taire au IIIe siĂšcle qui aurait Ă©tĂ© tout Ă  fait utile pour complĂ©ter certains dĂ©veloppements Revue numismatique, 159, 2003. Quatre chapitres offrent des aperçus Ă©clairants sur les peuples que l’on ne nomment plus barbares » The non-Roman world », p. 440-520 ; Malcolm Todd Ă  propos des Germains, Richard Frye traitant des Sassanides, C. Lightfoot de l’ArmĂ©nie et Maurice Sartre, des Arabes et des peuples du dĂ©sert, que l’on aurait pu Ă©ventuellement Ă©largir aux marges mĂ©ridionales du monde romain en Afrique, en prenant les mouvements de certaines tribus au crible des recherches rĂ©centes sur certains de ces peuples cf. Yves ModĂ©ran, Les Maures et l’Afrique romaine IVe-VIIe siĂšcle, 2003, qui remonte aux prĂ©mices du IIIe siĂšcle. La derniĂšre partie, la plus longue, offre en trois chapitres de portĂ©e diffĂ©rente trois synthĂšses sur le polythĂ©isme, le christianisme et l’art et l’architecture Religion, culture and society », p. 521-703, Garth Fowden abordant le polythĂ©isme, Mark Edwards le christianisme de 70 Ă  192, retour en arriĂšre imposĂ© par le contenu du volume prĂ©cĂ©dent, Graeme Clarke, le christianisme durant la pĂ©riode et Janet Huskinson pour une synthĂšse sur art et architecture, en une trentaine de pages avec dix illustrations en noir et blanc. L’accent principal est donnĂ© dans le deuxiĂšme chapitre par le dĂ©veloppement consacrĂ© aux diffĂ©rentes persĂ©cutions et plus gĂ©nĂ©ralement aux rapports entre État romain et chrĂ©tiens. Une rĂ©flexion sur Ă©thique et sociĂ©tĂ© impĂ©riale romaine au cours de la pĂ©riode aurait probablement permis d’aborder Ă  nouveaux frais certaines questions Ă©voquĂ©es dans cette partie. On notera l’appendice qui complĂšte le chapitre sur les provinces avec des tableaux trĂšs prĂ©cis sur les changements du systĂšme provincial, les dĂ©placements des princes et les frontiĂšres et leur dĂ©fense John Wilkes, p. 705-767. Stemmata p. 768-771, chronologie p. 772-785, bibliographie p. 786-899 dans l’ensemble Ă  jour aux rĂ©serves prĂšs que nous Ă©voquions prĂ©cĂ©demment, qui est classĂ©e par grandes sections aprĂšs une courte liste d’ouvrages frĂ©quemment citĂ©s et un index trĂšs dĂ©veloppĂ© p. 900-965 clĂŽturent ce volume et lui confĂšrent le statut incontestable d’outil de travail et de rĂ©fĂ©rence. 22Titrer une histoire de l’Empire romain, de l’avĂšnement de Septime SĂ©vĂšre Ă  la mort de Constantin, La crise de l’Empire », mĂ©ritait probablement un peu plus d’attention en prĂ©ambule, ou dans un chapitre proprement historiographique destinĂ© Ă  rĂ©sumer le chemin parcouru entre la premiĂšre Ă©dition datant de 1938 et ce nouveau projet Ă©ditorial. Force est de constater que peu de chapitres abordent cet aspect pourtant essentiel du discours historique et de ses composantes. À partir des rĂ©flexions d’Andrea Giardina je citerai en dernier lieu une introduction au volume collectif La crise » de l’Empire romain de Marc AurĂšle Ă  Constantin, Quet dir., publiĂ© en 2006, rĂ©sumant ses positions sur le thĂšme de la crise » ou des crises » de l’Empire romain et de leur rythme, ou du livre rĂ©cent de Christian Witschel Krise-Rezession-Stagnation ?, 1999, il y avait matiĂšre Ă  ouvrir cette synthĂšse Ă  des enjeux qui ne sont pas secondaires faire une histoire d’une pĂ©riode donnĂ©e et la publier dans les toutes premiĂšres annĂ©es d’un nouveau millĂ©naire n’est pas innocent. Seul Elio Lo Cascio se place rĂ©solument, dans sa rĂ©flexion sur le gouvernement central de l’Empire et la figure du prince, dans cette perspective historiographique. En revanche, ĂȘtre attentif au monde non romain, aborder le christianisme avec une certaine ampleur font partie prenante des choix Ă©ditoriaux qui rĂ©vĂšlent les objectifs d’une telle gageure, proposer une synthĂšse la plus exhaustive possible, sur une pĂ©riode historique extrĂȘmement complexe et trĂšs ambiguĂ«. On peut face Ă  de tels ouvrages dĂ©plorer certains manques sur la figure impĂ©riale en tant que telle, ses reprĂ©sentations, et juger leur importance Ă  l’aune du renouvellement de questions essentielles. De la mĂȘme maniĂšre, proposer un rĂ©cit Ă©vĂ©nementiel est dĂ©jĂ  le rĂ©sultat d’une interprĂ©tation de la pĂ©riode qui suppose une lecture qui est tout sauf objective. En ce sens, il faut prendre cette synthĂšse pour ce qu’elle est, un pan de la recherche contemporaine Ă©rudite, documentĂ©e et fonctionnant avec une certaine logique interne. Il n’est pas interdit d’offrir sur un certain nombre de sujets des alternatives, sinon s’interroger sur la pertinence de pareilles aventures Ă©ditoriales. Ce monument est riche d’informations et il avertit » donc d’un certain Ă©tat de la recherche historique des romanistes dans les annĂ©es 1980-1990. Il est possible de prolonger la rĂ©flexion, de proposer d’autres perspectives et d’écrire une tout autre histoire. 23StĂ©phane BENOIST. Bruno DumĂ©zil, La reine Brunehaut, Paris, Fayard, 2008, 560 p. 24AprĂšs son bel ouvrage publiĂ© en 2005, Les racines chrĂ©tiennes de l’Europe. Conversion et libertĂ© dans les royaumes barbares Ve-VIIIe s., Bruno DumĂ©zil nous offre Ă  nouveau un travail de grande qualitĂ© sur cette pĂ©riode qui reste pour nos contemporains un Ăąge de fer et de sang. Les rĂ©cits des temps mĂ©rovingiens ont la couleur de l’hĂ©moglobine. FrĂ©dĂ©gonde et Brunehaut, dans la mĂ©moire collective, ont portĂ© le deuil en rouge. La surenchĂšre des cruautĂ©s, c’est souvent ce que l’on retient des origines au Moyen Âge. Mais qu’est-ce que le Moyen Âge ? Le mĂ©rite de ce livre est de donner Ă  rĂ©flĂ©chir sur une pĂ©riode marquĂ©e par la longue vigueur de la civilisation romaine. B. D. brosse avec pĂ©dagogie le tableau de la naissance de l’Europe barbare, dont les rois sont davantage marquĂ©s par l’hĂ©ritage de l’Empire que par celui des tribus germaniques. Dans la seconde moitiĂ© du VIe siĂšcle, Byzance apparaĂźt encore comme une image intacte de la Rome des CĂ©sars... et n’a aucune leçon Ă  recevoir en matiĂšre d’assassinat et de supplices cruels. Il faut Ă©vacuer ce faux problĂšme qui relĂšve d’une sensiblerie anachronique, pour laisser la premiĂšre place au politique. En ce domaine, Brunehaut est longtemps une virtuose, une maĂźtresse du jeu, jusqu’à la derniĂšre partie oĂč elle perd la main. NĂ©e en 550 dans une famille aristocratique wisigothe d’Espagne du Sud, c’est une femme cultivĂ©e qui lit et Ă©crit le latin, connaĂźt sa grammaire et l’art de la rhĂ©torique, a des rudiments de droit, de gĂ©ographie, de thĂ©ologie, comme il convient dans un milieu palatin. Son pĂšre Athanagild est devenu roi en 554 Ă  l’issue d’une guerre civile au cours de laquelle il a eu l’imprudence de faire appel aux Byzantins ; belle occasion pour l’Empire de s’incruster dans une pĂ©ninsule Ă  reconquĂ©rir. Cela explique que les Wisigoths aient recours aux Francs, pourtant ennemis hĂ©rĂ©ditaires depuis le temps de Clovis. Son petit-fils Sigebert Ier rĂ©clame une princesse pour le prix de son alliance. En 561, il a reçu, Ă  la mort de Clotaire Ier, le royaume de Thierry, qu’on appelle incidemment Austrasie. Entre Reims sa premiĂšre capitale, Cologne et Mayence, avec des extensions en Thuringe, Saxe et BaviĂšre, le centre de gravitĂ© s’établit sur la moyenne vallĂ©e du Rhin ; s’y ajoutent les fruits des conquĂȘtes de la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente en Auvergne et Provence orientale. C’est donc vers des terres bien lointaines que s’achemine une adolescente de 15 ou 16 ans, Ă  laquelle son Ă©poux offre Ă  Metz, au printemps 566, un mariage digne des CĂ©sars », cĂ©lĂ©brĂ© par le poĂšte Venance Fortunat, dĂ©posant un Ă©pithalame de 140 vers ciselĂ©s dans la corbeille. Moins de dix ans plus tard, Brunehaut a vu sa sƓur aĂźnĂ©e, Galswinthe, devenue reine de Neustrie, victime d’un assassinat politique et patrimonial Ă  la cour de ChilpĂ©ric oĂč FrĂ©dĂ©gonde tisse sa toile, et son Ă©poux Sigebert pĂ©rir en 575 sur les coups de sicaires armĂ©s de scramasaxes, dans le contexte des guerres de succession, mal endĂ©mique du monde franc. C’est lĂ  que se rĂ©vĂšle le caractĂšre d’une mĂšre qui se bat pour un petit roi de 5 ans, Childebert II, mais aussi pour une certaine idĂ©e de l’État. Le mĂ©rite de B. D., du rĂ©cit, clair et haletant, d’évĂ©nements compliquĂ©s, est d’analyser les rouages d’une pensĂ©e et d’une volontĂ© politiques, chez une femme qui a dĂ» s’imposer comme vĂ©ritable chef d’un royaume. Reine-mĂšre, grand-mĂšre puis arriĂšre-grand-mĂšre, elle agit pendant plus de trente ans comme un des grands » de l’Occident chrĂ©tien. Son vĂ©ritable rival est le roi de Burgondie Gontran, son beau-frĂšre, un alliĂ© ambigu, devenu oncle Ă  hĂ©ritage, qui ne doit sa survie il a rĂ©ussi l’exploit de mourir dans son lit qu’à un subtil jeu de balance entre Neustrie et Austrasie. Le portrait qui s’en dĂ©gage dans ce livre est aussi d’un grand intĂ©rĂȘt. B. D. a scrutĂ© les sources pour dĂ©cortiquer les actes et les arriĂšre-pensĂ©es. Car il faut lire entre les lignes d’un GrĂ©goire de Tours Ă©crivant l’histoire au sens du vent ou d’un Venance Fortunat au style ampoulĂ© et volontairement obscur. Il est courageux de s’attaquer Ă  ces vers codĂ©s. Cela demande une parfaite connaissance des Ă©vĂ©nements, des personnages et des institutions, fruit de lectures nombreuses et assimilĂ©es. Outre l’histoire des royaumes mĂ©rovingiens, cette Ă©tude Ă©claire la complexitĂ© des relations internationales Ă  une Ă©poque oĂč les Lombards envahissant l’Italie, redessinent la gĂ©opolitique. C’est la toile de fond des manƓuvres byzantines, qui tantĂŽt suscitent un prĂ©tendu fils inconnu de Clotaire Ier, Gundovald, tantĂŽt gardent en otages Ingonde et Athanagild, fille et petit-fils de Brunehaut, aprĂšs l’échec de leur mari et pĂšre HermĂ©negild dans la conquĂȘte du trĂŽne wisigoth. Il s’agit de faire pression sur les Francs pour qu’ils attaquent les Lombards. Mais qu’ont-ils Ă  gagner dans des aventures italiennes pour une idĂ©e d’Empire ? Ne plus agir en fonction de l’Empire, c’était, intellectuellement parlant, le seuil du Moyen Âge ». Par ailleurs, Brunehaut se trouve ĂȘtre contemporaine de GrĂ©goire le Grand, dont on connaĂźt le rĂŽle majeur, tant pour la rĂ©forme de l’Église que le dĂ©veloppement de la mission, notamment en Angleterre. L’intervention de la reine dans les affaires ecclĂ©siastiques Ă  un moment oĂč l’autoritĂ© de Rome se fait plus pressante, ne va pas sans conflits Ă©vĂȘques mis au pas et interdits de conciles gĂ©nĂ©raux, relations difficiles avec le monachisme colombanien. Saint Colomban devait ĂȘtre insupportable, c’est le dĂ©faut des prophĂštes, mais ses amis ont Ă©crit l’histoire, ce qui est lourd Ă  traĂźner dans la postĂ©ritĂ©. B. D. analyse ces sources hagiographiques biaisĂ©es et restitue Ă  Brunehaut tant un appui aux missionnaires insulaires – et par lĂ  son rĂŽle dans la construction de l’Occident chrĂ©tien – que l’expression d’une piĂ©tĂ© gĂ©nĂ©reuse Ă  Autun et Ă  Auxerre, oĂč elle devait reposer, sous la protection de saint Germain. Cela lui fut refusĂ© par l’incinĂ©ration de son cadavre mutilĂ©. 