Renseignementspratiques : Samedi 26 septembre 2020. ReprĂ©sentation Ă  20h30. DurĂ©e de la piĂšce : 1h. Lieu : Salle du MUNSTERHOF ‱ 9 rue des juifs ‱ 67000 Strasbourg. ArrĂȘt de tram : RĂ©publique. Prix des places :
4 DĂšs l’ñge de douze ans Françoise aimait Ă©crire des piĂšces de théùtre . Il s’agissait alors de drames historiques dont les dĂ©nouements Ă©taient tragiques Ă  souhait . Quinze ans plus tard l’inspiration de l’auteur Ă©tait trĂšs diffĂ©rente . Dans sa premiĂšre comĂ©die, Ă©crite simplement pour distraire ses amis, il Ă©tait question d’un frĂšre et d’une sƓur , cf elle et Jacques , confrontĂ©s Ă  une aventure 
 laquelle restait Ă  inventer . Prise par l’écriture de son nouveau roman Dans un mois, dans un jour, Françoise abandonna son manuscrit . Une trentaine de pages de dialogue traĂźnaient donc dans un tiroir, quand Jacques Brenner, rĂ©dacteur en chef de la revue Le Cahier des Saisons demanda un article Ă  Françoise . Prise au dĂ©pourvu, elle envoya ce dĂ©but de manuscrit qui fut publiĂ© . AndrĂ© Barsacq, directeur du théùtre de l’Atelier en prit connaissance, s’enthousiasma et proposa de monter la piĂšce une fois terminĂ©e . Françoise s’exila en Suisse et dans un chalet perdu dans la neige se mit sĂ©rieusement au travail . En trois semaines, aprĂšs de nombreux Ă©changes de coups de tĂ©lĂ©phone avec Barsacq, le mot fin s’inscrivait au bas de la derniĂšre rĂ©plique du ChĂąteau en SuĂšde, qui fut mis immĂ©diatement en rĂ©pĂ©titions . Collections Françoise prit un grand plaisir au montage du spectacle J’allais plusieurs fois aux rĂ©pĂ©titions, tous les jours d’ailleurs Ă  la fin, fascinĂ©e que j’étais d’entendre mes mots, mes rĂ©flexions ou mes rĂ©pliques dites par des voix humaines 
 Je regardais, Ă©merveillĂ©e, ces gens que je ne connaissais pas, qui ne me devaient rien et qui pour moi se pliaient aux caprices de mon imagination et je leur en avais une grande gratitude » . 1 Ces acteurs pour lesquels l’auteur avait tant de reconnaissance s’appelaient Claude Rich, Françoise Brion, Philippe Noiret, Annie NoĂ«l 
 Ils avaient son Ăąge et beaucoup de talent . Un courant amical passait entre l’auteur et ses interprĂštes . Si l’un d’eux butait sur une rĂ©plique, Françoise s’en prenait Ă  elle-mĂȘme et s’empressait de changer son texte . Lors d’une interview, elle insista sur le fait que les personnages devaient se poser des questions graves d’importance, mais en se jouant la comĂ©die » . 2. ChĂąteau en SuĂšde Le programme Nicole Brion, Claude Rich, Philippe noiret et Annie NoĂ«l Collections voir l'intĂ©gralitĂ© du programme Le 4 mars 1960, une reprĂ©sentation d’avant-premiĂšre fut achetĂ©e par un groupement de fonctionnaires de l’Éducation Nationale, tous des professeurs. Françoise Ă©tait morte de trac . Elle assista au spectacle cachĂ©e au fond d’une loge d’avant - scĂšne et, juste avant la fin du spectacle, s’enfuit au cafĂ© de la place Dancourt . Elle fut rejointe par certains spectateurs qui, paraissant enchantĂ©s, s’entretenaient sur cette jeune et brillante romanciĂšre qui en plus savait Ă©crire des piĂšces ! » . Le lendemain, en prĂ©sence des auteurs Jean Anouilh, Jean Cocteau, Jean-Paul Sartre, etc 
 la RĂ©pĂ©tition GĂ©nĂ©rale fut un triomphe. À l’instar de François Mauriac, tous jugĂšrent la piĂšce belle, gaie et, mieux que cela, grave » . ChĂąteau en SuĂšde Dessin de Sennep Collections En 1960, le prĂ©sident de l’Association de la RĂ©gie Théùtrale d’alors, Jacques - Louis AntĂ©riou, dĂ©cida de crĂ©er Le Prix du Brigadier 3 destinĂ© Ă  rĂ©compenser le meilleur spectacle de l’annĂ©e . Cet honneur revint Ă  Françoise Sagan qui en devint la premiĂšre laurĂ©ate . En 1963, Roger Vadim tourna une adaptation cinĂ©matographique de ChĂąteau en SuĂšde, dialogues de l’auteur, avec Curt Jurgens, Monica Vtti, Jean-Claude Brialy, Jean-Louis Trintignant et Suzanne Flon . En France, la vie continuait . Dans les annĂ©es 60, la guerre d’AlgĂ©rie bĂątait son plein. Françoise n’était pas indiffĂ©rente aux Ă©vĂšnements Sans ĂȘtre franchement politisĂ©e, son coeur penchait Ă  gauche . Sa devise Chacun fait comme il veut montrait Ă  quel point elle respectait les dĂ©cisions d’autrui . Avec son amie Florence Malraux, elles signĂšrent le Manifeste des 121 une dĂ©claration sur le droit de l’insoumission concernant les adversaires de la guerre d’AlgĂ©rie . Ce document paraphĂ© essentiellement par des auteurs dramatiques, des comĂ©diens, des romanciers, etc
 fit grand bruit et dĂ©clencha des reprĂ©sailles de la part du mouvement À dĂ©faut de s’en prendre directement Ă  Françoise Sagan - elle dĂ©mĂ©nageait trop souvent toute personne autre que ses intimes n’aurait su oĂč la trouver - , ce fut l’appartement de XVIIĂšme arrondissement de M. et Mme Quoirez qui fut plastiquĂ©, le 23 aoĂ»t 1961 . Cela ne dĂ©couragea pas Françoise lors des Ă©vĂšnements de mai 1968, elle se rendra Ă  la Sorbonne pour soutenir le mouvement des Ă©tudiants contestataires . Elle en gardera un souvenir inoubliable Quand je pense Ă  1968, c’était formidable . Une libertĂ© comme on n’en a pas connu » et , en 1971, elle signera le Manifeste des 343 en faveur du droits Ă  l’avortement de la femme . Au dĂ©but de l’annĂ©e 1961, lors d’une rencontre imprĂ©vue chez son coiffeur, Françoise Sagan fit la connaissance de Marie Bell, somptueuse tragĂ©dienne, sociĂ©taire honoraire de la ComĂ©die-Française et l’actuelle directrice du Théùtre du Gymnase . Les deux femmes sympathisĂšrent et Marie Bell proposa Ă  Françoise d’ Ă©crire une piĂšce Ă  son intention . Un mois plus tard le manuscrit de Les Violons parfois 
 Ă©taient achevĂ© . L’action se passait dans un milieu trĂšs bourgeois de Poitiers. Charlotte, demi mondaine sur le retour, espĂ©rait ravir l’hĂ©ritage de son ancien protecteur Ă  un jeune cousin naĂŻf et bon garçon . Pour se faire elle pensait le sĂ©duire mais 
 telle prise qui voulait prendre, elle tomba sous le charme du jeune homme . Françoise assista Ă  toutes les rĂ©pĂ©titions qui durĂšrent trois mois . Elle prenait des notes sans oser contrarier le metteur en scĂšne anglais JĂ©rome Kilty, lui mĂȘme fort impressionnĂ© par la prĂ©sence imposante de sa principale interprĂšte . Politiciens, acteurs, Ă©crivains, gens du monde, le Tout-Paris assista Ă  la premiĂšre reprĂ©sentation Edgar Faure, RenĂ© Meyer, Michel Simon, MĂ©lina Mercouri qu’accompagnait Jules Dassin, Anthony Perkins, Marie-Laure de Noailles, Guy de Rothschild, Marie-Louise Bousquet, Joseph Kessel, RenĂ© Clair 
 Ils Ă©taient tous lĂ  . On ne pouvait parler d’enthousiasme 
 À l’entr’acte, on prĂ©tendait attendre la fin de la piĂšce pour se dĂ©clarer . Lors des derniers saluts, Marie Bell fut Ă©videmment trĂšs applaudie, mais la critique pour l’ouvrage fut divisĂ©e . Pour certains Le thĂšme de la piĂšce est celui des ravages de la puretĂ© dans un monde pourri. Il n’est pas d’une originalitĂ© extrĂȘme » 4 ou bien Un conte de fĂ©e pour vieux enfants, une romance pour accordĂ©on, une petite musique de nuit, Ă  la mĂ©lodie feutrĂ©e. Tels sont ces Violons parfois 
 » 5 mais d’autres applaudissaient J’aime cette piĂšce, ce spectacle 
 Ce n’est pas un spectacle pour les snobs 