25La mise en scĂšne de son supplice, la sauvagerie codifiĂ©e d’un rituel d’humiliation inversant les rapports Ă  la bĂȘte succĂšdent Ă  deux gĂ©nĂ©rations de complots et de trahisons. Tout au long du livre ce ne sont que manƓuvres et calculs de Grands retors, achats de fidĂ©litĂ©s, pardons hypocrites, suicides arrangĂ©s, Ă©liminations sommaires ou parĂ©es d’oripeaux judiciaires. Les ducs Loup ou Gontran-Boson, l’évĂȘque de Reims Egidius, le comte Gogo, le maire du palais Warnachaire, PĂ©pin de Landen et Arnoul prĂ©parant une irrĂ©sistible ascension, et tant d’autres, apparaissent terriblement Ă©loignĂ©s du bien commun. À la suite de Venance Fortunat qui cĂ©lĂšbre en Brunehaut la plus romaine des souveraines barbares, B. D. la campe en femme cultivĂ©e qui tente de prĂ©server l’autoritĂ© de l’État, une grande diplomatie mĂ©diterranĂ©enne, le principe d’un impĂŽt Ă©quitable, le fonctionnariat antique, l’universalitĂ© du droit Ă©crit et les beautĂ©s de la littĂ©rature classique, qui jette ses derniers feux. Mais c’est dĂ©jĂ  en partie un rĂȘve et cette veuve Ă©trangĂšre doit s’adapter, pour survivre, Ă  un environnement mouvant, avec souplesse et pragmatisme, sans considĂ©ration pour les sentiments, mĂȘme familiaux. Cet animal politique se dĂ©place avec une agilitĂ© fĂ©line au milieu des drames qui finissent par la rattraper. Clotaire II joue contre elle la carte aristocratique, celle des forces rĂ©gionalistes, qui l’emportent pour longtemps La plupart de ses initiatives contribuĂšrent Ă  l’émergence de la chrĂ©tientĂ© mĂ©diĂ©vale », conclut B. D. ; Ă  son corps dĂ©fendant parfois, faudrait-il ajouter. C’est Ă  l’enfantement du Moyen Âge, dans la douleur, que nous assistons tout au long de la lecture de ce livre, avec l’émergence d’une nouvelle gĂ©nĂ©ration, tellement Ă©trangĂšre Ă  celle des petits-fils de Clovis, qui se faisait cĂ©lĂ©brer comme un auguste. AprĂšs des considĂ©rations sur la survie lĂ©gendaire qui nous emmĂšne jusqu’à la Brunehilde wagnĂ©rienne, B. D. nous offre, outre les cartes et gĂ©nĂ©alogies indispensables, d’utiles piĂšces justificatives, en latin et en français, les lettres diplomatiques de Brunehaut d’aprĂšs les registres austrasiens, celles de GrĂ©goire le Grand Ă  la reine et la correspondance diplomatique de Bulgar, comte de Septimanie, trop mĂ©connue. L’auteur a le souci constant d’associer le lecteur Ă  sa rĂ©flexion en exposant les matĂ©riaux, fragmentaires, dont dispose l’historien ; ce qui pourra nourrir certaines discussions. Ajoutons enfin la maĂźtrise d’un style alerte, avec le sens de la formule qui fait mouche, jusqu’aux limites d’une rĂ©jouissante impertinence. Avec la Gogo connection » et Gundovald dĂ©peint en tonton flingueur », Fayard rime avec Audiard. 26Patrick DEMOUY. VĂ©ronique Gazeau, Monique Goullet, Guillaume de Volpiano, un rĂ©formateur en son temps 962-1031. Vita domni Willelmi de Raoul Glaber. Texte, traduction et commentaire, Caen, Publications du CRAHM, 2008, 138 p. 27VĂ©ronique Gazeau et Monique Goullet ont fait Ɠuvre particuliĂšrement utile en publiant la Vita Willelmi, Ɠuvre de Raoul le Glabre rĂ©digĂ©e aprĂšs 1028. L’accĂšs au texte, disponible depuis le XVIIe siĂšcle, en est facilitĂ©. Une copie manuscrite conservĂ©e Ă  Copenhague et trois Ă©ditions en donnaient le contenu, en s’appuyant sur un manuscrit de Saint-BĂ©nigne de Dijon, aujourd’hui disparu. Neithard Bulst Ă©dita en 1974 une Vita copiĂ©e sur un manuscrit du monastĂšre de FĂ©camp et conservĂ© Ă  la BibliothĂšque nationale Rodulfus Glabers Vita domni Willelmi abbatis. Neue Edition nach eine Handschrift des 11. Jahrhunderts Paris, BnF, lat. 5390 », Deutsches Archiv, 30-2, 1974, p. 455-462. Le rĂ©cit, Ă©crit par une main du troisiĂšme quart du XIe siĂšcle, c’est-Ă -dire une trentaine d’annĂ©e au plus aprĂšs sa conception, Ă©tait restĂ© longtemps inaperçu dans un recueil factice qui contient principalement la LĂ©gende dorĂ©e de Jacques de Voragine fol. 1-221 et deux autres textes rĂ©digĂ©s Ă  la fin du XIe siĂšcle fol. 230 vo - 235 vo. 28Loin de se contenter d’une simple reprise des travaux de Neithard Bulst, les deux auteurs se sont saisies du dossier et ont Ă©ditĂ© le texte directement d’aprĂšs le manuscrit de FĂ©camp, d’oĂč l’apparition de quelques divergences avec la version de 1974. Outre la transcription, elles ont tenu Ă  donner une prĂ©sentation littĂ©raire de la Vita insistant sur le mĂ©lange entre rĂ©cit biographique et discours hagiographique, sans qu’il y ait hiatus entre les deux p. 3-16. Elles apportent Ă©galement des Ă©claircissements sur la transmission du texte, unique tĂ©moin mĂ©diĂ©val de la Vie de Guillaume p. 17-24. Elles livrent enfin un commentaire historique de l’hagiographie p. 81-122. Il faut signaler une nouveautĂ© de taille par rapport Ă  l’édition de 1974 la prĂ©sence d’une traduction du texte latin en français qui rend l’ensemble accessible aux Ă©tudiants. 29Dans la prĂ©sentation littĂ©raire, VĂ©ronique Gazeau et Monique Goullet se sont intĂ©ressĂ©es Ă  la personne de l’hagiographe. Raoul, auteur de deux Ɠuvres capitales pour la connaissance de cette pĂ©riode Ă  savoir les Histoires et la Vita, souffre d’une mauvaise rĂ©putation. NĂ© en 980 ou 985, ce moine mĂšne une existence gyrovague passant de monastĂšre en monastĂšre Ă  cause de son caractĂšre exĂ©crable. Sa vie est nĂ©anmoins marquĂ©e par la rencontre avec l’abbĂ© Guillaume de Volpiano Ă  Saint-BĂ©nigne de Dijon. Ayant quittĂ© ce monastĂšre pour Cluny, Raoul meurt Ă  Saint-Germain d’Auxerre en 1047. Les circonstances de la rĂ©daction de la Vita sont obscures et peut-ĂȘtre liĂ©es Ă  l’apparition de Guillaume Ă  l’auteur chap. 13, mais Raoul se sent investi d’un devoir de mĂ©moire Ă  l’égard d’un homme qu’il admire. Pour lui, Guillaume possĂšde toutes les vertus qui font les saints et sa fama sanctitatis ne cesse de s’étendre, d’oĂč la nĂ©cessitĂ© de lui consacrer une hagiographie. En 14 chapitres, prĂ©cĂ©dĂ©s d’un prologue dans lequel il dĂ©die son livre aux abbĂ©s et aux moines que Guillaume a aimĂ©s, Raoul raconte la vie et les miracles de son hĂ©ros Synopsis de la Vita Willelmi, p. 29-31 ; Vita Willelmi, transcription et traduction, p. 32-79. 30À travers les informations disponibles dans la Vita, les deux historiennes se sont ensuite penchĂ©es sur l’existence de Guillaume de Volpiano et son contexte politique et religieux. Sa naissance en 962 pendant le siĂšge de la forteresse du lac d’Orta prĂšs de Novare, apparaĂźt dĂ©jĂ  comme un Ă©vĂ©nement. Otton Ier affrontait alors BĂ©renger II, marquis d’IvrĂ©e et chef de file de la haute aristocratie laĂŻque italienne Ă  laquelle appartiennent les parents de Guillaume. L’empereur triomphe et devient le parrain du nouveau-nĂ©, signe de rĂ©conciliation des factions rivales. Si, pour Raoul, Guillaume est d’abord un saint qui multiplie les miracles, pour VĂ©ronique Gazeau et Monique Goullet, c’est surtout un rĂ©formateur infatigable. AprĂšs avoir Ă©tĂ© offert comme oblat Ă  Lucedio dans le diocĂšse de Verceil en 969, il poursuit une carriĂšre brillante et rapide. Il entre Ă  Cluny en 987 sous la direction de Mayeul avant de partir rĂ©former de nombreux monastĂšres Ă  la demande de l’abbĂ© de Cluny, des Ă©vĂȘques ou des princes Saint-Saturnin sur le RhĂŽne, puis en Bourgogne, Saint-BĂ©nigne de Dijon, Saint-Vivant de Vergy et Saint-Pierre de BĂšze ; en Normandie, FĂ©camp avant 1001 Ă  la demande du duc Richard II ; en Lorraine, Saint-Arnoul de Metz, Saint-Èvre de Toul et Gorze. Il profite d’un voyage Ă  Rome pour fonder le monastĂšre de Fruttuaria sur un domaine paternel au dĂ©but du XIe siĂšcle. Il se retrouva donc Ă  la tĂȘte d’une quarantaine de monastĂšres bĂ©nĂ©dictins, dont le noyau se situait en Bourgogne, mais dont le rĂ©seau s’étendait jusqu’en Normandie et dans le PiĂ©mont. 31Ainsi, ce livre fournit des indications prĂ©cieuses sur la deuxiĂšme rĂ©forme monastique du Xe siĂšcle. 32MarlĂšne HĂ©LIAS-BARON. Sylvain Gouguenheim, Les chevaliers teutoniques, Paris, Tallandier, 2007, 775 p. 33En rĂ©digeant cet ouvrage, l’un des objectifs de l’auteur Ă©tait de rĂ©aliser la premiĂšre vaste synthĂšse en français sur l’histoire de l’ordre teutonique, ordre religieux-militaire moins connu dans l’historiographie française que ceux du Temple et de l’HĂŽpital. Il structure son Ă©tude autour de quatre thĂšmes tout en respectant la chronologie de l’histoire de l’institution, bien qu’une seule de ses parties ait un titre indiquant cet aspect La conquĂȘte de la Prusse. » Les autres parties de l’ouvrage mettent en lumiĂšre les diffĂ©rentes dimensions prises par l’ordre au fur et Ă  mesure de son Ă©volution Un ordre militaire », Un souverain » et Une grande puissance europĂ©enne ». 34Dans le premier thĂšme abordĂ©, aprĂšs avoir fait le point sur les circonstances de la fondation de l’ordre teutonique Ă  la fin du XIIe siĂšcle, sur ses premiers faits d’armes en Orient et sur son implantation aux confins de la Hongrie, l’auteur s’interroge sur ce qui est inhĂ©rent Ă  l’existence de cet ordre religieux-militaire, Ă  savoir le respect d’une rĂšgle rĂ©gissant les aspects matĂ©riels et spirituels de la vie conventuelle des frĂšres ; le recrutement de combattants et de clercs, Allemands, pour la plupart ; les fonctions hospitaliĂšres et militaires de l’ordre ; la rĂ©partition des tĂąches ainsi que le rĂŽle de la hiĂ©rarchie Ă  la tĂȘte de cette institution, dans les provinces, les bailliages et les commanderies, s’inspirant des structures administratives du Temple. Il est Ă©galement question du lien Ă©troit qui unit l’ordre Ă  la papautĂ© dont il relĂšve, tout comme le Temple et l’HĂŽpital. L’accent est mis sur l’importance des droits accordĂ©s aux teutoniques dans les privilĂšges pontificaux, assurant essentiellement leur indĂ©pendance vis-Ă -vis des Ă©vĂȘques diocĂ©sains et leur permettant d’obtenir la protection du pape, l’exemption ainsi que la libertĂ© de crĂ©er des Ă©glises, des villages et des cimetiĂšres dans les lieux qui leur Ă©taient concĂ©dĂ©s ; les papes les plus gĂ©nĂ©reux Ă  leur Ă©gard furent Honorius III avec 116 privilĂšges, GrĂ©goire IX 59 privilĂšges et Innocent IV 67 privilĂšges. L’action du grand maĂźtre Hermann de Salza, puis de procureurs gĂ©nĂ©raux », en faveur des intĂ©rĂȘts de l’ordre auprĂšs de plusieurs papes est soulignĂ©e. Un autre aspect intrinsĂšque Ă  l’ordre est sa dĂ©votion Ă  la Sainte Vierge et les diffĂ©rentes formes qu’elle pouvait revĂȘtir. L’auteur Ă©tend son propos Ă  la dimension culturelle de l’institution et Ă©voque les poĂšmes bibliques ou les ouvrages rĂ©alisĂ©s au sein de l’ordre ou Ă  son intention comme la Chronique de la terre de Prusse de Pierre de Dusbourg ainsi que les bibliothĂšques, parfois riches, qui lui appartenaient. 35Dans son Ă©tude de la conquĂȘte de la Prusse par l’ordre teutonique, S. Gouguenheim montre bien la volontĂ© d’implication de la papautĂ© dans l’évangĂ©lisation de cette rĂ©gion, en particulier Ă  travers la mission du premier Ă©vĂȘque qui y fut nommĂ©, Christian, en 1215, puis Ă  travers l’action des teutoniques et celle des Dominicains. La christianisation des populations de langue balte, dĂ©signĂ©es sous le nom latin de Pruteni PrutĂšnes, s’avĂ©ra difficile et nĂ©cessita le recours aux armes ; il y eut Ă©galement plusieurs vagues d’apostasie chez les nouveaux convertis au XIIIe siĂšcle. C’est dans ce cadre que les teutoniques durent mener une guerre de conquĂȘte sans risquer de mettre en pĂ©ril la conversion des populations locales par une attitude trop dure, conformĂ©ment aux consignes laissĂ©es par la papautĂ©. Le 3 aoĂ»t 1234, un privilĂšge la bulle de Rieti de GrĂ©goire IX plaça la Prusse sous la juridiction pontificale et la remit au pouvoir de l’ordre. La bulle de Rimini Ă©mise par l’empereur FrĂ©dĂ©ric II complĂ©ta les dĂ©cisions pontificales de Rieti en faveur des teutoniques. Cependant, leur opposition avec les PrutĂšnes dĂ©gĂ©nĂ©ra en guerre ouverte en 1242, laquelle dura jusqu’en 1249, avant une autre vague de rĂ©voltes entre 1260 et 1283. DĂšs les dĂ©buts de la conquĂȘte, plusieurs princes allemands, polonais et tchĂšques vinrent soutenir militairement l’ordre, obtenant parfois les mĂȘmes indulgences que les croisĂ©s de Terre sainte. En 1254, le roi de BohĂȘme Ottokar II arriva en Prusse Ă  la tĂȘte d’une armĂ©e de 60 000 combattants. En 1245, Innocent IV demanda Ă  l’ensemble des prĂ©lats de la chrĂ©tientĂ© de prĂȘcher en mĂȘme temps pour la Terre sainte et la Prusse. 36Selon l’auteur, l’ordre apparut comme un souverain Ă  partir du moment oĂč il devint le seul maĂźtre de Prusse, c’est-Ă -dire lorsque l’épiscopat prussien se soumit Ă  lui. DĂšs lors, il crĂ©a des diocĂšses, perçut la dĂźme et accapara tous les droits ; les ordres de Dobrin et des Porte-Glaive fusionnĂšrent respectivement avec lui en 1235 et 1237. L’installation du grand maĂźtre en Prusse en 1309 reprĂ©senta un autre tournant ; il choisit la forteresse de Marienbourg comme rĂ©sidence, se transforma en prince territorial et organisa le contrĂŽle de l’ordre et du pays par des visites. L’espace fut quadrillĂ©, maĂźtrisĂ© et mis en valeur par une politique volontariste de colonisation planifiĂ©e, la rĂ©gion connut un essor commercial dans la seconde moitiĂ© du XIIIe siĂšcle dans le sillage de la Hanse ; une administration, un rĂ©seau postal et une chancellerie se dĂ©veloppĂšrent. L’ordre fonda des villes comme Thorn en 1231, Culm en 1232/1233 ou Marienwerder en 1233. 37Dans la derniĂšre partie de son ouvrage, l’auteur s’intĂ©resse Ă  l’ordre en tant que puissance europĂ©enne, en particulier dans ses relations avec ses voisins essentiellement la Lituanie et la Pologne et dans les guerres qui les opposĂšrent Ă  eux dĂšs les annĂ©es 1240, tout en dĂ©montrant que cet antagonisme, surtout avec la Pologne, ne fut pas constant. C’est cependant contre ce pays, aidĂ© des forces lituaniennes, que l’ordre perdit la bataille dĂ©cisive de Tannenberg le 15 juillet 1410. D’autres affrontements avec les Ă©tats de Prusse, soutenus par la Pologne, aboutirent Ă  la seconde paix de Thorn en 1466. Ce traitĂ© mit fin Ă  l’État de l’ordre teutonique, dont la partie occidentale fut rĂ©unie Ă  la Pologne, tandis que le maĂźtre dut exercer son autoritĂ© dans la partie orientale, devenue duchĂ© de Prusse et fief de la couronne de Pologne. Les relations avec la papautĂ© et l’Empire sont abordĂ©es dans toute leur complexitĂ© et surtout toute leur ambiguĂŻtĂ©. Les papes comme les empereurs se sont longtemps posĂ©s en protecteurs des teutoniques, mais la volontĂ© de ces derniers de prĂ©server leur indĂ©pendance les a amenĂ©s Ă  rechercher alternativement l’appui de l’un ou de l’autre. Le manque de respect des droits des convertis par certains maĂźtres causa des dĂ©saccords profonds avec la papautĂ© ; par ailleurs, certains litiges avec la Pologne furent soumis Ă  la justice pontificale. De leur cĂŽtĂ©, les empereurs germaniques, trĂšs impliquĂ©s dans la vie de l’ordre sous FrĂ©dĂ©ric II, s’en dĂ©sintĂ©ressĂšrent progressivement. Le dĂ©clin de l’ordre se fit sentir Ă  partir du XVe siĂšcle ; les assemblĂ©es rĂ©unissant les Ă©tats voulurent partager son pouvoir, rejetant sa politique et les augmentations d’impĂŽts et, en 1440, une Union » Bund fut créée par des nobles prussiens pour se porter une assistance juridique mutuelle contre l’ordre. L’auteur Ă©voque Ă©galement le destin des autres territoires des teutoniques, ceux de Livonie, de l’Empire et les quelque 230 hectares du royaume de France avant de s’intĂ©resser, dans son dernier chapitre, Ă  la survie » de l’ordre, avec la conversion du grand maĂźtre au protestantisme en 1525, et Ă  sa postĂ©ritĂ© », Ă  travers les mythes positifs ou nĂ©gatifs dont il fut l’objet entre la fin du XVIIIe et le milieu du XXe siĂšcle. Cet ouvrage soulĂšve de nombreux problĂšmes liĂ©s Ă  l’histoire atypique de cet ordre religieux-militaire et y apporte des rĂ©ponses en analysant l’ensemble des paramĂštres connus ; trĂšs complet sur l’histoire europĂ©enne des teutoniques, il nous aurait semblĂ© intĂ©ressant qu’il le soit tout autant concernant leurs provinces orientales, pour certaines acquises dĂšs les premiĂšres dĂ©cennies du XIIIe siĂšcle. 38Marie-Anna CHEVALIER. En ligne Aude Mairey, Une Angleterre entre rĂȘve et rĂ©alitĂ©. LittĂ©rature et sociĂ©tĂ© dans l’Angleterre du XIVe siĂšcle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2007, 476 p. Histoire ancienne et mĂ©diĂ©vale », 93. 39Cette Ă©tude d’Aude Mairey, issue de la thĂšse qu’elle avait prĂ©parĂ©e sous la direction de Jean-Philippe Genet et soutenue en 2002, est un travail dense et foisonnant consacrĂ© Ă  l’interaction complexe entre production littĂ©raire et transformations sociales au cours du XIVe siĂšcle anglais. Il s’agit d’une Ă©poque marquĂ©e Ă  la fois par les progrĂšs de la literacy, par le rĂŽle croissant des laĂŻcs notamment de la gentry et par un profond renouvellement de la littĂ©rature anglaise, baptisĂ© outre-Manche alliterative revival, dont le couronnement est sans conteste le Piers Plowman de William Langland, dont Aude Mairey avait d’ailleurs prĂ©cĂ©demment publiĂ© une trĂšs utile traduction française de la version B William Langland, Pierre le Laboureur, Paris, Publications de la Sorbonne, Textes et documents d’histoire mĂ©diĂ©vale », 3, 1999, 272 p. et qui occupe ici la place centrale qu’il mĂ©rite. 40L’intĂ©rĂȘt de ce travail rĂ©side d’abord dans le choix du corpus Ă©tudiĂ©, encore bien souvent mĂ©connu en France, malgrĂ© le rĂŽle essentiel que certains des textes qui le composent ont jouĂ© dans l’émergence de la littĂ©rature anglaise, d’oĂč l’abondance des Ă©tudes anglo-saxonnes qui leur ont Ă©tĂ© consacrĂ©es. À l’exception du Piers Plouwman de Langland, les textes retenus, de longueur trĂšs variable, sont tous anonymes Song of the Husbandman, Satire on the Consistory Court, Satire on the Retinues, The Death of Edward I, The Simonie, Wynnere and Wastoure, The Death of Edward III, Pierce the Plowman’s Crede, Richard the Redeless, Mum and the Sothsegger et The Crowned Kyng. En dĂ©pit de leurs diffĂ©rences, ces 12 textes prĂ©sentĂ©s de façon dĂ©taillĂ©e en annexe, p. 421-441 constituent en effet un corpus dont la cohĂ©rence est rĂ©elle, Ă  la fois sur le plan formel, par l’usage de la technique allitĂ©rative, et sur le plan thĂ©matique, par l’attention aiguĂ« qu’ils portent Ă  la sociĂ©tĂ© de leur temps. MalgrĂ© la diversitĂ© des genres littĂ©raires » auxquels on peut les rattacher, tous appartiennent, Ă  un degrĂ© ou Ă  un autre, Ă  la littĂ©rature de protestation sociale, en un siĂšcle qui voit prĂ©cisĂ©ment une autonomisation croissante du champ littĂ©raire, en particulier face au champ de la production religieuse. 41Son originalitĂ© tient aussi Ă  la dĂ©marche adoptĂ©e, qui choisit rĂ©solument de mettre Ă  profit les diverses potentialitĂ©s statistiques qu’offrent diffĂ©rents logiciels informatiques, en combinant la lexicologie quantitative et, pour 6 des 12 textes, l’analyse factorielle par correspondance. La prĂ©sentation de cette derniĂšre approche manque toutefois de clartĂ© pour le lecteur qui n’est pas familier des mĂ©thodes appliquĂ©es peut-ĂȘtre en raison de l’absence du corps du livre d’une partie des annexes, consultables cependant sur le site du LAMOP – tout comme une trĂšs riche base de donnĂ©es bibliographiques sur l’Angleterre mĂ©diĂ©vale, rĂ©guliĂšrement mise Ă  jour et aurait mĂ©ritĂ© des explications plus claires que celles fournies Ă  la fin de l’introduction p. 21-29. Il est d’ailleurs Ă  noter que ce recours Ă  l’informatique ne se substitue pas Ă  une plus classique analyse textuelle, d’ailleurs minutieuse et qui s’appuie tout au long du livre – ce qui n’est pas si frĂ©quent dans les ouvrages historiques – sur d’abondantes et longues citations bilingues qui permettent d’apprĂ©cier pleinement les textes originaux. 42AprĂšs avoir, dans une premiĂšre partie, replacĂ© les poĂšmes dans leur contexte, en soulignant notamment l’enjeu que reprĂ©sentait le choix de l’anglais Ă  une Ă©poque oĂč il s’affirmait de plus en plus comme langue littĂ©raire face au latin et Ă  l’anglo-normand, et s’ĂȘtre efforcĂ© de cerner aussi prĂ©cisĂ©ment que possible leur audience beaucoup plus large pour Piers Plouwman que pour les autres, l’auteur aborde successivement dans les quatre parties suivantes les thĂšmes prĂ©dominants des Ɠuvres analysĂ©es la perception du fonctionnement de la sociĂ©tĂ© et du gouvernement, la critique de l’institution ecclĂ©siastique, le rĂŽle de la connaissance et les moyens de sa transmission, enfin les voies du salut individuel et collectif. 43Dans tous ces domaines, les critiques formulĂ©es Ă  l’égard des Ă©lites laĂŻques ou religieuses et de leurs pratiques, plus ou moins vĂ©hĂ©mentes selon les poĂšmes, traduisent la profonde implication de leurs auteurs – qui semblent insĂ©rĂ©s dans des rĂ©seaux qui participent d’une maniĂšre ou d’une autre au gouvernement, mĂȘme s’ils n’ont pas de lien direct avec le pouvoir royal – dans les dĂ©bats qui animent alors la sociĂ©tĂ© politique anglaise par exemple la dĂ©nonciation du rĂŽle des retenues nobiliaires, de la corruption du systĂšme judiciaire ou des abus de biens ecclĂ©siastiques. C’est ce que rĂ©vĂšlent les frĂ©quentes confrontations avec des textes contemporains d’autre nature statuts, pĂ©titions en parlement, sermons, chroniques. MalgrĂ© une attitude parfois ambiguĂ«, par exemple vis-Ă -vis du travail ou de l’argent, ou encore Ă  l’égard du soulĂšvement populaire de 1381 ou de l’hĂ©tĂ©rodoxie, tous ces poĂšmes traduisent une aspiration Ă  de profondes rĂ©formes pour rĂ©tablir la nĂ©cessaire cohĂ©sion de la communautĂ© chrĂ©tienne. MĂȘme s’ils ne procĂšdent pas Ă  une remise en cause systĂ©matique de la sociĂ©tĂ© existante et du discours des Ă©lites, mĂȘme si peu d’entre eux finalement cĂšdent Ă  la tentation du discours radical de l’hĂ©rĂ©sie lollarde, tous se montrent en revanche exigeants sur la responsabilitĂ© Ă©thique des individus, en particulier des laĂŻcs, au sein de la sociĂ©tĂ©. Ainsi, en faisant part de leurs interrogations plutĂŽt qu’en cherchant Ă  imposer des normes, les auteurs de ces textes provoquent leurs lecteurs Ă  la rĂ©flexion et confĂšrent au texte littĂ©raire un rĂŽle Ă  part entiĂšre dans un systĂšme de communication en pleine Ă©volution. 44Finalement, l’intĂ©rĂȘt de cet ouvrage est de souligner ce que peut apporter l’utilisation de l’outil informatique Ă  l’étude, dans une perspective historique, de textes littĂ©raires mĂ©diĂ©vaux Ă©crits en langue vernaculaire, malgrĂ© les nombreux obstacles auxquels se heurte encore sa mise en Ɠuvre voir p. 22 et les indispensables prĂ©cautions qu’elle nĂ©cessite. Elle permet en effet de mettre plus nettement en Ă©vidence des tendances qui n’étaient parfois que pressenties Ă  la lecture des textes » et de conforter les analyses textuelles » p. 415. Plus largement, il invite Ă  apprĂ©hender d’une maniĂšre renouvelĂ©e, et plus dynamique, les relations entre littĂ©rature et sociĂ©tĂ©, en montrant de maniĂšre convaincante que ces poĂšmes allitĂ©ratifs de l’Angleterre du XIVe siĂšcle – mais l’affirmation vaut certainement pour d’autres types de littĂ©rature et d’autres pĂ©riodes – reflĂštent ... autant les interrogations que les assurances d’une sociĂ©tĂ© et tentent, de plus en plus au cours de la pĂ©riode envisagĂ©e, de formuler des rĂ©ponses cohĂ©rentes et parfois originales aux inquiĂ©tudes gĂ©nĂ©rĂ©es par les transformations en cours » p. 416. 45Olivier DE LABORDERIE. Tuomas M. S. Lehtonen, Élisabeth Mornet, Les Ă©lites nordiques et l’Europe occidentale XIIe-XVe siĂšcle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2007, 316 p. Histoire ancienne et mĂ©diĂ©vale », 94. 46Les racines chrĂ©tiennes de l’Europe suscitent bien des dĂ©bats et mĂȘme une exposition au MusĂ©e national du Moyen Âge que les actes du colloque organisĂ© par T. Lehtonen et É. Mornet en juin 2005 enrichissent de façon substantielle la christianisation a-t-elle Ă©tĂ© un facteur de modĂ©lisation europĂ©enne dans les pays nordiques ? Plus largement, ces territoires ont-ils connu, dans le processus de construction de leurs États, un phĂ©nomĂšne d’acculturation europĂ©enne ? Quel rĂŽle ont jouĂ© leurs Ă©lites dans cette interface ? 47Ce volume d’actes apparaĂźt Ă  plus d’un titre remarquable toutes les contributions dĂ©volues Ă  Ă©galitĂ© entre chercheurs nordiques et chercheurs français s’articulent de façon cohĂ©rente autour d’un fil rouge clairement exposĂ© par les organisateurs et repris en conclusion. L’ouvrage se lit avec plaisir comme une partition Ă  plusieurs voix. La prĂ©sentation formelle, de plus, relĂšve d’une qualitĂ© pĂ©dagogique suffisamment rare pour ĂȘtre relevĂ©e aux communications bien lissĂ©es y compris celles en anglais succĂšdent des rĂ©sumĂ©s permettant de saisir rapidement l’objectif de l’ensemble et surtout deux indices des personnes et des matiĂšres, avec entrĂ©es en français, en anglais et en langues nordiques. Un seul regret l’absence de carte oblige le lecteur peu familier de ces contrĂ©es Ă  ouvrir son atlas ! 