 » . 6 Au théùtre du Gymnase Les Violons parfois ... Ă©taient jouĂ©s en alternance avec Adieu Prudence, un succĂšs du duo Pierre Barrillet et Jean-Pierre GrĂ©dy, de sorte que, reprĂ©sentĂ©e dix-sept fois seulement, la piĂšce resta Ă  l’affiche de longs mois . Au cours de l’automne 1961, Françoise fit la connaissance d’un jeune amĂ©ricain de trente et un ans, natif du Minnesota, Bob Wisthoff . Il Ă©tait beau, intelligent, spirituel, il aimait la vie . À seize ans il avait falsifiĂ© ses papiers d’identitĂ© pour partir Ă  la guerre du Vietnam . Puis, aprĂšs s’ĂȘtre dĂ©sengagĂ© de l’armĂ©e amĂ©ricaine, il avait suivi les cours de l’école des beaux-Arts de Mexico et Ă©tait devenu, grĂące Ă  son Ă©lĂ©gance naturelle, un des premiers modĂšles masculins amĂ©ricains . À Paris, il s’était installĂ© dans un atelier d’artiste Ă  Montmartre et s’adonnait Ă  la cĂ©ramique . Françoise et Bob tombĂšrent amoureux et leur mariage eut lieu le 14 janvier 1962 . De cette union naĂźtra un petit garçon, Denis Françoise Ă©tait une jeune mĂšre comblĂ©e Quand il est nĂ© et que l’on me l’a mis dans les bras, Ă  la premiĂšre minute, il s’est passĂ© un phĂ©nomĂšne purement physiologique que les hommes sont incapables de connaĂźtre . J’ai eu une impression d’extravagante euphorie » . 7 Bob Wishoff, Françoise Sagan et leur fils, Denis Collections photo Paris-Match Mais la jeune femme, jalouse de son indĂ©pendance, choisit de divorcer en mars 1963 . Les anciens Ă©poux resteront trĂšs proches l’un de l’autre . Il leur arrivera de cohabiter jusqu’à ce que, huit ans plus tard, la mort de Bob les sĂ©pare . Parfois, il survient un miracle dans la vie d’un auteur celui d’écrire une piĂšce pour un acteur sans le savoir, sans penser Ă  lui. C’est ce qui arriva pour La Robe mauve de Valentine, la troisiĂšme piĂšce de Françoise Sagan, reprĂ©sentĂ©e au Théùtre des Ambassadeurs Ă  partir du 14 dĂ©cembre 1963 . EngagĂ©e pour le rĂŽle principal, Danielle Darrieux fut le personnage idĂ©al . DĂšs la premiĂšre rĂ©pĂ©tition Françoise Sagan et Yves Robert, le metteur en scĂšne, tombĂšrent sous le charme de leur interprĂšte . Ils n’avaient rien Ă  expliquer Ă  la comĂ©dienne, rien Ă  reprendre, rien Ă  suggĂ©rer, Danielle Darrieux Ă©tait Valentine soi–mĂȘme . Les deux mois de montage se passĂšrent dans l’enthousiasme et la bonne humeur . Le mari de la comĂ©dienne, le producteur Georges Mitsinkides, et Bob Wisthoff devinrent de grands amis . Le quatuor ne se quittait plus . La Robe mauve de Valentine Danielle Darrieux fonds Georges Herbert Collections photo DR Le soir de la rĂ©pĂ©tition gĂ©nĂ©rale, ce fut un triomphe. Danielle Darrieux avait son fan-club des acteurs avec lesquels, pour la plupart, elle avait jouĂ© la comĂ©die ou tournĂ© des films Jean Gabin, AndrĂ© Luguet, Micheline Presle, Arletty, Pierre Fresnay, Jean-Claude Brialy, sans compter Louis Aragon et Elsa Triolet, Jean Sablon, Francis Poulenc 
 Tout ce beau monde applaudit Ă  tout rompre quand , Ă  la fin du spectacle, apparurent en scĂšne, se tenant par la main, la comĂ©dienne et son jeune auteur . La piĂšce Ă©tait programmĂ©e pour une Ă©ternitĂ©. Malheureusement, le 17 avril 1964, Danielle Darrieux fut transportĂ©e d’urgence Ă  l’hĂŽpital amĂ©ricain pour y ĂȘtre opĂ©rĂ©e d’une pĂ©ritonite et ne put reprendre son rĂŽle qu’à la rentrĂ©e . DĂ©sormais, envoĂ»tĂ©e par la scĂšne ... Il faut ĂȘtre amoureux du théùtre pour le comprendre . Le charme des rĂ©pĂ©titions cette odeur du bois fraichement dĂ©coupĂ© que dĂ©gagent les dĂ©cors, la pagaille des derniers moments, l’excitation, la fureur, l’optimisme, le dĂ©sespoir, tout cela a Ă©tĂ© assez souvent dĂ©crit par tout un chacun pour que je n’y ajoute pas un iota », 8 Françoise n’attendit pas la fin des reprĂ©sentations de La Robe mauve de Valentine pour se remettre Ă  l’écriture . Cette fois, l’histoire se passait Ă  Saint Petersbourg en 1890 . RuinĂ© par le jeu et fou de jalousie, un prince russe se trouvait confrontĂ© Ă  un jeune dĂ©sespĂ©rĂ© qui, voulant se faire tuer, lui avouait ĂȘtre l’amant de sa femme . Le titre de sa nouvelle piĂšce Le Bonheur impair et passe 
 Ă©tait Ă  lui seul tout un programme. L’ouvrage fut retenu par Claude GĂ©nia, directrice du théùtre Edouard VII pour ĂȘtre affichĂ© le 12 fĂ©vrier 1964 . Françoise Sagan refusa le metteur en scĂšne Pierre Peyroux, assistant de Raymond Rouleau . Elle dĂ©cida d’assumer, elle-mĂȘme, le montage de sa piĂšce, se rĂ©fĂ©rant Ă  Jean Anouilh qui n’avait nul besoin d’intermĂ©diaire pour prĂ©senter ses Ɠuvres . Françoise choisit la distribution qu’elle jugea idĂ©ale puisqu’à l’exception d’Alice CocĂ©a, dont ce serait le dernier rĂŽle, elle n’ engagea que des amis, Juliette GrĂ©co, Jean-Louis Trintignant, Daniel GĂ©lin et Michel de RĂ© . Or si Jean Anouilh avait une autoritĂ© certaine sur ses comĂ©diens, Françoise n’en avait aucune . TrĂšs vite les rĂ©pĂ©tions tournĂšrent Ă  la pagaille, au chahut, Ă  la rigolade . Pour ne rien arranger, le théùtre Edouard VII Ă©tait flanquĂ© Ă  droite du bar du Cyros et de l’autre cĂŽtĂ© d’un restaurant russe . Ces deux Ă©tablissements devinrent trĂšs vite des annexes du plateau Au bout d’un certain temps de rĂ©pĂ©tition, tout le monde disait Assez travailler, si on allait prendre un verre ! » 9 et on se remontait le moral Ă  coups de vodka . Michel de RĂ©, Françoise Sagan Jean-Louis Trintignant, Daniel GĂ©lin et Juliette GrĂ©co Collections photo Sous un premier titre Amour impair et passe la piĂšce fut prĂ©sentĂ©e en avant - premiĂšre au Théùtre de GenĂšve le 15 janvier . La critique ne fut guĂšre encourageante Le temps passe lentement, au moins le spectateur a-t-il la consolation d’entendre parler de choses agrĂ©ables et de s’ennuyer sans vulgaritĂ© » . 10 Bonheur, impair et passe Jean-Louis Trintignant et Michel de RĂ© Collections photo Elle De retour Ă  Paris, Françoise changea sur l’affiche le mot Amour » en Bonheur » . Apparemment cela ne n’amĂ©liora pas le sort de la piĂšce . Alors que l’on Ă©tait Ă  quelques jours de la PremiĂšre reprĂ©sentation, Juliette GrĂ©co, qui rĂ©pĂ©tait par ailleurs pour le Gala des Artistes, se foula le pied . En outre, la veille du grand jour, une de ces personnes dont on ne savait pas ce qu’elle faisait dans la salle, dĂ©clara tout de go, que l’on n’entendait mal les comĂ©diens . Françoise s’affola et travailla toute la nuit avec l’ingĂ©nieur du son . Le lendemain, les hauts parleurs ne cessĂšrent de siffler pendant toute la reprĂ©sentation . Les trois-quarts du temps, les comĂ©diens Ă©taient inaudibles . Juliette GrĂ©co et Françoise Sagan Collections photo Paris-Match En dĂ©pit d’une Ă©pidĂ©mie de grippe, une partie du Tout Paris, encore sous le charme de La Robe mauve de Valentine, s’était dĂ©placĂ©e . Les invitĂ©s sortirent du théùtre en hochant la tĂȘte ou en se bouchant les oreilles . Les critiques furent franchement sĂ©vĂšres J’en veux Ă  Françoise Sagan d’avoir gĂąchĂ© ce beau sujet. Elle a bĂąclĂ© sa piĂšce en paresseuse qui pense Ă  autre chose