48Si la problĂ©matique des Ă©lites majores, potentes, meliores... dans le processus d’accaparement des ressources capital » qui leur confĂšrent un rĂŽle Ă©minent dans la genĂšse de l’État moderne, est bien labourĂ©e dans le champ historiographique de la vieille » Europe, elle ne l’était pas encore pour les pays nordiques au Moyen Âge, c’est-Ă -dire du XIIe siĂšcle aux annĂ©es de la RĂ©forme 1520-1530. Au dĂ©part du colloque, une constatation La christianisation, l’établissement des monarchies et la fin des expĂ©ditions vikings ont Ă©tĂ© des processus simultanĂ©s. » AprĂšs la pĂ©riode prĂ©-historique des Vikings, vers 1100, les royaumes de Danemark, NorvĂšge et SuĂšde, bien identifiĂ©s, maĂźtrisant la literacy aprĂšs les Ă©critures runiques, entretiennent des relations complexes avec l’Europe dont ils font indĂ©niablement partie. En revanche, les peuples slaves, baltes et finno-ougriens adoptent l’écriture plus tardivement sur les ailes de la christianisation et de l’intensification de la circulation entre la mer Baltique et les fleuves russes. Toutes les sources, sagas, lois, donations en faveur de l’Église, etc., sont mobilisĂ©es car parcimonieuses, critiquĂ©es et contextualisĂ©es dans leur genĂšse par les diffĂ©rents auteurs. Avec l’émergence d’un pouvoir fondĂ© sur le droit et exercĂ© dans le cadre d’institutions, c’est tout le problĂšme de l’europĂ©anisation de la sociĂ©tĂ© qui est en jeu avec un nuancier contrastĂ© selon les royaumes. L’adaptation complĂšte en SuĂšde du modĂšle europĂ©en – ressources monopolisĂ©es par les Ă©lites de chevaliers, de clercs et de bourgeois Olle Ferm – se distingue nettement, mais Ă  une Ă©poque antĂ©rieure, de l’acculturation partielle et choisie des Ă©lites norroises en Irlande Olivier Viron. La large dĂ©finition des Ă©lites, adoptĂ©e par tous les auteurs, petit groupe d’individus qui se distingue de la majoritĂ© et occupe le premier rang face Ă  elle pour des raisons diverses », les amĂšne Ă  aborder la question du rĂŽle des Ă©lites dans le processus d’étatisation selon la rĂ©partition des rĂŽles sociaux et leur rĂ©tribution. Ils replacent soigneusement leurs Ă©tudes dans les grands courants historiographiques qui ont jalonnĂ© l’histoire nordique. AprĂšs le libĂ©ralisme qui voit comme explication Ă  l’apparition d’un gouvernement royal, l’expression de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, et le marxisme qui pointe l’accaparement des terres par les plus grands propriĂ©taires fonciers, l’État protĂ©geant leurs intĂ©rĂȘts, le chantier historique en Ɠuvre dans ce colloque tente de dĂ©terminer plus finement, en y ajoutant l’approche culturelle, le processus de construction de l’État avec et par les Ă©lites. Dans une approche globale de la sociĂ©tĂ©, c’est en termes de fonctionnalitĂ© que Sverre Bagge dĂ©montre le dĂ©veloppement de l’État en NorvĂšge oĂč les Ă©lites royales et ecclĂ©siastiques ont su faire adopter par tous leur vision du monde. Si la SuĂšde Ă©pouse le modĂšle europĂ©en, en revanche l’Irlande n’entend jouer qu’un rĂŽle d’interface en gardant sa spĂ©cificitĂ©. Un autre angle d’analyse permet d’approcher les serviteurs des nouveaux États ceux qui disent la loi ou lagmĂ€n Thomas Lindkvist se trouvent au cƓur du dispositif de collecte et de transformation des lois au XIIIe siĂšcle, les ambassadeurs RaphaĂ«lle Schott incarnent l’interface entre pays nordiques et vieille » Europe tout comme les stratĂ©gies matrimoniales de la famille Fleming, chevalier de Flandres » Anu Lahtinen. 49Dans toutes les analyses prĂ©cĂ©dentes, les clercs figurent en bonne place dans les mutations de sociĂ©tĂ© selon le modĂšle europĂ©en. C’est l’objet d’une deuxiĂšme partie consacrĂ©e Ă  la christianisation attestĂ©e dĂšs le VIIIe siĂšcle autour de la Baltique et plus effective avec l’arrivĂ©e de l’Église et son train Ă  partir du XIIe siĂšcle mutation des Cisterciens de pauperes Christi en acteurs de l’élite en SuĂšde et au Danemark pour retrouver aprĂšs 1300 la pastorale des humbles Brian Patrick McGuire ; message adaptĂ© Ă  ces deux pays, et dans la lignĂ©e cistercienne, de la prĂ©dication de la cinquiĂšme croisade Ane L. Bysted, enfin les transferts de clercs influents entre nord et sud de l’Europe un lĂ©gat italien Sylvain Gougenheim et la classe de 1466 » des ordinations Jussi Hanska. 50AprĂšs l’analyse synthĂ©tique et nuancĂ©e tout Ă  la fois de la dynamique des États en relation avec la christianisation, la troisiĂšme partie s’ouvre tout naturellement les relations entre les pays nordiques et la culture occidentale. On mesure alors l’enjeu essentiel qu’a Ă©tĂ© la culture Ă©crite. La construction de l’histoire sacrĂ©e de la Finlande Tuomas M. S. Lehtonen met en valeur une histoire liturgique et politique autour de ses deux Ă©vangĂ©lisateurs en 1155-1157, l’évĂȘque d’Uppsala saint Henri et le roi non moins saint Erik Jedvardsson. Le parallĂ©lisme entre l’histoire Ă©crite en latin et la tradition orale qui en est inspirĂ©e suit le modĂšle chrĂ©tien occidental, avec le modĂšle du martyr et celui du chevalier incarnĂ© par saint Henri, mort en valeureux croisĂ© Sini Kangas. L’emprunt Ă  l’Europe chrĂ©tienne est encore plus flagrant en ce qui concerne la culture des clercs au XIVe siĂšcle legs de la bibliothĂšque d’un chanoine de Lund diffusant ainsi dans son milieu urbain les rĂ©fĂ©rences occidentales, par Élisabeth Mornet et la reprĂ©sentation de la sociĂ©tĂ© suĂ©doise qu’elle se fait d’elle-mĂȘme dans la Grande Chronique rimĂ©e Corinne PĂ©neau. La piĂ©tĂ©, enfin, s’exerce selon les canons connus dans la chrĂ©tientĂ© occidentale, tension permanente de la vie du fidĂšle vers son modĂšle prĂ©sent dans la reprĂ©sentation iconographique dame Lucia Olofsdotter et sainte Anne, par Elina RĂ€sĂ€nen. 51AprĂšs les incursions des Vikings, les marchands surtout allemands et les clercs de toute l’Europe ont vĂ©hiculĂ© des modĂšles europĂ©ens de fonctionnement de sociĂ©tĂ© disponibles en temps de ruptures dans les pays nordiques forte croissance dĂ©mographique, pĂ©nurie de terres, etc.. L’écrit et la vison chrĂ©tienne du monde ont permis Ă  un systĂšme politique de monarchie de s’imposer avec ses Ă©lites privilĂ©giĂ©es et actives dans les grands secteurs de la sociĂ©tĂ©. 52L’espace nordique constitue un magnifique champ d’étude ouvert par ce colloque. Colonisation ? IntĂ©gration ? Acculturation ? 53Odile KAMMERER. En ligne Fabrizio Ricciardelli, The Politics of Exclusion in Early Renaissance Florence, Turnhout, Brepols, 2007, 294 p. 54 Si, dans une rĂ©publique quelconque, les divisions furent remarquables, celles qui sont survenues dans Florence le sont au plus haut degrĂ©. [...] À Florence, ce furent d’abord les nobles qui se divisĂšrent entre eux ; puis les nobles et le popolo ; et en dernier lieu, le popolo et la plĂšbe/populace. Il arriva mĂȘme plusieurs fois que le parti demeurĂ© vainqueur se divisa en deux nouveaux partis. De ces divisions naquirent autant de meurtres, d’exils, d’extinctions de familles qu’on en vit jamais naĂźtre dans aucune des villes dont l’histoire a gardĂ© le souvenir. » Ces mots de Machiavel extraits de la prĂ©face de ses Histoires florentines rĂ©sument bien l’atmosphĂšre politique que l’ouvrage de F. Ricciardelli – tirĂ© d’une thĂšse de doctorat soutenue en 2004 Ă  l’UniversitĂ© de Warwick – cherche Ă  dĂ©peindre. Ce livre trouve sa place aux cĂŽtĂ©s d’une sĂ©rie de travaux rĂ©cents de chercheurs italiens consacrĂ©s aux diffĂ©rentes facettes de l’exclusion politique dans le monde communal réétudiĂ©es notamment Ă  partir des listes de proscrits l’auteur avait dĂ©jĂ  Ă©ditĂ© le Libro del Chiodo Rome, 1998, trĂšs belle source pour l’histoire de l’exclusion politique dans la seconde moitiĂ© du XIIIe siĂšcle, mais il faut aussi renvoyer au beau travail de Giuliano Milani L’esclusione dal comune, Rome, 2003 consacrĂ© Ă  la pratique du bannissement et Ă  ce qu’il a appelĂ© le gouvernement par les listes » governo delle liste. L’ambition de cet ouvrage relativement concis 256 pages de texte est d’offrir une vision panoramique et synthĂ©tique des politiques d’exclusion sur la longue durĂ©e, entre le dĂ©but du XIIIe siĂšcle et l’arrivĂ©e au pouvoir des Medici en 1434. Son travail s’appuie sur un dĂ©pouillement des fonds de l’Archivio di Stato de Florence et sur l’exceptionnel tĂ©moignage des chroniques urbaines. Ce choix de la longue durĂ©e est d’autant plus ambitieux qu’une grande partie de la mĂ©moire Ă©crite des exclusions a disparu avec la destruction des archives judiciaires au moment de la chute du duc d’AthĂšnes en 1343. 55AprĂšs un chapitre introductif The legal forms of exclusion » qui fait le point sur la terminologie de l’exclusion, de la proscription sur le plan juridique et social bannus, confinatus, ammonizioni, qui prĂ©sente les mĂ©canismes judiciaires conduisant Ă  cette exclusion et dresse de maniĂšre plus large le portrait de l’exilĂ©, du fuoruscito, l’auteur adopte une progression chronologique et analyse dans le dĂ©tail l’impact des Ă©vĂ©nements de cette pĂ©riode sur ces pratiques d’exclusion ; pratiques qui jouĂšrent un rĂŽle clĂ© dans la rĂ©solution du conflit politique et qui resurgissaient plus fortement dans les moments – nombreux – de tension. Le chapitre 2 An instrument of political resolution » couvre le XIIIe siĂšcle et s’interroge sur les racines du factionalism florentin, sur cette culture qu’il dit fondĂ©e dans une large mesure sur la pratique de la vendetta, Ă  travers l’évocation des luttes entre Guelfes et Gibelins et la progressive entrĂ©e en scĂšne du popolo ; le chapitre 3 Toward the overcoming of violence ? » , qui couvre la premiĂšre moitiĂ© du XIVe siĂšcle, retrace l’opposition entre Guelfes Blancs et Guelfes Noirs, jusqu’à la chute du rĂ©gime mis en place par le duc d’AthĂšnes ; le chapitre 4 Between power games and conspiracies » couvre les annĂ©es 1343-1382, qui voient s’affronter les Ricci et les Albizzi ; le dernier chapitre enfin The legitimization of practice » nous conduit jusqu’à la mise en place de la domination des Medici et analyse les luttes entre Albizzi et Alberti puis Albizzi et Medici. 56DĂšs les premiĂšres lignes, l’auteur ne cache pas sa fascination pour une ville qui est Ă  la fois une des plus prospĂšres et puissantes d’Occident et, dans le mĂȘme temps, marquĂ©e par une exacerbation des luttes de factions. S’intĂ©ressant Ă  ce qu’il appelle la face sombre du systĂšme rĂ©publicain florentin » p. 1, il insiste sur le paradoxe d’un systĂšme qui se veut parfait sur le plan thĂ©orique mais qui ne parvient pas Ă  mettre fin Ă  la pratique de la persĂ©cution politique. En prenant le problĂšme sur la longue durĂ©e, il montre qu’une trĂšs grande continuitĂ© unit l’ñge communal et l’accession au pouvoir de la coalition des Medici ainsi, entre le XIIIe et le XVe siĂšcle, les exclusions acquiĂšrent une forme de plus en plus prĂ©cise, sophistiquĂ©e et ciblĂ©e jusqu’à devenir finalement l’une des solutions les plus couramment utilisĂ©es pour faire face aux problĂšmes d’instabilitĂ© politique, systĂ©matiquement employĂ©es par les couches dirigeantes pour asseoir leur pouvoir sur la ville et son territoire et Ă©radiquer les dissidents, privant les vaincus de tout espace au sein de la citĂ©. Ces exclusions sont accompagnĂ©es des diffĂ©rentes formes de propagande utilisĂ©es dans les citĂ©s d’Italie du Nord et du Centre rhĂ©torique politique, religieuse, Ă©pigraphie, iconographie, spectacle de la punition public spectacle Ă  l’occasion des exĂ©cutions mais aussi mises en scĂšne de la rĂ©intĂ©gration d’exilĂ©s ou de prisonniers. Le choix de la longue durĂ©e lui permet aussi de montrer que les leader ennemis exĂ©cutĂ©s sont finalement peu nombreux, ce qui l’amĂšne Ă  conclure que la lutte contre les diverses formes de dissidences politiques conduisit Ă  une rĂ©pression raisonnable » et que cette pratique constante dans l’histoire de la citĂ© constitue paradoxalement un facteur d’ordre » ordering element trĂšs ancrĂ© dans les dynamiques sociales et politiques de Florence. 57À cĂŽtĂ© de ces rĂ©flexions sur la nature et le sens de l’exclusion, l’autre intĂ©rĂȘt de ce livre est de suivre au fil des chapitres la genĂšse, le dĂ©veloppement et l’enrichissement des pratiques judiciaires, gestionnaires et archivistiques qu’imposĂšrent de telles politiques le systĂšme rĂ©pressif repose de façon classique sur les magistratures du Podestat, du Capitaine du Peuple, ou encore de l’Esecutore degli ordinamenti di giustizia et du Guidice degli appelli. À celles-ci s’ajoutĂšrent progressivement, Ă  la fin du XIIIe siĂšcle et surtout au XIVe siĂšcle, la crĂ©ation d’autres magistratures spĂ©cialisĂ©es comme les Dieci della libertĂ  1372, les Otto di guardia 1378 ou les Dieci di baliĂ  1384. Ces derniĂšres jouĂšrent un rĂŽle politique, supplantant – au criminel – les vieilles magistratures judiciaires, liĂ©es de plus en plus intimement au pouvoir exĂ©cutif. Le cas des Otto di guardia est exemplaire cette magistrature qui finit par ĂȘtre dotĂ©e de pouvoir pĂ©naux – elle Ă©tait autorisĂ©e Ă  enregistrer dans ses registres tous ceux qui Ă©taient suspectĂ©s de dĂ©loyautĂ© envers le rĂ©gime et, si nĂ©cessaire, elle pouvait mettre Ă  jour les informations Ă  leur sujet – joua un rĂŽle essentiel dans l’affirmation de la prééminence des Medici Ă  leur avĂšnement en 1434 et devint ensuite la plus importante magistrature d’investigation de la RĂ©publique florentine. De mĂȘme, face aux profits importants gĂ©nĂ©rĂ©s par la confiscation des biens des rebelles, la commune crĂ©a plusieurs magistratures spĂ©cifiques en 1286, une magistrature fut chargĂ©e de la vente des biens des exilĂ©s ; en 1302, fut mis en place un Ufficiale sopra i beni dei ribelli, et on confia Ă  un fonctionnaire Ă©tranger Ă©lu la tĂąche de superviser les confiscations des biens des rebelles et des bannis. 58Si certains passages sur la psychologie » de l’exilĂ©, la souffrance qu’il devait Ă©prouver loin de sa patrie sont moins convaincants, l’auteur ne reculant pas devant les effets de dramatisation stylistique – il reprend peut-ĂȘtre plus ou moins inconsciemment le style de certains chroniqueurs exilĂ©s eux aussi –, ce travail n’en reste pas moins une synthĂšse trĂšs claire qui permet d’observer, de façon presque gĂ©ologique, cette sĂ©dimentation des conflits sur plus de deux siĂšcles et de plonger dans une histoire florentine trĂšs mouvementĂ©e oĂč les conflits entre factions, familles et individus demeurent une donnĂ©e de base de la vie et de la culture politiques. 59Sylvain PARENT. En ligne Florent Garnier, Un consulat et ses finances. Millau 1187-1461, Paris, ComitĂ© pour l’histoire Ă©conomique et financiĂšre de la France, 2006, 947 p. prĂ©face d’Albert RigaudiĂšre. 60Les sources financiĂšres conservĂ©es aux archives municipales de Millau sont d’une exceptionnelle richesse mais elles n’avaient pas Ă©tĂ© vraiment utilisĂ©es jusqu’à prĂ©sent. Florent Garnier n’a pas hĂ©sitĂ© Ă  se plonger dans ces documents parfois rĂ©barbatifs mais indispensables Ă  la comprĂ©hension de bien des aspects de l’histoire urbaine. Il ne s’est pas contentĂ© de prĂ©senter les dĂ©penses et les recettes de la ville, ce qui n’aurait eu qu’un intĂ©rĂȘt limitĂ©, mais il a envisagĂ© les finances dans le contexte des institutions consulaires et leur environnement urbain. Il a donc essayĂ© de dĂ©crire la crĂ©ation d’une administration financiĂšre, la mise en place de rĂšgles comptables rigoureuses ainsi que l’organisation de la collecte et de la gestion de ressources permanentes. Il a su intĂ©grer son Ă©tude locale Ă  l’évolution de ce genre d’institutions dans les autres villes qui ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es, de maniĂšre Ă  mettre en Ă©vidence l’existence de ce qu’il appelle un modĂšle financier urbain ». 61C’est donc par ce systĂšme financier qu’il commence son livre. Il cherche Ă  dĂ©crire les Ă©tapes de la formation du patrimoine de l’universitas et la mise en place des premiĂšres institutions du consulat dĂšs le dernier quart du XIIIe siĂšcle. Il montre que la constitution de ce systĂšme financier repose sur l’existence d’une organisation fiscale capable d’imposer rĂ©guliĂšrement des taxes, de les rĂ©partir et de les collecter selon des rĂšgles Ă©laborĂ©es par la municipalitĂ© elle-mĂȘme. Il montre donc aussi comment les documents de gestion livres des travaux, livres des taxes, livres des dettes, les livres de comptes des trĂ©soriers et les registres fiscaux apparaissent alors qu’il n’existe pas encore de budgets annuels. Il note en particulier que la multiplicitĂ© des comptes empĂȘche souvent les compensations d’un poste Ă  l’autre mĂȘme si celles-ci sont parfois dĂ©cidĂ©es par le consul boursier », responsable des finances, apparu au dĂ©but du XIVe siĂšcle. La reconduction du mĂȘme homme Ă  la charge de trĂ©sorier, thĂ©oriquement renouvelable chaque annĂ©e, permet aussi une continuitĂ© dans la gestion financiĂšre millavoise qui favorise la permanence de mĂ©thodes de gestion efficaces. Florent Garnier prĂ©cise que les rĂšgles de perception ou de rĂ©partition – sans doute implicites – ne donnent pas lieu Ă  de nombreuses ordonnances et que c’est l’analyse prĂ©cise des registres qui permet seule de les dĂ©celer. 62L’auteur s’intĂ©resse Ă©galement au pouvoir dans la ville » dĂ©crivant successivement les assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales des habitants et les conseils qui les ont progressivement remplacĂ©es au cours du XIIIe siĂšcle et de la premiĂšre moitiĂ© du XIVe siĂšcle. Le consulat qui naquit ainsi sut habilement profiter des changements de domination politique pour s’affirmer au moment oĂč, dans les annĂ©es 1275-1300, la ville passait d’une fiscalitĂ© occasionnelle Ă  une fiscalitĂ© permanente. GrĂące Ă  une Ă©tude de type prosopographique des dirigeants, Florent Garnier montre que le pouvoir est dĂ©tenu par quelques lignages et que le renouvellement de l’élite urbaine est trĂšs limitĂ©. 63La fiscalitĂ© permanente gĂ©rĂ©e par le consulat Ă©tait Ă©videmment liĂ©e Ă  la dĂ©fense de la ville, ce qui permit au consulat d’affirmer sa capacitĂ© militaire et fiscale au service de la monarchie, mais aussi comme reprĂ©sentant des intĂ©rĂȘts du pays, puisqu’il dirigeait une des grosses villes du Rouergue » tandis que, de son cĂŽtĂ©, la monarchie sut Ă©galement tirer parti du pouvoir politique, Ă©conomique et financier incarnĂ© par la ville. 64C’est donc Ă  la description de Millau comme ville en Rouergue » puis comme ville du royaume » Ă  partir des annĂ©es 1371 que passe ensuite Florent Garnier. Il montre qu’elle fut une ville carrefour, un point de passage pour les hommes, les biens et les idĂ©es et qu’elle joua un rĂŽle majeur dans la vie de la sĂ©nĂ©chaussĂ©e. Devenue ville du royaume, la ville dĂ©veloppa assez rapidement un sentiment monarchique et national qui s’exprime dans les comptes consulaires du deuxiĂšme quart du XVe siĂšcle. 65La deuxiĂšme partie de l’ouvrage revient sur les gens de finances. L’auteur y Ă©tudie d’abord en dĂ©tail le consul et boursier », autrement dit le trĂ©sorier. Les 39 titulaires de cette charge qu’il recense sont gĂ©nĂ©ralement issus du milieu des marchands et leur patrimoine les range parmi les plus riches habitants de la ville. Toutefois, ce milieu n’est pas homogĂšne dans le temps avant les annĂ©es 1440-1450, l’exercice de la charge s’inscrit dans une carriĂšre politique ; aprĂšs cette date, beaucoup de trĂ©soriers ne furent plus consuls, peut-ĂȘtre parce qu’ils n’avaient pas fait d’études juridiques. Ils n’assumĂšrent donc plus que des fonctions locales. Dans le cadre de leurs fonctions, ils Ă©taient entourĂ©s d’autres gens de finances particuliers » auxquels Florent Garnier consacre le chapitre suivant. Il s’agit pour la pĂ©riode d’un groupe de 400 personnes – qu’il rĂ©partit en trois groupes selon leur fortune et leurs rapports avec le milieu consulaire – qui contribuent eux aussi Ă  la mise en place d’une administration fiscale efficace. On y trouve les collecteurs et fermiers de l’impĂŽt, les rĂ©gisseurs de travaux ou d’hĂŽpitaux, les bassiniers d’aumĂŽne, etc., c’est-Ă -dire tout un monde de gestionnaires maniant les deniers publics et contrĂŽlĂ©s par le consulat formant un groupe hĂ©tĂ©rogĂšne mais soudĂ© par des compĂ©tences et des responsabilitĂ©s financiĂšres. 66La troisiĂšme partie de l’ouvrage est intitulĂ©e L’argent urbain ». Il s’agit pour l’auteur d’analyser les dĂ©penses puis les recettes de la ville. Pour les premiĂšres, il constate – mais ce n’est pas propre Ă  Millau – que les dĂ©penses destinĂ©es aux fortifications sont prĂ©pondĂ©rantes entre 1356 et 1368 mais qu’elles subissent ensuite de fortes variations dans le temps. Il montre aussi l’importance des prĂ©lĂšvements des comtes d’Armagnacs, puis de la monarchie. NĂ©anmoins, si les autres dĂ©penses sont trĂšs variĂ©es comme le rĂ©vĂšle le tableau rĂ©capitulatif qui clĂŽt le chapitre, l’auteur insiste sur la faiblesse des dĂ©penses Ă  caractĂšre social et surtout Ă©conomique. 67Pour les recettes, Florent Garnier constate qu’à la diffĂ©rence des villes du Nord et de l’Ouest du royaume, les impositions sur la circulation, la commercialisation et la consommation des marchandises occupent une place limitĂ©e. De ce fait, c’est l’impĂŽt direct, taxant le capital et les revenus des habitants, ainsi que l’emprunt, en cas de nĂ©cessitĂ© urgente, qui fournissent l’essentiel des revenus de la ville sans qu’il y ait constitution d’une dette publique permanente. Cette prĂ©dominance de l’impĂŽt direct explique aussi l’existence prĂ©coce d’un droit fiscal d’origine urbaine. 68Dans l’ensemble de cette partie, l’auteur n’oublie pas de tenir compte des rĂ©alitĂ©s monĂ©taires qu’il prĂ©sente en quatre phases partagĂ©es entre inflation puis dĂ©flation, instabilitĂ© monĂ©taire avec hausse des prix puis stabilisation relative, ce qui renforce le systĂšme fiscal et financier et habitue la population Ă  l’existence d’un impĂŽt rĂ©gulier municipal, la prĂ©parant ainsi Ă  subir la fiscalitĂ© royale. 69Cette longue et minutieuse Ă©tude, souvent passionnante, permet Ă  Florent Garnier de conclure en insistant sur ce qui Ă©tait l’objet de sa recherche la confirmation de la mise en place d’un systĂšme financier reposant sur l’existence d’une organisation fiscale permanente, nĂ©e de la norme et de la pratique, capable d’imposer rĂ©guliĂšrement des taxes, de les rĂ©partir et de les collecter en se fondant sur la connaissance du patrimoine des contribuables, selon des rĂšgles Ă©laborĂ©es par l’administration municipale. Il constate que, comme dans d’autres villes du royaume, s’élabore progressivement un ensemble de rĂšgles et de pratiques concernant la tenue des divers livres de compte. Ce systĂšme politico-administratif connut malgrĂ© tout une genĂšse assez chaotique au grĂ© des dominations politiques, avant de se fixer aprĂšs le retour de la ville Ă  la couronne française. L’élaboration de ce systĂšme fut le fait d’un milieu particulier, encore peu Ă©tudiĂ© jusqu’à prĂ©sent les gens de finance qui trouvent quelque intĂ©rĂȘt personnel Ă  la gestion financiĂšre de la ville mais ne forment pas vraiment un milieu homogĂšne. C’est le grand mĂ©rite de Florent Garnier que d’avoir portĂ© l’accent sur ce groupe social encore trop mĂ©connu. 