 », 11 J’ai rarement vu piĂšce plus mal mise en scĂšne . Ne parlons pas du fait que l’on n’entend pas les comĂ©diens et qu’on ne comprend pas ceux qu’on entend . Ce fut un festival de bredouillage et de rĂ©pliques superposĂ©es » . 12 Certains nĂ©anmoins pardonneront Ă  l’auteur Françoise est trĂšs intelligente, Elle ne s’est pas braquĂ©e . Elle reconnaĂźt qu’elle a ratĂ© son coup . Sportivement elle fait appel Ă  quelqu’un d’autre pour remettre un peu d’ordre dans sa piĂšce » . 13 Ce quelqu’un d’autre Ă©tait le jeune metteur en scĂšne, Claude RĂ©gy . Il tenta de limiter les dĂ©gĂąts . En dĂ©pit d’une presse dĂ©testable, le public se montra relativement satisfait . Ce ne fut pas un triomphe mais Bonheur Impair et Passe fĂȘta la centiĂšme reprĂ©sentation devant des salles pleines . Et Françoise conclua lors d’une interview J’aime le théùtre parce que c’est une partie de poker . On ne sait jamais si l’on gagnera » . 14 Le temps de publier son sixiĂšme roman La Chamade et, Françoise, son chien Werther Ă  ses pieds et son chat auprĂšs de sa machine Ă  Ă©crire , entreprit un nouveau manuscrit Le Cheval Ă©vanoui . La piĂšce terminĂ©e, elle la fit lire Ă  Marie Bell dont elle Ă©tait devenue trĂšs amie en dĂ©pit des Violons parfois ... qui n’avaient pas connu le succĂšs espĂ©rĂ© . La directrice du Gymnase s’enthousiasma pour la piĂšce et dĂ©cida de la monter dans une mise en scĂšne de Jacques Charon, sociĂ©taire de la ComĂ©die-Française . Homme de grande prĂ©cision, il refit retravailler Françoise sur son texte Ma piĂšce Ă©tait mal construite. Il me l’a dit, 
, ses arguments Ă©taient intelligents et logiques, j’ai tout recommencĂ© sur ses indications et en un mois, il a aimĂ© » . 15. OubliĂ© le cafouillage du montage du Bonheur, impair et passe . Le Cheval Ă©vanoui Jacques Charon Dessin de Dorini programme original Collections voir l'intĂ©gralitĂ© du programme L’action se passait en chez un lord anglais, un mondain dĂ©sabusĂ©, un personnage Ă  la Oscar Wilde . Il fallut Ă  Françoise beaucoup de talent pour que, dĂ©marrant comme un vaudeville, la piĂšce puisse bifurquer vers la comĂ©die lĂ©gĂšre, grĂące Ă  cet humour anglais qu’elle sut transmettre Ă  ces personnages . Telles Ă©taient les rĂ©pliques On ne se fatigue pas de quelqu’un, en fait, on se fatigue d’aimer . D’éprouver de l’amour . On veut bien avoir froid si le chauffage saute, mais on ne veut plus avoir mal si le coeur en fait autant . Cela s’appelle l’expĂ©rience » ou bien On se rend compte qu’il faut ĂȘtre libre de tout pour ĂȘtre libre de soi. Et qu’il ne faut rien supporter, jamais, que la passion ; parce que, justement, elle n’est pas rassurante » . Collections La piĂšce Ă©tant un peu courte, Françoise Sagan Ă©crivit en quelques jours, un lever de rideau L’Écharde . Il s’agissait d’une vieille actrice mythomane qui, dans une maison de famille, tentait de sĂ©duire un jeune garçon d’étage . Il Ă©tait dommage que ce petit acte fut considĂ©rĂ© comme une pochade improvisĂ©e et sans intĂ©rĂȘt, car Le Cheval Ă©vanoui remporta tout les suffrages . Les critiques et les spectateurs n’hĂ©sitĂšrent parler d’une vĂ©ritable rĂ©ussite . Cette fois-ci, Marie Bell pouvait se rĂ©jouir d’avoir fait confiance au talent de sa jeune amie . Quant Ă  Françoise elle avoue volontiers son amour pour le théùtre Ce que j’aime dans le théùtre, ce sont les coulisses, le temps des rĂ©pĂ©titions, tout le jeu qu’il suppose, le grand sĂ©rieux des acteurs qui vous interrogent Quand j’ouvre la porte qu’est-ce que je pense ? » 
 la façon qu’ils ont de trouver une autre vĂ©ritĂ© que celle a laquelle on a pensĂ© en Ă©crivant . C’est le folklore du théùtre qui me plaĂźt, le mĂ©lo des soirs de GĂ©nĂ©rale, la souffleuse qui vous embrasse en pleurant ! Soudain, dans cette excitation Ă  rĂ©aliser l’importance de l’enjeu pour tout le monde, on est pris de vertige » .16 1 Avec mon meilleur souvenir Françoise Sagan Ă©dition Gallimard 2005 2 L’HumanitĂ© 7 mars 1960 3 Au Théùtre, on appelle Brigadier le bĂąton qui servait Ă  frapper les trois coups avant les levers de rideau 4 La revue de Paris Thierry Maulnier 5 L’Aurore Gustave Joly 11 dĂ©cembre 1961 6 Les Lettres Françaises Elsa Triolet 14 dĂ©cembre 1961 7 Françoise Sagan, ma mĂšre Denis Westhoff, Ă©ditions Flammarion 2012 8 Avec mon meilleur souvenir Françoise Sagan Ă©ditions Gallimard 2005 9 Françoise Sagan, ma mĂšre Denis Westhoff Ă©ditions Flammarion 2012 10 Le Journal de GenĂšve 17 janvier 1964 11 France-Soir Jean Dutourd 18 janvier 1964 12 Le Figaro Jean-Jacques Gautier 18 janvier 1964 13 Paris-Presse -L’Intran X
 22 janvier 1964 14 France-Soir 24 dĂ©cembre 1965 15 Arts 7 septembre 1966 16 L’Avant-ScĂšne 15 juin 1967 Haut de page
Stanley une piĂšce qui se regarde un peu jouer elle-mĂȘme. Encore une fois, CĂ©dric Chapuis nous Ă©tonne par sa prouesse scĂ©nique. Capable d’endosser avec brio l’ensemble de ces personnages, il leur donne corps avec une sincĂ©ritĂ© bouleversante. AccompagnĂ© par Margot Mouth interprĂ©tant son mĂ©decin, ils forment ensemble un duo plutĂŽt
Wajdi Mouawad est un personnage important dans le monde du théùtre quĂ©bĂ©cois contemporain. Traitant, entre autres, de la question des origines, du cycle de la haine et de la violence inhĂ©rente Ă  la guerre ainsi que du pouvoir de la connaissance, la piĂšce Incendies, sortie en 2003, deuxiĂšme volet de la tĂ©tralogie Le Sang des promesses, a connu un succĂšs international. Incendies est donc une piĂšce importante dans le paysage du théùtre de l’extrĂȘme contemporain. C’est pourquoi nous avons dĂ©cidĂ© de nous intĂ©resser de plus prĂšs Ă  cette piĂšce. Wadji Mouawad Wajdi Mouawad est dramaturge et metteur en scĂšne quĂ©bĂ©cois[1]. NĂ© au Liban le 16 octobre 1968 Coissard, p. 11, il devient enfant-soldat trĂšs jeune Coissard, p. 12. Il reste Ă  la solde des miliciens jusqu’à ses huit ans, moment oĂč ses parents dĂ©cident de quitter le pays. Ils s’établissent alors en France. En 1983, lorsque Mouawad a 15 ans, la famille quitte la France pour le QuĂ©bec. Au QuĂ©bec, Mouawad obtient son diplĂŽme de l’École Nationale de Théùtre du Canada en 1991. AprĂšs sa sortie de l’école, il cofonde le Théùtre Ô Parleur avec Isabelle Leblanc et dĂ©bute immĂ©diatement sa carriĂšre de metteur en scĂšne avec deux piĂšces Ă©crites par son frĂšre, soit Al Malja en 1991 et L’Exil en 1992 Coissard, p. 12-13. De cette Ă©poque Ă  aujourd’hui, Mouawad monte une foule de piĂšces de genres variĂ©s, dont des piĂšces qu’il a Ă©crites lui-mĂȘme Coissard, p. 14. DĂšs 1991, il met en scĂšne un texte Ă  lui, soit Partie de cache-cache entre deux TchĂ©coslovaques au dĂ©but du siĂšcle Coissard, p. 14-15. MOUAWAD, Wajdi, Incendies Le sang des promesses, 2, MontrĂ©al, LemĂ©ac/Actes Sud, coll. Babel », 2011. Cependant, Mouawad est principalement connu pour sa tĂ©tralogie théùtrale Le Sang des promesses. Ainsi, c’est en 1997 avec Littoral, premiĂšre piĂšce de sa tĂ©tralogie Coissard, p. 7, qu’il acquiert la reconnaissance de la critique et du public ainsi qu’une renommĂ©e internationale Coissard, p. 15. Cela lui permet de retourner en France dans le cadre de la prĂ©sentation de sa piĂšce. Incendies, la deuxiĂšme piĂšce du Sang des promesses, sort le 14 mars 2003 au théùtre Hexagone et est publiĂ©e la mĂȘme annĂ©e aux Ă©ditions LemĂ©ac/Actes Sud Coissard, p. 7. La piĂšce obtient un immense succĂšs et est adaptĂ©e