70Philippe LARDIN. DĂ©missionsau sein du conseil municipal : il faudra revoter! Le conseil municipal de mercredi avant le clash. Photo DDM, O.L. Politique, EspĂ©raza. PubliĂ© le 05/09/2015 Ă  03:48, Code gĂ©nĂ©ral des collectivitĂ©s territorialesChronoLĂ©gi Section 4 Fonctionnement Articles L2121-7 Ă  L2121-28 »Version Ă  la date format JJ/MM/AAAAou duCode gĂ©nĂ©ral des collectivitĂ©s territorialesVersion en vigueur au 21 aoĂ»t 2022Masquer les articles et les sections abrogĂ©sLe conseil municipal se rĂ©unit au moins une fois par du renouvellement gĂ©nĂ©ral des conseils municipaux, la premiĂšre rĂ©union se tient de plein droit au plus tĂŽt le vendredi et au plus tard le dimanche suivant le tour de scrutin Ă  l'issue duquel le conseil a Ă©tĂ© Ă©lu au complet. Par dĂ©rogation aux dispositions de l'article L. 2121-12, dans les communes de 3 500 habitants et plus, la convocation est adressĂ©e aux membres du conseil municipal trois jours francs au moins avant celui de cette premiĂšre de la premiĂšre rĂ©union du conseil municipal, immĂ©diatement aprĂšs l'Ă©lection du maire et des adjoints, le maire donne lecture de la charte de l'Ă©lu local prĂ©vue Ă  l'article L. 1111-1-1. Le maire remet aux conseillers municipaux une copie de la charte de l'Ă©lu local et du chapitre III du prĂ©sent conseil municipal se rĂ©unit et dĂ©libĂšre Ă  la mairie de la commune. Il peut Ă©galement se rĂ©unir et dĂ©libĂ©rer, Ă  titre dĂ©finitif, dans un autre lieu situĂ© sur le territoire de la commune, dĂšs lors que ce lieu ne contrevient pas au principe de neutralitĂ©, qu'il offre les conditions d'accessibilitĂ© et de sĂ©curitĂ© nĂ©cessaires et qu'il permet d'assurer la publicitĂ© des dans une commune nouvelle rĂ©gie par les dispositions du chapitre III du titre Ier du prĂ©sent livre, le conseil municipal peut dĂ©cider qu'une ou plusieurs de ses rĂ©unions auront lieu dans une ou plusieurs annexes de la mairie, sous rĂ©serve que, chaque annĂ©e, au moins deux de ses rĂ©unions se tiennent Ă  la mairie de la commune nouvelle. Le public est avisĂ© de cette dĂ©cision par tout moyen de publicitĂ© au choix du maire, au minimum quinze jours avant la tenue de ces les communes de 1 000 habitants et plus, le conseil municipal Ă©tablit son rĂšglement intĂ©rieur dans les six mois qui suivent son installation. Le rĂšglement intĂ©rieur prĂ©cĂ©demment adoptĂ© continue Ă  s'appliquer jusqu'Ă  l'Ă©tablissement du nouveau rĂšglement intĂ©rieur peut ĂȘtre dĂ©fĂ©rĂ© au tribunal dispositions s'appliquent Ă  compter du prochain renouvellement gĂ©nĂ©ral des conseils municipaux suivant la publication de la loi n° 2015-991 du 7 aoĂ»t maire peut rĂ©unir le conseil municipal chaque fois qu'il le juge est tenu de le convoquer dans un dĂ©lai maximal de trente jours quand la demande motivĂ©e lui en est faite par le reprĂ©sentant de l'Etat dans le dĂ©partement ou par le tiers au moins des membres du conseil municipal en exercice dans les communes de 1 000 habitants et plus et par la majoritĂ© des membres du conseil municipal dans les communes de moins de 1 000 cas d'urgence, le reprĂ©sentant de l'Etat dans le dĂ©partement peut abrĂ©ger ce dispositions s'appliquent Ă  compter du prochain renouvellement gĂ©nĂ©ral des conseils municipaux suivant la publication de la loi n° 2015-991 du 7 aoĂ»t convocation est faite par le maire. Elle indique les questions portĂ©es Ă  l'ordre du jour. Elle est mentionnĂ©e au registre des dĂ©libĂ©rations, affichĂ©e ou publiĂ©e. Elle est transmise de maniĂšre dĂ©matĂ©rialisĂ©e ou, si les conseillers municipaux en font la demande, adressĂ©e par Ă©crit Ă  leur domicile ou Ă  une autre adresse. Dans les communes de moins de 3 500 habitants, la convocation est adressĂ©e trois jours francs au moins avant celui de la rĂ©union. En cas d'urgence, le dĂ©lai peut ĂȘtre abrĂ©gĂ© par le maire, sans pouvoir ĂȘtre toutefois infĂ©rieur Ă  un jour franc. Le maire en rend compte dĂšs l'ouverture de la sĂ©ance au conseil municipal qui se prononce sur l'urgence et peut dĂ©cider le renvoi de la discussion, pour tout ou partie, Ă  l'ordre du jour d'une sĂ©ance les communes de 3 500 habitants et plus, une note explicative de synthĂšse sur les affaires soumises Ă  dĂ©libĂ©ration doit ĂȘtre adressĂ©e avec la convocation aux membres du conseil la dĂ©libĂ©ration concerne un contrat de service public, le projet de contrat ou de marchĂ© accompagnĂ© de l'ensemble des piĂšces peut, Ă  sa demande, ĂȘtre consultĂ© Ă  la mairie par tout conseiller municipal dans les conditions fixĂ©es par le rĂšglement dĂ©lai de convocation est fixĂ© Ă  cinq jours francs. En cas d'urgence, le dĂ©lai peut ĂȘtre abrĂ©gĂ© par le maire sans pouvoir ĂȘtre toutefois infĂ©rieur Ă  un jour maire en rend compte dĂšs l'ouverture de la sĂ©ance au conseil municipal qui se prononce sur l'urgence et peut dĂ©cider le renvoi de la discussion, pour tout ou partie, Ă  l'ordre du jour d'une sĂ©ance prĂ©sent article est Ă©galement applicable aux communes de moins de 3 500 habitants lorsqu'une dĂ©libĂ©ration porte sur une installation mentionnĂ©e Ă  l' article L. 511-1 du code de l'environnement . Tout membre du conseil municipal a le droit, dans le cadre de sa fonction, d'ĂȘtre informĂ© des affaires de la commune qui font l'objet d'une dĂ©libĂ©ration. La commune assure la diffusion de l'information auprĂšs de ses membres Ă©lus par les moyens matĂ©riels qu'elle juge les plus appropriĂ©s. Afin de permettre l'Ă©change d'informations sur les affaires relevant de ses compĂ©tences, la commune peut, dans les conditions dĂ©finies par son assemblĂ©e dĂ©libĂ©rante, mettre Ă  disposition de ses membres Ă©lus, Ă  titre individuel, les moyens informatiques et de tĂ©lĂ©communications nĂ©cessaires. Ces dispositions sont applicables aux Ă©tablissements publics de coopĂ©ration intercommunale. Le conseil municipal est prĂ©sidĂ© par le maire et, Ă  dĂ©faut, par celui qui le remplace. Dans les sĂ©ances oĂč le compte administratif du maire est dĂ©battu, le conseil municipal Ă©lit son prĂ©sident. Dans ce cas, le maire peut, mĂȘme s'il n'est plus en fonction, assister Ă  la discussion ; mais il doit se retirer au moment du dĂ©but de chacune de ses sĂ©ances, le conseil municipal nomme un ou plusieurs de ses membres pour remplir les fonctions de peut adjoindre Ă  ce ou ces secrĂ©taires des auxiliaires, pris en dehors de ses membres, qui assistent aux sĂ©ances mais sans participer aux procĂšs-verbal de chaque sĂ©ance, rĂ©digĂ© par le ou les secrĂ©taires, est arrĂȘtĂ© au commencement de la sĂ©ance suivante, et signĂ© par le maire et le ou les secrĂ©taires. Il contient la date et l'heure de la sĂ©ance, les noms du prĂ©sident, des membres du conseil municipal prĂ©sents ou reprĂ©sentĂ©s et du ou des secrĂ©taires de sĂ©ance, le quorum, l'ordre du jour de la sĂ©ance, les dĂ©libĂ©rations adoptĂ©es et les rapports au vu desquels elles ont Ă©tĂ© adoptĂ©es, les demandes de scrutin particulier, le rĂ©sultat des scrutins prĂ©cisant, s'agissant des scrutins publics, le nom des votants et le sens de leur vote, et la teneur des discussions au cours de la sĂ©ance. Dans la semaine qui suit la sĂ©ance au cours de laquelle il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©, le procĂšs-verbal est publiĂ© sous forme Ă©lectronique de maniĂšre permanente et gratuite sur le site internet de la commune, lorsqu'il existe, et un exemplaire sur papier est mis Ă  la disposition du public. L'exemplaire original du procĂšs-verbal, qu'il soit Ă©tabli sur papier ou sur support numĂ©rique, est conservĂ© dans des conditions propres Ă  en assurer la Ă  l'article 40 de l'ordonnance n° 2021-1310 du 7 octobre 2021, ces dispositions entrent en vigueur le 1er juillet 2022. Le maire a seul la police de l'assemblĂ©e. Il peut faire expulser de l'auditoire ou arrĂȘter tout individu qui trouble l'ordre. En cas de crime ou de dĂ©lit, il en dresse un procĂšs-verbal et le procureur de la RĂ©publique en est immĂ©diatement conseil municipal ne dĂ©libĂšre valablement que lorsque la majoritĂ© de ses membres en exercice est prĂ©sente. Si, aprĂšs une premiĂšre convocation rĂ©guliĂšrement faite selon les dispositions des articles L. 2121-10 Ă  L. 2121-12, ce quorum n'est pas atteint, le conseil municipal est Ă  nouveau convoquĂ© Ă  trois jours au moins d'intervalle. Il dĂ©libĂšre alors valablement sans condition de sĂ©ances des conseils municipaux sont publiques. NĂ©anmoins, sur la demande de trois membres ou du maire, le conseil municipal peut dĂ©cider, sans dĂ©bat, Ă  la majoritĂ© absolue des membres prĂ©sents ou reprĂ©sentĂ©s, qu'il se rĂ©unit Ă  huis clos. Sans prĂ©judice des pouvoirs que le maire tient de l'article L. 2121-16, ces sĂ©ances peuvent ĂȘtre retransmises par les moyens de communication conseillers municipaux ont le droit d'exposer en sĂ©ance du conseil des questions orales ayant trait aux affaires de la commune. Dans les communes de 1 000 habitants et plus, le rĂšglement intĂ©rieur fixe la frĂ©quence ainsi que les rĂšgles de prĂ©sentation et d'examen de ces questions. A dĂ©faut de rĂšglement intĂ©rieur, celles-ci sont fixĂ©es par une dĂ©libĂ©ration du conseil la demande d'un dixiĂšme au moins des membres du conseil municipal, un dĂ©bat portant sur la politique gĂ©nĂ©rale de la commune est organisĂ© lors de la rĂ©union suivante du conseil municipal. L'application du deuxiĂšme alinĂ©a ne peut donner lieu Ă  l'organisation de plus d'un dĂ©bat par dispositions s'appliquent Ă  compter du prochain renouvellement gĂ©nĂ©ral des conseils municipaux suivant la publication de la loi n° 2015-991 du 7 aoĂ»t 2015. Un conseiller municipal empĂȘchĂ© d'assister Ă  une sĂ©ance peut donner Ă  un collĂšgue de son choix pouvoir Ă©crit de voter en son nom. Un mĂȘme conseiller municipal ne peut ĂȘtre porteur que d'un seul pouvoir. Le pouvoir est toujours rĂ©vocable. Sauf cas de maladie dĂ»ment constatĂ©e, il ne peut ĂȘtre valable pour plus de trois sĂ©ances consĂ©cutives. Les dĂ©libĂ©rations sont prises Ă  la majoritĂ© absolue des suffrages exprimĂ©s. Lorsqu'il y a partage Ă©gal des voix et sauf cas de scrutin secret, la voix du prĂ©sident est vote a lieu au scrutin public Ă  la demande du quart des membres est votĂ© au scrutin secret 1° Soit lorsqu'un tiers des membres prĂ©sents le rĂ©clame ;2° Soit lorsqu'il y a lieu de procĂ©der Ă  une nomination ou Ă  une ces derniers cas, si aucun des candidats n'a obtenu la majoritĂ© absolue aprĂšs deux tours de scrutin secret, il est procĂ©dĂ© Ă  un troisiĂšme tour de scrutin et l'Ă©lection a lieu Ă  la majoritĂ© relative ; Ă  Ă©galitĂ© de voix, l'Ă©lection est acquise au plus conseil municipal peut dĂ©cider, Ă  l'unanimitĂ©, de ne pas procĂ©der au scrutin secret aux nominations ou aux prĂ©sentations, sauf disposition lĂ©gislative ou rĂ©glementaire prĂ©voyant expressĂ©ment ce mode de une seule candidature a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e pour chaque poste Ă  pourvoir au sein des commissions municipales ou dans les organismes extĂ©rieurs, ou si une seule liste a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e aprĂšs appel de candidatures, les nominations prennent effet immĂ©diatement, dans l'ordre de la liste le cas Ă©chĂ©ant, et il en est donnĂ© lecture par le conseiller municipal atteint d'infirmitĂ© certaine et le mettant dans l'impossibilitĂ© d'introduire son bulletin dans l'enveloppe est autorisĂ© Ă  se faire assister par une personne de son Ă  l'article 40 de l'ordonnance n° 2021-1310 du 7 octobre 2021, ces dispositions entrent en vigueur le 1er juillet conseil municipal peut former, au cours de chaque sĂ©ance, des commissions chargĂ©es d'Ă©tudier les questions soumises au conseil soit par l'administration, soit Ă  l'initiative d'un de ses sont convoquĂ©es par le maire, qui en est le prĂ©sident de droit, dans les huit jours qui suivent leur nomination, ou Ă  plus bref dĂ©lai sur la demande de la majoritĂ© des membres qui les composent. Dans cette premiĂšre rĂ©union, les commissions dĂ©signent un vice-prĂ©sident qui peut les convoquer et les prĂ©sider si le maire est absent ou les communes de plus de 1 000 habitants, la composition des diffĂ©rentes commissions, y compris les commissions d'appel d'offres et les bureaux d'adjudications, doit respecter le principe de la reprĂ©sentation proportionnelle pour permettre l'expression pluraliste des Ă©lus au sein de l'assemblĂ©e communale. Cet article a Ă©tĂ© modifiĂ© par la loi n° 2013-403 du 17 mai 2013 relative Ă  l'Ă©lection des conseillers dĂ©partementaux, des conseillers municipaux et des conseillers communautaires, et modifiant le calendrier Ă©lectoral. ConformĂ©ment Ă  son article 51, l’article dans sa version modifiĂ©e par la loi du 17 mai 2013 s’applique Ă  compter du prochain renouvellement gĂ©nĂ©ral des conseils municipaux et communautaires prĂ©vu les 23 et 30 mars 2014, y compris aux opĂ©rations prĂ©paratoires Ă  ce scrutin. Dans les communes de 20 000 habitants et plus, le conseil municipal, lorsqu'un sixiĂšme de ses membres le demande, dĂ©libĂšre de la crĂ©ation d'une mission d'information et d'Ă©valuation, chargĂ©e de recueillir des Ă©lĂ©ments d'information sur une question d'intĂ©rĂȘt communal ou de procĂ©der Ă  l'Ă©valuation d'un service public communal. Un mĂȘme conseiller municipal ne peut s'associer Ă  une telle demande plus d'une fois par an. Aucune mission ne peut ĂȘtre créée Ă  partir du 1er janvier de l'annĂ©e civile qui prĂ©cĂšde l'annĂ©e du renouvellement gĂ©nĂ©ral des conseils municipaux. Le rĂšglement intĂ©rieur fixe les rĂšgles de prĂ©sentation et d'examen de la demande de constitution de la mission, ses modalitĂ©s de fonctionnement, les modalitĂ©s de sa composition dans le respect du principe de la reprĂ©sentation proportionnelle, la durĂ©e de la mission, qui ne peut excĂ©der six mois Ă  compter de la date de la dĂ©libĂ©ration qui l'a créée, ainsi que les conditions dans lesquelles elle remet son rapport aux membres du conseil dĂ©libĂ©rations sont inscrites par ordre de date sur un registre tenu dans des conditions dĂ©finies par dĂ©cret en Conseil d'Etat. Elles sont signĂ©es par le maire et le ou les secrĂ©taires de Ă  l'article 40 de l'ordonnance n° 2021-1310 du 7 octobre 2021, ces dispositions entrent en vigueur le 1er juillet dispositif des dĂ©libĂ©rations du conseil municipal prises en matiĂšre d'interventions Ă©conomiques en application des dispositions du titre Ier du livre V de la premiĂšre partie et des articles L. 2251-1 Ă  L. 2251-5, ainsi que celui des dĂ©libĂ©rations approuvant une convention de dĂ©lĂ©gation de service public, fait l'objet d'une insertion dans une publication locale diffusĂ©e dans la Ă  l'article 40 de l'ordonnance n° 2021-1310 du 7 octobre 2021, ces dispositions entrent en vigueur le 1er juillet un dĂ©lai d'une semaine, la liste des dĂ©libĂ©rations examinĂ©es par le conseil municipal est affichĂ©e Ă  la mairie et mise en ligne sur le site internet de la commune, lorsqu'il Ă  l'article 40 de l'ordonnance n° 2021-1310 du 7 octobre 2021, ces dispositions entrent en vigueur le 1er juillet personne physique ou morale a le droit de demander communication des dĂ©libĂ©rations et des procĂšs-verbaux du conseil municipal, des budgets et des comptes de la commune et des arrĂȘtĂ©s peut les publier sous sa communication des documents mentionnĂ©s au premier alinĂ©a, qui peut ĂȘtre obtenue aussi bien du maire que des services dĂ©concentrĂ©s de l'Etat, intervient dans les conditions prĂ©vues par l'article L. 311-9 du code des relations entre le public et l' dispositions du prĂ©sent article s'appliquent aux Ă©tablissements publics administratifs des Ă  l'article 40 de l'ordonnance n° 2021-1310 du 7 octobre 2021, ces dispositions entrent en vigueur le 1er juillet 2022. Dans les communes de plus de 3 500 habitants, les conseillers n'appartenant pas Ă  la majoritĂ© municipale qui en font la demande peuvent disposer sans frais du prĂȘt d'un local commun. Un dĂ©cret d'application dĂ©termine les modalitĂ©s de cette mise Ă  les communes de 1 000 habitants et plus, lorsque des informations gĂ©nĂ©rales sur les rĂ©alisations et sur la gestion du conseil municipal sont diffusĂ©es par la commune, un espace est rĂ©servĂ© Ă  l'expression des conseillers Ă©lus sur une liste autre que celle ayant obtenu le plus de voix lors du dernier renouvellement du conseil municipal ou ayant dĂ©clarĂ© ne pas appartenir Ă  la majoritĂ© municipale. Les modalitĂ©s d'application du prĂ©sent article sont dĂ©finies par le rĂšglement intĂ©rieur du conseil dispositions s'appliquent Ă  compter du prochain renouvellement gĂ©nĂ©ral des conseils municipaux suivant la promulgation de la loi n° 2015-991 du 7 aoĂ»t - Dans les conseils municipaux des communes de plus de 100 000 habitants, le fonctionnement des groupes d'Ă©lus peut faire l'objet de dĂ©libĂ©rations sans que puissent ĂȘtre modifiĂ©es, Ă  cette occasion, les dĂ©cisions relatives au rĂ©gime indemnitaire des - Dans ces mĂȘmes conseils municipaux, les groupes d'Ă©lus se constituent par la remise au maire d'une dĂ©claration, signĂ©e de leurs membres, accompagnĂ©e de la liste de ceux-ci et de leur les conditions qu'il dĂ©finit, le conseil municipal peut affecter aux groupes d'Ă©lus, pour leur usage propre ou pour un usage commun, un local administratif, du matĂ©riel de bureau et prendre en charge leurs frais de documentation, de courrier et de maire peut, dans les conditions fixĂ©es par le conseil municipal et sur proposition des reprĂ©sentants de chaque groupe, affecter aux groupes d'Ă©lus une ou plusieurs personnes. Le conseil municipal ouvre au budget de la commune, sur un chapitre spĂ©cialement créé Ă  cet effet, les crĂ©dits nĂ©cessaires Ă  ces dĂ©penses, sans qu'ils puissent excĂ©der 30 % du montant total des indemnitĂ©s versĂ©es chaque annĂ©e aux membres du conseil municipal, charges sociales maire est l'ordonnateur des dĂ©penses responsable de chaque groupe d'Ă©lus dĂ©cide des conditions et des modalitĂ©s d'exĂ©cution du service confiĂ© que ces collaborateurs accomplissent auprĂšs de ces groupes au sein de l'organe en haut de la page
LavolontĂ© du conseiller municipal de dĂ©missionner de son mandat doit apparaĂźtre explicitement et clairement dans la lettre adressĂ©e au maire. De plus, aucune disposition, et aucun commentaire identifiĂ©, ne prescrit que le courrier de dĂ©mission doit ĂȘtre adressĂ© au prĂ©fet. Seule l’information de cette dĂ©mission, par le maire, est
Jeudi soir, des chaises ajoutĂ©es pour le public auguraient de la reprĂ©sentation donnĂ©e par le conseil municipal. C'est que depuis l'exclusion de Nadine Somon de la majoritĂ©, l'ambiance s'est tendue. En cette fin d'annĂ©e, le spectacle a tenu toutes ses promesses  une nouvelle dĂ©mission de conseiller et adjoint a mĂȘme Ă©tĂ© enregistrĂ©e, celle de Jean-Pierre Lefebvre, laissant sa place Ă  Orlando Silvestri. Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Pour lire la suite de cet article Abonnez-vous Ă  partir de 1€ Ă  notre offre numĂ©rique. Sans engagement de durĂ©e. ESSAYER POUR 1€ Vous ĂȘtes dĂ©jĂ  abonnĂ© ou inscrit ? Se connecter
Unan et trois mois. C'est le temps qu'aura tenu le conseil municipal d'Ermenonville avant d'exploser. Depuis les Ă©lections de mars 2014, six dĂ©missions ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© enregistrĂ©es ! Les Maires et Ă©lus de la majoritĂ© municipale peuvent ĂȘtre tentĂ©s de rĂ©unir des conseils municipaux Ă  huis clos, notamment lorsque les questions qui y sont dĂ©battues portent sur un sujet objet de polĂ©miques locales, ou pour Ă©viter des manifestations de dĂ©sapprobation, en cours de sĂ©ance. Une rĂ©ponse ministĂ©rielle rĂ©cente est venue nous Ă©clairer sur les conditions qui permettent la rĂ©union d’un conseil municipal Ă  huis-clos. RĂ©pondant Ă  la question d’un sĂ©nateur, la ministre de la cohĂ©sion des territoires et des relations avec les collectivitĂ©s territoriales a rĂ©cemment rappelĂ© les rĂšgles relatives aux conditions dans lesquelles un conseil municipal peut se rĂ©unir Ă  huis-clos [1]. Le sĂ©nateur interrogeait la ministre afin de savoir si le fait qu’un dossier soit l’objet de polĂ©miques locales suffit Ă  justifier une telle mesure de huis-clos. A cet Ă©gard, il est rappelĂ© qu’en droit, l’article L2121-18 du code gĂ©nĂ©ral des collectivitĂ©s territoriales dispose que Les sĂ©ances des conseils municipaux sont publiques. NĂ©anmoins, sur la demande de trois membres ou du maire, le conseil municipal peut dĂ©cider, sans dĂ©bat, Ă  la majoritĂ© absolue des membres prĂ©sents ou reprĂ©sentĂ©s, qu’il se rĂ©unit Ă  huis clos. Sans prĂ©judice des pouvoirs que le maire tient de l’article L2121-16, ces sĂ©ances peuvent ĂȘtre retransmises par les moyens de communication audiovisuelle ». Ainsi, si les sĂ©ances des conseils municipaux sont, par principe, publiques, des motifs d’ordre public ou de sĂ©curitĂ© peuvent justifier une rĂ©union Ă  huis-clos. Cette exception se justifie par la nĂ©cessitĂ© d’assurer la sĂ©rĂ©nitĂ© des dĂ©bats au sein du conseil municipal, les conseillers ne pouvant pas dĂ©libĂ©rer sous la pression excessive d’un public rĂ©uni pour l’occasion. En effet, dans certains cas, de vĂ©ritables risques d’intimidation pourraient se rĂ©vĂ©ler, portant atteinte Ă  la dĂ©mocratie locale, de sorte qu’il serait nĂ©cessaire que le conseil municipal se rĂ©unisse en l’absence de personnes extĂ©rieures. Toutefois, cette possibilitĂ© de rĂ©unir le conseil municipal Ă  huis-clos doit nĂ©cessairement ĂȘtre limitĂ©e, afin qu’elle ne soit pas utilisĂ©e par la majoritĂ© pour restreindre les droits des Ă©lus d’opposition, ni qu’elle empĂȘche les habitants d’assister Ă  certains dĂ©bats d’intĂ©rĂȘt local et, ainsi, d’exercer leur pouvoir de contrĂŽle du bon exercice de la dĂ©mocratie municipale. Le risque est, en effet, que la majoritĂ© municipale bĂąillonne » toute contestation, en dĂ©cidant la discussion Ă  huis-clos. Afin de limiter ce risque, cette prĂ©rogative accordĂ©e Ă  la majoritĂ© municipale de rĂ©unir le conseil municipal Ă  huis-clos est soumise au contrĂŽle de la juridiction administrative. Une telle dĂ©cision peut, ainsi, faire l’objet, de la part d’un conseiller municipal ou de tout habitant de la Commune, d’un recours contentieux, en excĂšs de pouvoir, exercĂ© devant le Tribunal administratif territorialement compĂ©tent. Saisi d’un tel recours, le juge administratif pourra contrĂŽler que la dĂ©cision de faire siĂ©ger le conseil municipal Ă  huis-clos n’est pas entachĂ©e d’une erreur manifeste d’apprĂ©ciation, voire d’un dĂ©tournement de pouvoir. Le Conseil d’Etat a, dans le cadre de ce contrĂŽle, pu confirmer la dĂ©cision d’une Cour administrative d’appel d’annuler une telle dĂ©cision, dans la mesure oĂč les raisons ayant motivĂ© la volontĂ© de la majoritĂ© municipale de rĂ©unir le conseil Ă  huis-clos n’étaient pas suffisamment sĂ©rieuses [2]. La jurisprudence estime en effet que la dĂ©cision de recourir au huis clos doit ĂȘtre justifiĂ©e par une nĂ©cessitĂ© d’ordre public, ou par le caractĂšre sensible de l’ordre du jour [3]. A dĂ©faut d’une telle justification, la mesure de huis-clos illĂ©galement dĂ©cidĂ© sera annulĂ©e, ce qui entraĂźnera, par ricochet, l’annulation des dĂ©libĂ©rations votĂ©es par le conseil municipal. En toute hypothĂšse, le Conseil d’Etat a jugĂ© que la circonstance qu’une sĂ©ance du conseil municipal se dĂ©roule Ă  huis clos ne dispense pas de l’obligation de mentionner au procĂšs-verbal de la sĂ©ance et au registre des dĂ©libĂ©rations du conseil municipal la nature de l’ensemble des questions abordĂ©es au cours de cette sĂ©ance [4]. Ce, afin de garantir, a minima, la publicitĂ© des questions dĂ©battues lors du conseil. Recommandez-vous cet article ? Donnez une note de 1 Ă  5 Ă  cet article L’avez-vous apprĂ©ciĂ© ? Notes de l'article [1] RĂ©p. Min, n°09979, JO SĂ©nat du 10 dĂ©cembre 2020, [2] CE, 19 mai 2004, Commune de Vincly, req. n°248577, PubliĂ© au Rec. CE. [3] TA Montpellier, 28 juin 2011, Mme Espeut, req. n°1002338. [4] CE, 27 avril 1994, Commune de RancĂ©, req. n°145597, mentionnĂ© aux T. du Rec. CE.