en russe en 2007 au théùtre Et cetera Ă  Moscou Coissard, p. 15. En 2009, soit trois ans aprĂšs la sortie de ForĂȘts, le troisiĂšme volet de la tĂ©tralogie Coissard, p. 7, le metteur en scĂšne retourne pour une derniĂšre fois Ă  l’univers du Sang des promesses en concevant une nouvelle version de Littoral et en crĂ©ant Ciels, le quatriĂšme et ultime volet Coissard, p. 15. La mĂȘme annĂ©e, Incendies est rééditĂ©e dans la collection de poche Babel Coissard, p. 7. En 2010, Denis Villeneuve adapte la piĂšce au cinĂ©ma sous le mĂȘme titre[2]. Le film est prĂ©sentĂ© pour la premiĂšre fois Ă  la 67e Mostra de Venise et est nominĂ© aux Oscars dans la catĂ©gorie du meilleur film en langue Ă©trangĂšre. De plus, il remporte neuf prix Ă  la 13e cĂ©rĂ©monie des Jutra. PrĂ©sentation d’Incendies GenĂšse de l’Ɠuvre Dans la postface de l’édition de Babel parue en 2009, on apprend qu’à l’origine de la piĂšce Incendies il y a la prison Khiam[3]. Au dĂ©but de l’annĂ©e 2001, Mouawad invite JosĂ©e Lambert Ă  un lundiduda », des reprĂ©sentations organisĂ©es chaque mois au théùtre de Quat’Sous par Mouawad lui-mĂȘme p. 137. Photographe engagĂ©e, Lambert, au cours d’un voyage au Liban en 1995, prend en photo la prison de Khiam. Au lundiduda, Lambert raconte l’histoire de la prison Ă  Mouawad, qui n’en avait jamais entendu parler. Il s’agit d’une ancienne caserne française convertie en base de l’armĂ©e, puis en prison en 1985 p. 138. Au cours de la guerre, des milliers de Libanais et de Palestiniens sont emprisonnĂ©s de maniĂšre arbitraire. Ce n’est qu’en 2000 que la prison est finalement abandonnĂ©e, lorsqu’IsraĂ«l se retire du Liban p. 138-139. Au fil de son rĂ©cit, Lambert en vient Ă  raconter l’histoire de Souha Bechara, emprisonnĂ©e Ă  Khiam pour avoir tirĂ©e deux balles sur Antoine Lahad, le chef de l’ArmĂ©e du Liban-Sud ALS p. 139. À la suite de sa rencontre avec JosĂ©e Lambert, Mouawad se plonge dans l’histoire du Liban p. 143. Au fil de ses recherches, il dĂ©couvre les films documentaires de Randa Chahal Sabbag, une Libanaise vivant Ă  Paris qui s’intĂ©resse Ă  la guerre civile au Liban. Plus prĂ©cisĂ©ment, l’un de ces documentaires, intitulĂ© Souha, survivre Ă  l’enfer, s’attarde, comme le titre l’indique, Ă  la rĂ©sistante libanaise Souha Bechara. Mouawad Ă©crit alors Ă  Sabbag et celle-ci lui fait parvenir une copie du film p. 144. En dĂ©couvrant Souha Bechara, Mouawad se dit qu’elle est ce qu’il aurait pu ĂȘtre s’il Ă©tait restĂ© au Liban, qu’il pourrait ĂȘtre son jumeau p. 145. Il se rend alors Ă  Paris pour rencontrer Sabbag, oĂč cette derniĂšre lui propose une rencontre avec Souha Bechara. Quand Mouawad se retrouve en prĂ©sence de Bechara, il n’a pas encore lu son livre RĂ©sistante qui dĂ©taille son expĂ©rience p. 149. Il mentionne Ă  la rĂ©sistante qu’il ignorait tout de Khiam avant tout rĂ©cemment et qu’il a Ă©tĂ© choquĂ© d’apprendre que les bourreaux de Khiam vivaient au Canada aujourd’hui. Il parle aussi de l’histoire qui lui est venue de tout cela l’histoire d’une jeune fille amoureuse qui tombe enceinte et Ă  qui on enlĂšve son enfant p. 150. Cette jeune fille quitte son village, s’instruit, et devient journaliste. Quand la guerre Ă©clate, elle se joint Ă  la rĂ©sistance. Lors d’une opĂ©ration, elle est capturĂ©e et enfermĂ©e. Quand les autres se font torturĂ©s, elle chante, et obtient alors le surnom de la femme qui chante. En prison, elle est violĂ©e plusieurs fois, tombe enceinte et accouche d’une fille. Quand elle est libĂ©rĂ©e, elle quitte le pays avec son enfant. Plus tard, elle apprend que son violeur est le fils qu’elle cherchait. Quand elle l’apprend, elle cesse de parler. C’est en quittant Bechara que Mouawad se dit qu’il serait intĂ©ressant pour la rĂ©sistante d’avoir des jumeaux plutĂŽt qu’une fille p. 151. Ici, ceux qui ont lu Incendies reconnaĂźtront facilement les germes de ce qu’allait devenir la piĂšce. On comprend ainsi que la rencontre de Mouawad avec JosĂ©e Lambert, puis avec Souha Bechara, a Ă©tĂ© une grande inspiration. RĂ©sumĂ© de la piĂšce MOUAWAD, Wajdi, Incendies Le sang des promesses, 2, nouvelle Ă©dition, MontrĂ©al, LemĂ©ac/Actes Sud, coll. Acte Sud Papiers », 2009. Quand Nawal Marwan meurt, Hermile Lebel, son ami, notaire et exĂ©cuteur testamentaire, prĂ©sente son testament Ă  ses enfants, les jumeaux Jeanne et Simon Marwan. Selon les derniĂšres volontĂ©s de Nawal, une enveloppe est confiĂ©e Ă  chacun d’eux. Jeanne doit remettre la sienne Ă  leur pĂšre inconnu; Simon doit remettre la sienne Ă  leur frĂšre dont ils ignoraient jusqu’alors l’existence. Tandis que Simon refuse d’abord de se prĂȘter au jeu, Jeanne, elle, part en quĂȘte de ses origines au Liban. LĂ -bas, au fil des rencontres, elle apprend que sa mĂšre a Ă©tĂ© emprisonnĂ©e Ă  la prison de Kfar Rayat par le passĂ©, qu’elle Ă©tait connue sous le nom de la femme qui chante » et que son pĂšre n’est nul autre qu’Abou Tarek, le gardien de la prison qui a violĂ© sa mĂšre. AprĂšs cette dĂ©couverte, Simon part finalement en quĂȘte de leur frĂšre, accompagnĂ© d’Hermile Lebel. Sa quĂȘte le mĂšne auprĂšs d’un individu nommĂ© Chamseddine, qui lui rĂ©vĂšle que leur frĂšre, Nihad Harmanni, n’est pas l’enfant nĂ© du viol de Nawal par Abou Tarek, que c’est Jeanne et lui qui le sont. Il apprend qu’ils ont Ă©tĂ© d’abord recueilli par Chamseddine lui-mĂȘme, qui les a appelĂ© Janaane et Sarwane, et que Nihad, leur frĂšre, est aussi Abou Tarek, leur pĂšre. La vĂ©ritĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e, les jumeaux s’acquittent de leur derniĂšre tĂąche, remettant les deux lettres Ă  Nihad/Abou Tarek. Enfin, Hermile Lebel, sous les instructions de Nawal, leur remet une lettre de la part de leur mĂšre, qu’ils lisent. Personnages Incendies comporte un total de 15 personnages, dont trois personnages piliers Nawal, Jeanne et Simon, trois personnages secondaires importants Hermile Lebel, Sawda et Nihad Harmanni/Abou Tarek et neuf personnages que l’on dira transitoires ». Nous nous attarderons davantage aux personnages centraux. Les autres personnages seront mentionnĂ©s ou dĂ©crits par rapport Ă  la relation qu’ils entretiennent avec les personnages piliers. Nawal Marwan Nawal Marwan est le personnage central par excellence, car toute l’intrigue s’articule autour d’elle, aussi bien dans le passĂ© que dans le prĂ©sent. Nawal naĂźt au Liban. À l’adolescence, elle entretient une relation amoureuse avec Wahab et tombe enceinte. Jihane, sa mĂšre, refuse qu’elle garde l’enfant et elle est donc forcĂ©e de le donner Ă  sa naissance. Peu de temps aprĂšs, Nazira, sa grand-mĂšre, meurt, mais pas avant de lui prodiguer des conseils. Bien qu’elle apparaisse dans peu de scĂšnes, Nazira a une influence fondamentale sur l’avenir de Nawal. C’est en effet sur son conseil que celle-ci apprend Ă  lire et Ă  Ă©crire, entre autres pour pouvoir graver le nom de sa grand-mĂšre sur sa tombe, mais aussi pour rompre le cycle de la violence et de la haine par la connaissance. AprĂšs avoir gravĂ© le nom de sa grand-mĂšre, Nawal part Ă  la recherche de son fils, accompagnĂ©e de Sawda. En chemin, elle Ă©duque la jeune femme et devient son amie. Elle est