Soitles membres du conseil municipal se rĂ©unissent afin d’élire un nouvel adjoint, soit ils peuvent, par dĂ©libĂ©ration, rĂ©duire le nombre d’adjoints. Toutefois, si l’adjoint dĂ©missionne Ă©galement de son mandat de conseiller municipal, il faut diffĂ©rencier selon la taille de la commune : dans les communes de moins de 1 000 habitants, une Ă©lection partielle a lieu pour
Le dĂ©lai franc pour la convocation d’un conseil municipal est de trois jours francs pour les communes de moins de 3500 habitants et de cinq jours francs pour celles de 3500 habitants et plus, en application des articles et du Code gĂ©nĂ©ral des collectivitĂ©s territoriales. Pour que le dĂ©lai soit franc, celui-ci ne commence Ă  courir que le lendemain du jour oĂč la convocation est adressĂ©e aux conseillers et expire le lendemain du jour oĂč le dĂ©lai de trois ou cinq jours est Ă©chu. Selon la jurisprudence du Conseil d’Etat 13 octobre 1993, n°141677, l’article 642 du Code de procĂ©dure civile disposant que le dĂ©lai qui expirerait normalement un samedi, un dimanche ou un jour fĂ©riĂ© ou chĂŽmĂ© est prorogĂ© jusqu’au premier jour ouvrable suivant» ne s’applique pas au dĂ©lai de convocation du conseil municipal. La haute juridiction a ainsi admis que le dĂ©lai est respectĂ© alors mĂȘme qu’un samedi, un dimanche et un jour fĂ©riĂ© Ă©taient compris dans la pĂ©riode qui s’est Ă©coulĂ©e entre l’envoi de la convocation aux membres du conseil municipal et la sĂ©ance tenue par cette assemblĂ©e. Selon ce mĂȘme principe, il doit ĂȘtre considĂ©rĂ© que lorsque le dĂ©lai franc, c’est-Ă -dire trois ou cinq jours, comporte un jour fĂ©riĂ©, ce dĂ©lai n’est pas prorogĂ© d’un jour. Le jour fĂ©riĂ© n’est donc pas pris en compte dans la computation du dĂ©lai. Lecode gĂ©nĂ©ral des collectivitĂ©s territoriales prĂ©voit que le conseil municipal doit ĂȘtre complet pour procĂ©der Ă  l’élection du maire et des adjoints. Toutefois, dans le cas oĂč l’ensemble des siĂšges n’a pas Ă©tĂ© pourvu Ă  l’issue des Ă©lections municipales, y compris lorsque le nombre de conseillers municipaux est infĂ©rieur 13 novembre 2018 La lettre fut maturĂ©e pendant des mois
 Et je l’envoyai quand mon dĂ©part se fit imminent – au maire, avec ma dĂ©mission, puis aux conseillers quelques jours plus tard. Bonjour Ă  tous. AprĂšs mĂ»re rĂ©flexion, je viens d’envoyer ma dĂ©mission du conseil municipal [au maire]. Le temps qui manque est une des raisons qui me font quitter le conseil. Et si ce n’est pas toujours le temps matĂ©riel, c’est tout au moins la disponibilitĂ© d’esprit. Je n’ai jamais pu me faire Ă  l’idĂ©e de n’ĂȘtre investi qu’à moitiĂ© ou beaucoup moins. Je ne veux plus m’y rĂ©signer. Ce peu d’investissement est dĂ» aussi Ă  ce que ma grande apprĂ©hension des rapports humains m’a rendu difficile le contact avec vous tous dans des rĂ©unions souvent surchargĂ©es, parfois cacophoniques. Mais les principaux motifs de cette dĂ©cision concernent ma vie privĂ©e. Je m’absente par ailleurs au QuĂ©bec avec [mon Ă©pouse] de mi-novembre Ă  avril pour des raisons familiales et personnelles et je trouve que ce ne serait pas honnĂȘte vis-Ă -vis des Ă©lecteurs d’ĂȘtre absent de mon poste aussi longtemps et cela d’autant que j’ai dĂ©jĂ  ratĂ© trois conseils municipaux consĂ©cutifs cette annĂ©e. Et d’autant plus, qu’à mon retour, j’aurai beaucoup de travail Ă  rattraper sur ma ferme. NĂ©anmoins, je signale sans rancune que comme personne ne s’est inquiĂ©tĂ© de mon absence Ă  la rĂ©union de juin alors que je n’avais pas donnĂ© signe de vie pour rappel, je n’ai pas reçu la convocation, j’en ai tout naturellement dĂ©duit, en cohĂ©rence avec ce que j’écrivais plus haut, que je ne manquais Ă  personne, que mon absence Ă©tait naturelle »  Je vous souhaite bon courage pour la suite et fĂ©licite chacun pour son travail passĂ© et celui Ă  venir. Je regrette pour ma part la trop grande hiĂ©rarchie et le manque d’écoute qui rĂšgnent dans l’organisation et les Ă©changes au conseil, les rĂ©unions trop chargĂ©es, les ordres du jour laconiques et non documentĂ©s, mes nombreux messages restĂ©s sans rĂ©ponse
 Mais je conviens que je n’ai rien fait ou que peu pour faire entendre mon point de vue sur ces questions. Je n’ai donc rien Ă  vous reprocher. Cela alimente juste le constat que ma place n’est pas lĂ . Par contre je ne regrette pas l’expĂ©rience, ni de vous avoir un tout petit peu mieux connus. Je me permets de transmettre la charge des relations avec Orange fossoyeur de notre rĂ©seau tĂ©lĂ©phonique, si on laisse faire les choses [au deuxiĂšme adjoint], qui a dĂ©jĂ  traitĂ© plusieurs dossiers sur la question avec moi. [
] Quant au sujet des tĂ©lĂ©communications, internet compris, il me semble ĂȘtre des plus cruciaux qui soient plus mĂȘme que les routes, qui elles sont dĂ©jĂ  lĂ  et en bon Ă©tat gĂ©nĂ©ral et je fais le souhait qu’il reste dans les prioritĂ©s de votre Ă©quipe. Pour ma part, je continuerai, dĂšs mon retour du QuĂ©bec, Ă  ĂȘtre membre du Collectif TĂ©lĂ©phone Internet [local] qui fait un travail nĂ©cessaire, et je ferai volontiers le lien avec le conseil municipal par ailleurs, je reste Ă  votre disposition en cas de question sur le sujet ou d’un quelconque besoin d’aide selon moi, une politique municipale digne de ce nom devrait pouvoir impliquer ses citoyens, selon leur temps disponible et leurs capacitĂ©s. [
] Avec mon dĂ©part, je laisse aussi une place Ă  prendre au sein de la commission RuralitĂ©-Agriculture de l’Agglo. J’espĂšre que l’un-e d’entre vous s’en saisira car il me semble que c’est encore l’un des endroits oĂč l’on peut trouver certains leviers d’action
 [
] Je vous souhaite Ă  tous une fin de mandat la plus intĂ©ressante et constructive possible.
Siun siĂšge du conseil syndical, dans une copropriĂ©tĂ©, est vacant, pour diffĂ©rentes causes, comme par exemple, une dĂ©mission, il convient de procĂ©der Ă  l’élection d’un nouveau membre, sous certaines conditions.
Accueil Bruay-La BuissiĂšre Alors que dix Ă©lus ont dĂ©jĂ  claquĂ© la porte du conseil municipal de Calonne, ce qui implique de nouvelles Ă©lections la date doit ĂȘtre fixĂ©e par le prĂ©fet, une onziĂšme lettre de dĂ©mission est tombĂ©e. SĂ©verine Ferreira s’explique. Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Pour lire la suite de cet article Abonnez-vous Ă  partir de 1€ Ă  notre offre numĂ©rique. Sans engagement de durĂ©e. ESSAYER POUR 1€ Vous ĂȘtes dĂ©jĂ  abonnĂ© ou inscrit ? Se connecter L'info en continu 20h01 TV - Streaming TĂ©lĂ©matin Caroline Roux quitte l’émission et s’en explique 19h20 International Centrale nuclĂ©aire de Zaporijjia Biden, Macron, Scholz et Johnson appellent Ă  la retenue» 18h32 France Loire deux cyclistes en urgence absolue aprĂšs avoir Ă©tĂ© piquĂ©s une cinquantaine de fois par des frelons 18h23 France Euthanasie Line Renaud appelle dans une tribune Ă  la lĂ©galisation de l’aide active Ă  mourir» 18h06 Arrageois - Ternois Arras une jeune femme fait une chute de 6 mĂštres de haut du parking d’un centre commercial Toute l'info en continu >
Conformémentaux dispositions de l'article L. 2122-4 du code général des collectivités territoriales (CGCT), le maire et les adjoints sont élus par le conseil municipal, parmi ses membres, au
ï»żLe 3° de l’article L. 2122-8 du code gĂ©nĂ©ral des collectivitĂ©s territoriales CGCT prĂ©cise qu’avant la convocation des membres du conseil municipal en vue d’élire le maire, il est procĂ©dĂ© aux Ă©lections qui peuvent ĂȘtre nĂ©cessaires lorsque le conseil municipal est incomplet. » Le principe est donc qu’avant toute Ă©lection du maire, il doit ĂȘtre procĂ©dĂ© Ă  une Ă©lection partielle afin de complĂ©ter le conseil municipal s’il y a un ou plusieurs siĂšges vacants au sein de son effectif. Toutefois, cette obligation ne s’applique pas dans le cas oĂč l’élection du maire suit immĂ©diatement le renouvellement intĂ©gral du conseil municipal, comme l’a prĂ©cisĂ© le Conseil d’Etat dans son arrĂȘt du 19 janvier 1990 Commune du Moule n° 108778 et 109848. Il ressort en effet de cet arrĂȘt que lorsque l’élection du maire et des adjoints suit immĂ©diatement le renouvellement intĂ©gral du conseil municipal, il peut y ĂȘtre lĂ©galement procĂ©dĂ© alors mĂȘme que ledit conseil ne serait pas au complet. » Une seconde dĂ©rogation Ă  cette obligation est prĂ©vue par les dispositions de l’avant-dernier alinĂ©a de l’article L. 2122-8 prĂ©citĂ© quand, Ă  la suite d’élections complĂ©mentaires, de nouvelles vacances se produisent mais que le conseil municipal ne perd pas un tiers, ou plus, de ses membres. Dans les autres situations, il n’est pas possible de procĂ©der Ă  l’élection d’un nouveau maire, sans avoir prĂ©alablement complĂ©tĂ© le conseil municipal. Le caractĂšre complet ou non de l’assemblĂ©e s’apprĂ©cie Ă  la date de convocation des conseillers municipaux et non pas Ă  celle de la sĂ©ance au cours de laquelle il est procĂ©dĂ© Ă  l’élection de l’exĂ©cutif CE, 25 juillet 1986, Elections de Clichy, n° 67767. Il est donc toujours possible, dans une commune de moins de 1 000 habitants, de procĂ©der Ă  l’élection du maire alors mĂȘme qu’un tiers des conseillers municipaux auraient dĂ©missionnĂ© entre la date Ă  laquelle ils ont Ă©tĂ© convoquĂ©s et le jour de la sĂ©ance consacrĂ©e Ă  l’élection du maire. Lemaire et l’ensemble du conseil municipal ont dĂ©missionnĂ©, jeudi 15 juillet, lors d’une rĂ©union de travail Ă laquelle assistait le sous-prĂ©fet. Ceci met un terme Ă  une situation L’article L .273-5 du code Ă©lectoral dispose que nul ne peut ĂȘtre conseiller communautaire s'il n'est conseiller municipal ». Ainsi, la dĂ©mission d’un conseiller municipal entraine de fait la fin de son mandat intercommunal. Les modalitĂ©s pour pourvoir ce siĂšge communautaire devenu vacant dĂ©pendent dĂšs lors de la taille de la commune membre concernĂ©e - dans les communes de moins de 1000 habitants le remplacement est effectuĂ© en respectant l'ordre du tableau Ă©tabli Ă  la date oĂč la vacance de son siĂšge devient dĂ©finitive. Lorsqu’un Ă©lu cesse Ă  la fois ses fonctions d’adjoint municipal et de conseiller communautaire, l'ordre du tableau Ă  respecter est celui Ă©tabli Ă  la date de l'Ă©lection du nouvel adjoint. A noter qu’à l’occasion de l'Ă©lection d’un nouveau maire, le mandat de l’ensemble des conseillers communautaires de la commune prend fin et de nouvelles dĂ©signations doivent avoir lieu. L. 273-11 et suivants - dans les communes de 1000 habitants et plus, le siĂšge vacant est pourvu par le candidat de mĂȘme sexe Ă©lu conseiller municipal ou suivant sur la liste des candidats aux siĂšges de conseiller communautaire sur laquelle le conseiller Ă  remplacer a Ă©tĂ© Ă©lu. L. 273-10 GOH2D.
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  • combien de dĂ©mission pour revoter un conseil municipal