finalement enfermĂ©e Ă  la prison de Kfar Rayat pour le meurtre du chef des milices, oĂč elle devient la femme qui chante », en mĂ©moire de Sawda qui chantait tout le temps. Elle est violĂ©e par le gardien de prison Abou Tarek, qu’elle ignore alors ĂȘtre son fils, et tombe enceinte de Jeanne et Simon. Elle accouche en prison. Plus tard, aprĂšs la guerre, les jumeaux sous sa garde, elle dĂ©couvre en suivant le procĂšs d’Abou Tarek que son violeur est aussi son fils perdu, ce qui la plonge dans le silence. Au dĂ©but de la piĂšce, Nawal vient juste de mourir. Elle a nommĂ© Hermile Lebel comme exĂ©cuteur testamentaire et confie aux jumeaux, Ă  travers son testament, une ultime quĂȘte. Jeanne Marwan Jeanne Marwan, fille de Nawal et sƓur jumelle de Simon, enseigne les mathĂ©matiques, et plus prĂ©cisĂ©ment la thĂ©orie des graphes, Ă  l’universitĂ© oĂč elle prĂ©pare son doctorat. Elle est trĂšs affectĂ©e par la mort de sa mĂšre et dĂ©cide rapidement de partir Ă  la recherche de son pĂšre et en quĂȘte de ses origines. Au fil de son parcours, Jeanne croise plusieurs personnages. D’abord, il y a Antoine, l’infirmier qui s’occupait de Nawal Ă  la fin de sa vie et celui qui a entendu ses derniers mots. AprĂšs la mort de Nawal, il va travailler pour un théùtre. Quand Jeanne vient le voir, il l’aide du mieux qu’il peut pour orienter ses recherches et lui remet les enregistrements qu’il a faits du silence de sa mĂšre. Jeanne rencontre ensuite Abdessamad, qui vient du mĂȘme village que Nawal. Ensuite, il y a Mansour, le guide de la prison de Kfar Rayat transformĂ©e en musĂ©e. Il la met sur la piste de Fahim, ancien gardien de la prison, reconverti en concierge. Il a Ă©tĂ© Ă©pargnĂ© aprĂšs la guerre quand on a appris ce qu’il avait fait pour la femme qui chante. Quand celle-ci a accouchĂ©, plutĂŽt que de noyer son enfant il croit qu’il n’y en a qu’un seul comme il le faisait pour les autres, il le remet Ă  un paysan du nom de Malak. Malak, bien qu’il n’apparaisse que dans une seule scĂšne, joue un rĂŽle pivot. En effet, c’est lui qui apprend Ă  Jeanne que l’ancien gardien de prison n’a pas sauvĂ© un seul bĂ©bĂ©, son frĂšre inconnu, mais deux bĂ©bĂ©s, soit Simon et elle, qu’il a nommĂ© Janaane et Sarwane. Il s’agit donc du personnage apprenant Ă  Jeanne l’identitĂ© de son pĂšre, soit Abou Tarek, celui qui dirigeait la prison oĂč sa mĂšre Ă©tait retenue. Simon Marwan Simon Marwan, fils de Nawal et frĂšre jumeau de Jeanne, est un boxeur qui cherche Ă  en faire une carriĂšre professionnelle. Il en veut Ă  sa mĂšre pour avoir sombrĂ© dans le silence et refuse d’abord d’aller Ă  la recherche de son frĂšre. Finalement, aprĂšs avoir lu le tĂ©moignage de sa mĂšre dans le cahier rouge, Simon dĂ©cide de se lancer, aidĂ© d’Hermile Lebel. Hermile Lebel est le notaire et ami de Nawal, qui l’a dĂ©signĂ© comme exĂ©cuteur testamentaire. Il est trĂšs affectĂ© par sa mort et est bien dĂ©cidĂ© Ă  faire respecter ses derniĂšres volontĂ©s. Dans la piĂšce, il est mentionnĂ© qu’il a rĂ©cemment changĂ© de bureau. À noter, ce personnage permet l’introduction d’une touche d’humour dans la piĂšce, entre autres par le dĂ©tournement d’expressions communes. Au terme de sa quĂȘte, Simon rencontre Chamseddine, le chef de la rĂ©sistance du Sud. Tout comme pour Nazira ou Malak, ce personnage, bien que peu prĂ©sent physiquement », joue un rĂŽle clĂ© dans la piĂšce, puisque c’est lui qui rĂ©vĂšle Ă  Simon que son frĂšre perdu, Nihad Harmanni, est Ă©galement son pĂšre, Abou Tarek. Nihad Harmanni / Abou Tarek Le lecteur ou spectateur en vient donc Ă  concilier les deux hommes qui ne font qu’un. Nihad Harmanni, nommĂ© ainsi par ses parents adoptifs Roger et Souhayla Harmanni, devient tireur d’élite sous les ordres de Chamseddine. Il prend ensuite la route du Nord pour retrouver sa mĂšre, mais faute de succĂšs, est recrutĂ© par l’armĂ©e Ă©trangĂšre oĂč il devient un tireur d’élite cruel, qui prend en photo ses victimes et qui se fait des faux spectacles dans un pseudo-anglais. Quand il est promu au poste de chef de la prison, Nihad devient Abou Tarek. FascinĂ© par la femme qui chante, il se garde de la tuer et la viole Ă  rĂ©pĂ©tition. À son procĂšs, il Ă©voque le petit nez de clown, seule chose qui lui reste de sa mĂšre, et c’est ainsi que Nawal, suivant les procĂ©dures, apprend que son violeur est aussi le fils qu’elle a tant cherchĂ©, car elle avait laissĂ© Ă  ce dernier un petit nez de clown. Analyse dramaturgique Notre analyse portera sur les Ă©lĂ©ments dramaturgiques de la piĂšce qui appartiennent au courant de l’extrĂȘme contemporain. Nous sommes toutefois conscient qu’Incendies peut avoir des affinitĂ©s avec certains autres courants comme la postmodernitĂ© ou le théùtre d’Artaud. Nous avons ici fait le choix de nous concentrer sur son appartenance Ă  l’extrĂȘme contemporain. Pour ĂȘtre plus prĂ©cis, notre analyse s’articulera autour de quatre caractĂ©ristiques de l’extrĂȘme contemporain se retrouvant dans la piĂšce de Wajdi Mouawad le retour du rĂ©cit et du personnage, le refus de la catharsis, le rĂŽle central du traitement de la langue et l’éclatement du temps et de l’espace. Retour du rĂ©cit et du personnage Avec l’extrĂȘme contemporain, on assiste Ă  un retour du personnage et du rĂ©cit, lesquels avaient Ă©tĂ© dĂ©laissĂ©s au cours de la postmodernitĂ©. En ce qui concerne le personnage, cela signifie qu’il est de nouveau dotĂ© d’une Ă©paisseur psychologique. Ainsi, chaque personnage a sa personnalitĂ© propre; le personnage n’est plus interchangeable. Dans Incendies, on diffĂ©rencie effectivement les personnages les uns des autres. Mouawad va mĂȘme plus loin dans le dĂ©veloppement de ses personnages principaux, puisqu’il s’intĂ©resse Ă  la quĂȘte des origines de Jeanne et Simon et au parcours de vie de Nawal. Pour ce qui est du retour du rĂ©cit, on mentionnera simplement que la piĂšce rompt avec la postmodernitĂ© par le simple fait qu’elle raconte une histoire, ce qui la classe dans l’extrĂȘme contemporain. Ce qui caractĂ©rise normalement le rĂ©cit de l’extrĂȘme contemporain, c’est l’absence d’une fin bien dĂ©finie, l’histoire Ă©tant plutĂŽt laissĂ©e en suspens pour que le spectateur soit libre de formuler sa propre fin. Toutefois, Incendies s’éloigne de l’extrĂȘme contemporain en offrant une clĂŽture plutĂŽt conventionnelle, puisque la piĂšce s’achĂšve sur la fin du parcours initiatique des jumeaux et que ces derniers ont obtenu les rĂ©ponses Ă  leurs questions relativement Ă  leur origine. Refus de la catharsis Dans le théùtre de l’extrĂȘme contemporain, qui est pourtant parfois trĂšs violent, la catharsis n’opĂšre pas. C’est parce que la catharsis nĂ©cessite la reprĂ©sentation claire d’une figure du bien » et d’une figure du mal ». Dans le théùtre traditionnel, le spectateur peut facilement identifier le hĂ©ros du mĂ©chant, si bien qu’il peut aisĂ©ment reconnaĂźtre l’exemple Ă  ne pas suivre, ce qui est nĂ©cessaire pour que la catharsis fonctionne. Cependant, dans le théùtre de l’extrĂȘme contemporain, il est impossible de distinguer un hĂ©ros ou un mĂ©chant au sens habituel, car l’extrĂȘme contemporain porte l’idĂ©e que tout le monde est Ă  la fois bourreau et victime. Incendies illustre bien cette idĂ©e, puisqu’elle nous prĂ©sente plusieurs personnages apparemment rangĂ©s » dans le prĂ©sent, mais qui ont Ă©tĂ© coupables d’atrocitĂ©s par le passĂ©. On pensera notamment Ă  Fahim et Chamseddine. Quant Ă  Nihad/Abou Tarek, s’il est devenu cruel, on apprend toutefois que ce sont les circonstances de la vie qu’il a menĂ© aprĂšs que Nawal ait Ă©tĂ© forcĂ©e de l’abandonner qui l’ont rendu comme il est, si bien qu’on ne peut le voir simplement comme un vilain. D’autre part, l’idĂ©e que tout le monde est victime et bourreau est bien reprĂ©sentĂ©e dans la piĂšce par la formulation du cycle de la violence Ă  la scĂšne 17 p. 60-64, oĂč un mĂ©decin explique Ă  Nawal et Sawda que depuis des annĂ©es et des annĂ©es, un camp commet des atrocitĂ©s pour se venger des atrocitĂ©s commises par l’autre camp qui se vengeait lui-mĂȘme et ainsi de suite. Ici, ils sont donc tous bourreaux et victimes. Et c’est parce que tout le monde dans Incendies est bourreau et victime, que personne n’est bon » ou mauvais » au sens traditionnel du terme et que la catharsis n’opĂšre pas dans la piĂšce. RĂŽle central du traitement de la langue La langue du théùtre de l’extrĂȘme contemporain ne se veut pas rĂ©aliste, c’est-Ă -dire qu’elle ne cherche pas Ă  imiter la rĂ©alitĂ©. Il s’agit plutĂŽt d’une langue particuliĂšrement travaillĂ©e, qui est sculptĂ©e, poĂ©tique, théùtrale. Notamment, Incendies comporte plusieurs longues tirades et longs monologues tĂ©moignant de la primautĂ© du texte. Une autre caractĂ©ristique relativement au travail de la langue de l’extrĂȘme contemporain est l’emploi de tous les registres langagiers et de diffĂ©rentes langues. Dans la piĂšce, Mouawad Ă©crit tantĂŽt en français quĂ©bĂ©cois familier – qui inclut des insultes proprement quĂ©bĂ©coises – tantĂŽt dans un français standard soutenu. La scĂšne 2 p. 15-26 de la piĂšce met bien en Ă©vidence ce contraste, prĂ©sentant d’abord le testament de Nawal rĂ©digĂ© dans un parfait français, puis la tirade de Simon, qui parle dans un français quĂ©bĂ©cois populaire parsemĂ© de jurons. De mĂȘme, l’anglais et le français se cĂŽtoient dans le texte. L’exemple le plus marquant est la scĂšne 33 intitulĂ©e Les principes d’un franc-tireur » p. 115-116, oĂč Nihad/Abou Tarek imite un prĂ©sentateur amĂ©ricain dans un anglais approximatif contaminĂ© par le français. Toutefois, c’est gĂ©nĂ©ralement l’anglais qui vient contaminer le français, puisque le français quĂ©bĂ©cois, parlĂ© par les personnages de Jeanne et Simon, est naturellement Ă©maillĂ© d’anglicismes. Enfin, le travail de la langue se manifeste aussi dans Incendies d’une maniĂšre qui lui est propre Ă  travers le personnage d’Hermile Lebel, notamment par sa dĂ©formation des expressions courantes. DĂšs la premiĂšre page du texte, plutĂŽt que de dire la mer Ă  boire », il dit la mer Ă  voir » p. 13. Ainsi, Mouawad, grĂące Ă  ce personnage, peut non seulement jouer avec la langue Ă  loisir, mais peut Ă©galement insĂ©rer une touche d’humour dans un rĂ©cit autrement trĂšs grave. Éclatement de l’espace et du temps Incendies, dans la lignĂ©e de l’extrĂȘme contemporain, prĂ©sente un espace Ă©clatĂ©, c’est-Ă -dire que le lecteur/spectateur ne sait pas trĂšs bien oĂč se dĂ©roule l’action. Cet effet d’abstraction est notamment créé par une absence de nomination. Ainsi, jamais les pays ne sont nommĂ©s p. 151. Le Liban, par exemple, n’est jamais mentionnĂ© textuellement p. 153. On l’appelle plutĂŽt “le pays natal”, “le pays”, “le pays de votre mĂšre” », etc. De plus, la description du pays en elle-mĂȘme est trĂšs abstraite, puisqu’on situe les lieux en fonction des points cardinaux. Par exemple, NabatiyĂ© est simplement un village sur la route allant vers le Sud. Il faut noter que l’abstraction est maintenue mĂȘme si l’auteur Ă©voque quelques noms de lieux rĂ©els comme NabatiyĂ© et Kfar Matra, car il le fait en sachant qu’il Ă©crit pour un public quĂ©bĂ©cois n’ayant aucune connaissance de la gĂ©ographie libanaise p. 153-154. Il s’agit donc plus de clins d’Ɠil que d’autre chose. Enfin, on remarquera qu’aucune appartenance nationale ou religieuse n’est nommĂ©e directement dans le texte. On se contente de les dĂ©signer de maniĂšre gĂ©nĂ©rique par les rĂ©fugiĂ©s », les miliciens », la rĂ©sistance de la rĂ©gion de Sud » et l’ArmĂ©e du Sud » p. 154, ce qui contribue Ă  l’abstraction gĂ©nĂ©rale. L’espace n’est pas la seule chose qui soit Ă©clatĂ©e dans Incendies, le temps l’est aussi. D’abord, le temps est Ă©clatĂ© dans le sens qu’il ne s’écoule pas de façon linĂ©aire. Ainsi, on ignore sur combien de temps s’échelonne l’histoire et on ne sait pas combien de temps s’écoule entre les diffĂ©rentes scĂšnes. De mĂȘme, il faut mentionner que la chronologie globale de l’histoire ne correspond pas Ă  celle de la guerre du Liban p. 155. De plus, Mouawad brouille encore un peu plus les repĂšres temporels en Ă©vitant de fournir des dates prĂ©cises p. 156. Le temps de la piĂšce est donc un temps dilatĂ©, Ă  la signification symbolique p. 157, tel qu’illustrĂ© par des repĂšres temporels abstraits comme Nous sommes au dĂ©but de la guerre de cent ans » p. 76. Enfin, Mouawad achĂšve d’éclater le temps en entremĂȘlant les Ă©poques, alternant le rĂ©cit de Nawal au passĂ© et le rĂ©cit des jumeaux au prĂ©sent. Allant encore plus loin, il fait parfois se rencontrer les deux Ă©poques dans une mĂȘme scĂšne. Par exemple, dans la scĂšne 14 FrĂšre et sƓur » p. 53-57, non seulement on alterne entre Nawal/Sawda et Jeanne/Simon, mais Nawal et Sawda croisent Jeanne sur scĂšne. Jugement gĂ©nĂ©ral Selon nous, Incendies est l’une des meilleures piĂšces d’extrĂȘme contemporain des derniĂšres annĂ©es, car Wadji Mouawad parvient Ă  tirer le maximum des procĂ©dĂ©s propres Ă  l’extrĂȘme contemporain, notamment en ce qui concerne l’éclatement de l’espace et du temps et le travail de la langue. Ainsi, le dramaturge mĂ©lange habilement passĂ© et prĂ©sent, toujours de maniĂšre Ă  apporter une plus grande profondeur symbolique, sans que les transitions soient abruptes. Quant Ă  la langue, non seulement Mouawad offre un texte bien rythmĂ© et trĂšs poĂ©tique, mais il exploite aussi pleinement le potentiel que lui offre un milieu comme le QuĂ©bec, une province bilingue qui parle un français fortement influencĂ© par l’anglais. Mouawad n’hĂ©site donc pas Ă  utiliser tout le matĂ©riel langagier Ă  sa disposition pour rendre son texte efficace, combinant français standard, français quĂ©bĂ©cois, anglais, langue populaire et langue soutenue selon l’agencement le plus harmonieux. Se procurer Incendies [1] Françoise Coissard, Wajdi Mouawad Incendies, Paris, HonorĂ© Campion, collection Entre les lignes littĂ©ratures Sud », 2014, p. 7. DĂ©sormais, les rĂ©fĂ©rences Ă  ce texte seront indiquĂ©es entre parenthĂšses Ă  la suite des citations, avec la mention Coissard ». [2] AllocinĂ©, Incendies », page consultĂ©e le 12 septembre 2018. [3] Wajdi Mouawad, Incendies – Le sang des promesses 2, MontrĂ©al, LemĂ©ac/Actes Sud, coll. Babel », 2011, p. 136. DĂ©sormais, les rĂ©fĂ©rences Ă  ce texte seront indiquĂ©es entre parenthĂšses avec le numĂ©ro de page pertinent.
VirginieHocq et Zinedine Soualem forment un couple diaboliquement drĂŽle dans cette comĂ©die grinçante d'Emmanuel Robert Espalieu. Mise en scĂšne Johanna BoyĂ© La Dame Blanche Théùtre du Palais Royal Du mercredi au samedi Ă  21h, samedi 16h30 et dimanche 17h Au théùtre, vous n’aviez jamais eu peur
 jusqu’à maintenant ». Le teaser de la piĂšce annonçait dĂ©jĂ  sa couleur sombre et ses airs de Souviens-toi l’étĂ© dernier . Au théùtre du Palais Royal, des dĂ©mons vĂȘtus de haillons hantent les couloirs. La piĂšce n’a pas encore commencĂ© que d’étranges femmes au visage rappelant Lord Voldemort effraient les premiers spectateurs. Le rideau se lĂšve, des draps blancs s’envolent sur le sifflement strident du vent. L’histoire Malo Arthur Jugnot est gendarme dans un patelin breton, il est amoureux d’Alice Anais Delva, une jolie et jeune peintre fraĂźchement propriĂ©taire d’une vieille bĂątisse dans les terres de la rĂ©gion. Mais Malo est mariĂ© Ă  CĂ©line, qu’il n’arrive pas Ă  quitter parce qu’elle est enceinte et amoureuse. Un soir, il raccompagne Alice en voiture, et quelque part dans les bois, il la renverse accidentellement et la tue
 Alice viendra hanter ses jours et ses nuits, Ă  la recherche d’un amour perdu qui lui a coĂ»tĂ© la vie. Nous allons nous amuser Ă  vous faire peur. Comme quand on Ă©tait petit et qu’on se cachait sous la couette pour Ă©couter une histoire de grand mĂ©chant loup.” D’une lĂ©gende urbaine familiĂšre et rĂ©chauffĂ©e, les dĂ©sormais insĂ©parables SĂ©bastien Azzopardi et Sacha Danino ont fait naĂźtre un du théùtre. A mi-chemin entre le cinĂ©ma Ă  l’amĂ©ricaine et la tragi-comĂ©die, La Dame Blanche n’a pas d’équivalent sur les planches. Effets spĂ©ciaux et dĂ©cors lugubres sont au rendez-vous de cette soirĂ©e angoissante. C’était risquĂ©, mais cela fonctionne bien on a peur mais on rit du comique de situation parfois au 10Ăšme degrĂ©. Car le dĂ©calage et l’humour sont aussi au rendez-vous le public est lui-mĂȘme totalement acteur de sa piĂšce. De chalutiers en colĂšre contre la police en toxicos dans un squat ou en fanatiques prostrĂ©s devant un dolmen surnaturel, les spectateurs revĂȘtent leurs plus beaux costumes de sit-in scĂ©nique. La salle devient scĂšne et les comĂ©diens vont jusqu’à hurler et organiser une course poursuite entre les siĂšges du théùtre. CĂŽtĂ© jeu d’acteur, pas une erreur de casting Arthur Jugnot et AnaĂŻs Delva sont exceptionnels, MichĂšle Garcia la vieille et BenoĂźt Tachoire Victor se surpassent dans leurs rĂŽles de campagnards psychopathes, Emma Brazeilles ChloĂ© la toxico et Rosalie la gendarme valse Ă  merveille entre ses deux personnages et SĂ©bastien Pierre Alex, flic et meilleur ami de Malo est Ă  mourir de rire dans son clichĂ© du gendarme. Un seul bĂ©mol Ă  cette belle rĂ©ussite théùtrale le rĂŽle de CĂ©line la femme enceinte de Maro, jouĂ©e par RĂ©jane Lefoul est un peu fade et son ventre un peu trop gros quand mĂȘme ! et manque de profondeur on ne s’y attache pas. En dĂ©finitive, La Dame Blanche est une expĂ©rience Ă  vivre pour tous amateurs de théùtre ou novices des planches. Âmes sensibles s’abstenir, vous risquez de ne pas dormir tranquille. [youtube AURESTAU THÉÂTRE, 14 rue Garnier , 49100 Angers. Une piĂšce Ă  mourir (littĂ©ralement) de rire : C'Ă©tait quand la derniĂšre fois. « S’empoisonner la vie ». VoilĂ  une expression qu’un couple aime employer dĂšs que le quotidien le confronte Ă  ses petits tracas. Seulement un soir, qui paraissait un soir comme tous ceux de sa petite vie Forum / BĂ©bĂ©s Elle est rentrĂ©e du théùtre Ă  23 h et a complĂ©tement zappĂ©. D'habitude, elle lui mets une piĂšce et un p'tit mot pour remercier le bonhomme de sa fait comment pour rattraper le coup Votre navigateur ne peut pas afficher ce tag vidĂ©o. Elle s'excuseen disant qu'il y avait vraiment beaucoup d'enfants qui ont perdu leur dent hier !!! J'aime Elle n'a pas le droit aux rttla petite souris? Si elle passe la nuit prochaine, cet oubli sera vite rattrapĂ©, don't worry!!! J'aime merci elle va essayer de se faire pardonner J'aime Ton avatar Mieux que le prĂ©cĂ©dent en effet J'aime Elle se concentre ouelle met une alarme sur son portable 8 ans et demi, il ne croit plus au pĂ©re Noel mais visiblement, encore Ă  la p'tite souris J'aime Vous ne trouvez pas votre rĂ©ponse ? Ça m'est arrivĂ© il y a 3 joursavec la derniĂšre dent de ma grande j'ai complĂštement a une petite boite qu'elle glisse sous l'oreiller Ă  chaque fois avec sa nouvelle dent Ă  moi, pleine de bonne foi, je lui ai dit le matin, devant ses yeux tristes"il fallait les mettre vers le bord de l'oreiller, et pas en plein milieu, avec ta tĂȘte dessus qui bloque le passage,comment veux tu qu'elle passe " J'aime En rĂ©ponse Ă  flo88232421 Ça m'est arrivĂ© il y a 3 joursavec la derniĂšre dent de ma grande j'ai complĂštement a une petite boite qu'elle glisse sous l'oreiller Ă  chaque fois avec sa nouvelle dent Ă  moi, pleine de bonne foi, je lui ai dit le matin, devant ses yeux tristes"il fallait les mettre vers le bord de l'oreiller, et pas en plein milieu, avec ta tĂȘte dessus qui bloque le passage,comment veux tu qu'elle passe " J'aime Bah elle passera cette nuitPour mettre deux piĂšce ou un joli billet J'aime Hihihi......tu m'as fait trop rire!!! j'adore!sarajevo J'aime Discussions du mĂȘme auteur
LaderniĂšre fois Rien de mieux pour se dĂ©barrasser d'un souci que d… La critique de la rĂ©daction : 4/10. Vraiment lourde cette comĂ©die. DĂšs la premiĂšre scĂšne, la femme avoue Ă 
Virginie Hocq et Zinedine Soualem dans A La Bonne Heure ! 010403 Les people de la semaine - Edouard Dutour 000606 le vrai ou faux de Vitginie Hocq et ZinĂ©dine Soualem 000423 Le Test Ă  l'aveugle de Patrice Carmouze 000932 L'interro Mailhot - RĂ©gis Mailhot 000622 L'intĂ©grale Virginie Hocq et ZinĂ©dine Soualem 005607 Dans C'Ă©tait quand la derniĂšre fois ?, la nouvelle piĂšce d'Emmanuel Robert-Espalieu, Virginie Hocq et Zinedine Soualem forment un couple diaboliquement drĂŽle. Toute leur folie, leur inventivitĂ©, leur virtuositĂ© d’acteur est mise au service de la comĂ©die. Ainsi, ils donnent vie Ă  deux personnages qui brillent par leurs failles, leurs fragilitĂ©s, leurs maladresses, Ă  la fois drĂŽles et attachants. La piĂšce se joue actuellement au Théùtre Tristan-Bernard Ă  Paris. "C'Ă©tait quand la derniĂšre fois ?" d'Emmanuel Robert-Espalieu, avec Virginie Hocq et Zinedine Soualem CrĂ©dit L'histoire La derniĂšre fois qu’ils se sont aimĂ©s, ils Ă©taient encore vivants
 Quoi de plus efficace pour rĂ©gler un problĂšme que de s’en dĂ©barrasser de maniĂšre dĂ©finitive ? Un soir, comme tous les soirs de sa petite vie bien ordonnĂ©e, une femme va commettre le pire l’indicible et inavouable acte d’empoisonner son mari. RĂ©gis Mailhot en spectacle avec "Citoyen""Citoyen, la libertĂ© d’expression c’est aussi pour les pigeons." RĂ©gis Mailhot est un esprit libre et il le revendique. À une Ă©poque oĂč l’humour est devenu un acte de dĂ©linquance. Une Ă©poque oĂč on nous explique comment vivre, quoi penser, qui brĂ»ler et honnir... Il est temps de prendre du recul. DĂ©couvrez un Citoyen qui a pris le "Parti d’en rire". DerniĂšres salves pour RĂ©gis Mailhot qui sera notamment le - 26 Janvier Ă  MaiziĂšres-les-Metz- 27 Janvier Ă  Nancy- 17 Mars Ă  Claye-Souilly- 17 Mars Ă  Plougonvelin- 23 Mars Ă  Marseille RĂ©servez vite vos places ! StĂ©phane Bern et ses chroniqueursAujourd'hui, StĂ©phane Bern retrouve son Ă©quipe de chroniqueurs Edouard Dutour, Eric Dussart, RĂ©gis Mailhot. et Patrice Carmouze. L’actualitĂ© par la rĂ©daction de RTL dans votre boĂźte mail. GrĂące Ă  votre compte RTL abonnez-vous Ă  la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualitĂ© au quotidien S’abonner Ă  la Newsletter RTL Info
Cétait quand la derniÚre fois à Angers. Du 1er décembre 2022 au 3 décembre 2022. à 19h15. Au Restau-Théùtre. Le casting de ma vie à Angers. Du 8 décembre 2022 au 10 décembre 2022 . à 19h15. Au Restau-Théùtre. Very Brad Pitt à
NOTE D’INTENTION C’est étrange de se sentir à la fois fort et au bord du gouffre. C’est ce que j’éprouve, et j’ignore laquelle de ces deux impressions est fausse ni l’une ni l’autre probablement. » Samuel Beckett, lettre à Pamela Mitchell Encore Beckett. Tant qu’il reste en lui des choses que je ne comprends pas, qui me sont obscures, étrangères, je crois que je peux le mettre en scène. Après Cap au pire. Après la dernière bande. Après L’image et Words and Music, Fin de partie donc la grande pièce de Beckett, sa préférée, celle qu’on n’ose pas aborder sans un certain bagage. Plus aboutie que Godot, moins rabâchée aussi peut- être. Se dire je vais monter Fin de partie, c’est un peu comme se dire je vais monter Hamlet Excitant et effrayant. Les métaphores maritimes abondent chez Beckett, l’Irlandais. Et j’ai en abordant Fin de partie, le sentiment d’accoster sur une île après avoir longtemps voyagé, avec mes précédentes mises en scène, sur une mer déconcertante, tantôt calme tantôt en furie. J’ai fait le voyage à l’envers commençant par l’un des derniers textes Cap au pire pour arriver à Fin de partie, que Beckett écrivit juste avant la Dernière bande. Après des années d’errance, Beckett est devenu un écrivain reconnu. Molloy a été publié. En attendant Godot a connu un succès international. Aborder Fin de partie, c’est me poser la question du théâtre, retrouver le théâtre, après m’être centré sur les mots et la musicalité Tout à coup, il faut voir les choses en grand. Quatre comédiens sur scène et un décor. Je retrouve l’excitation d’une première fois, la magie enfantine des trois coups et du théâtre de Guignol. Il y a de cela dans le début de Fin de partie Clov tirant les rideaux et soulevant les draps qui recouvrent Hamm et les poubelles de Nell et Nagg. C’est comme un petit théâtre, une scène qui tous les soirs commence et tous les soirs se termine, indéfiniment. Je n’ai pas envie d’exégèse et d’interprétations. Juste le plaisir des gestes et des mots. Regarder Denis Lavant et Frédéric Leidgens il faut de grands acteurs pour jouer Beckett, Clov et Hamm, le fils adoptif et le père ou le maître et le domestique On a pu dire que l’un incarnait le corps quand l’autre était l’âme, que l’un était James Joyce quand l’autre était Beckett, mais cela importe-t- il ?. Clov, bouge tout le temps et parle peu. Hamm est immobile et volubile. L’un est aveugle et paralytique, l’autre boiteux. Clov prend soin de Hamm. Hamm a autrefois pris soin de Clov. À moins que ce ne soit l’inverse. Ils passent leur temps à se chercher sans se trouver. Ils ne peuvent se détacher l’un de l’autre. La plus grande peur du tyrannique Hamm est que Clov le quitte. Clov exécute les ordres, parle de partir sans qu’on sache s’il passera à l’acte. On ne sait pas ce que pense Clov. Clov est une tombe. Avec eux, vivent, chacun dans une poubelle, Nagg et Nell, les parents de Hamm. Ils sont à la fin de leur vie mais pas encore morts. Parfois ils parlent et ce qu’ils ont à dire est beau et d’une tristesse infinie Qui appelais-tu, quand tu étais tout petit et avais peur, dans la nuit ? Ta mère? Non. Moi. On te laissait crier. Puis on t’éloigna, pour pouvoir dormir. Un temps. Je dormais, j’étais comme un roi, et tu m’as fait réveiller pour que je t’écoute. Ce n’était pas indispensable, tu n’avais pas vraiment besoin que je t’écoute. D’ailleurs je ne t’ai pas écouté. Un temps. J’espère que le jour viendra où tu auras vraiment besoin que je t’écoute, et besoin d’entendre ma voix, une voix. Un temps. Oui, j’espère que je vivrai jusque-là, pour t’entendre m’appeler comme lorsque tu étais tout petit, et avais peur, dans la nuit, et que j’étais ton seul espoir. » dit Nagg, autrefois patriarche, désormais réduit à vivre dans une poubelle dont il sort la tête uniquement suivant le bon-vouloir de son fils. Rarement, je crois, une pièce de théâtre n’a aussi lucidement et sobrement exposé les liens d’amour-haine qui lient les membres d’une famille. Strindberg et Ibsen sont dépassés haut-la-main. Clov, Hamm, Nell et Nagg vivent dans un espace indéfini. Un intérieur » dit Beckett dans sa didascalie, un intérieur doté de deux fenêtres donnant sur l’extérieur. Et c’est sans doute là pour moi, la gageure de ce spectacle représenter cet espace gris et immatériel et pourtant vivant, bruissant des bruits de la mer qu’on aperçoit par l’une des fenêtres, alors que l’autre donne sur la terre. Dans cet espace, gris noir clair » dit Clov !, la grande crainte des personnages est que la lumière les quitte définitivement. Sommes-nous sur Terre? Pas si sûr. Peut-être est-ce déjà le purgatoire, peut-être la maison est-elle sur un îlot, seul endroit encore peuplé après la fin du monde Beckett est le seul écrivain de ma connaissance qui sache faire de la science-fiction au théâtre. À la lumière d’aujourd’hui, le texte prend une étrange rĂ©sonance écologique. Hamm. – La nature nous a oubliés. Clov. – Il n’y a plus de – Plus de nature ! Tu vas fort. Clov. – Dans les Mais nous respirons, nousNous perdons nos cheveux, nos dents! Notre fraîcheur ! Nos idéaux !Clov. – Alors elle ne nous a pas oubliés. Peut-être aussi sommes-nous sur un bateau, Clov se sert d’une lunette » pour regarder au loin, Hamm réclame sa gaffe », accessoire indispensable à tout marin qui se respecte. Peut- être sommes-nous sur l’Arche de Noé, comme l’évoque James Knowlson, le grand biographe de Beckett Sur la terre à moitié engloutie par les eaux, la maison de Hamm est, comme l’Arche, un refuge contre la calamité du dehors ; au lieu de se découvrir bonnes dans les yeux de Dieu, les créatures de ce monde s’aperçoivent que la lumière meurt ; sur cette terre l’herbe ne pousse pas et les graines qu’a semées Clov ne germeront jamais » ». L’atmosphère fait aussi songer à celle du célèbre poème de Baudelaire Recueillement, maladroi- tement cité par Hamm à la fin de la pièce. Et, comme un long linceul traînant à l’Orient, / Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche. ». J’aimerais avec les acteurs trouver cette âpre douceur et une lucidité sans amertume. C’est étrange de se sentir à la fois fort et au bord du gouffre » dit Beckett dans une lettre à la femme qu’il aime au moment où il écrit Fin de partie. C’est cet équilibre entre le gouffre et la force, le sol qui se dérobe et ce qui fait qu’on tient debout qu’il s’agira de trouver. Rythmée par le temps de chaque chose le temps de se lever, de manger, de prendre son calmant, de raconter une histoire et le réveil auquel Clov se raccroche comme si c’était la seule chose encore tangible, Fin de partie dit la longue marche du temps. Sa fin et son éternel recommencement. Le texte dit aussi peut-être encore, ce qu’il ne dira plus dans Cap au pire le plaisir de raconter une histoire et de dire des mots dans un théâtre Le souffle qu’on retient et puis
 il expire. Puis parler, vite, des mots, comme l’enfant solitaire qui se met en plusieurs, deux, trois, pour être ensemble, et parler ensemble, dans la nuit. » Jacques Osinski BrunoGaccio, Ă  l'affiche de la piĂšce « Les pĂątes Ă  l'ail », dont il est l'auteur, au théùtre de la ScĂšne Parisienne, Ă©tait l’invitĂ© de ValĂ©rie Expert et Gilles Ganzmann sur Sud

La piĂšce C'Ă©tait quand la derniĂšre fois ? revient en Belgique au printemps 2019 ! Avec Ă  l'affiche les comĂ©diens Virginie Hocq et Zinedine Soualem, la piĂšce se jouera au Central Ă  La LouviĂšre et au Centre Culturel de Huy. "La derniĂšre fois qu’ils se sont aimĂ©s, ils Ă©taient encore vivants..." Quoi de plus efficace pour rĂ©gler un problĂšme que de s’en dĂ©barrasser de maniĂšre dĂ©finitive » ?... Un soir, comme tous les soirs de sa petite vie bien ordonnĂ©e, une femme va commettre le pire l’indicible et inavouable acte, d’empoisonner, de mettre Ă  mort son mari. Une comĂ©die dĂ©lirante et pleine de rebondissements. Virginie Hocq et Zinedine Soualem forment un couple diaboliquement drĂŽle. Toute leur folie, leur inventivitĂ©, leur virtuositĂ© d’acteur est mise au service de la comĂ©die. Ainsi, ils donnent vie Ă  deux personnages qui brillent par leurs failles, leurs fragilitĂ©s, leurs maladresses, Ă  la fois drĂŽles et attachants.

PiĂšcede théùtre (1h40) - France. France TĂ©lĂ©visions a choisi IphigĂ©nie parmi tous les spectacles du 76ᔉ Festival d’Avignon. EnregistrĂ© Ă  l’OpĂ©ra (refait) du Grand Avignon, il s’appuie sur une piĂšce Ă©crite en 2015 par le futur directeur du festival, l’auteur-metteur en scĂšne portugais Tiago Rodrigues. Celui-ci s’étant RĂ©sumĂ© du spectacle Patrick est addict
 au travail Il passe plus de temps dans ses dossiers qu’avec sa femme et son fils. Suite Ă  un malaise, il se retrouve internĂ© en maison de repos. CoupĂ© du monde extĂ©rieur, il n’a ni dossiers, ni ordinateur, ni portable
 Il doit faire face Ă  une psychologue au caractĂšre bien trempĂ©, qui n’a pas la langue dans sa poche. Patrick doit lui prouver qu’il est dĂ©sintoxiquĂ© » du travail, sinon il ne pourra pas sortir et retrouver sa famille
 et son job ! Pour la premiĂšre fois de sa vie il ne doit RIEN faire ! Ça tombe mal il est en passe de rĂ©aliser le plus gros coup de sa carriĂšre ! Ce sĂ©jour forcĂ© a tout l’air de vacances obligatoires
 Avec Bruno BACHOT et Élodie BOULEAU La nouvelle piĂšce de l’auteur du COACH, du BON PLAN, et de TALONS AIGUILLES & CRAMPONS Informations complĂ©mentaires RĂ©servation indispensable quelques jours avant, merci de respecter l'heure d'arrivĂ©e que nous vous communiquons lors de la rĂ©servation. ArrivĂ©e fixĂ©e lors de la rĂ©servation entre 19h et 20h Les DĂźners-Spectacles sont Ă  50€ sauf mention n'acceptons pas les chĂšques restaurant les soirs de dĂźners-spectacles Attention, les places rĂ©glĂ©es pour une date prĂ©cise ne sont ni Ă©changeables ni remboursables ... sauf cas de force majeur!Le prochains spectacles Jeudi14 mars Ă  20 h 30, Virginie Hocq et Zinedine Soualem seront au théùtre du Casino Grand Cercle d’Aix-les-Bains pour prĂ©senter la piĂšce de théùtre de Emmanuel Robert-Espalieu, mise en

De bon matin, comme chaque matin, j'ai pris mon cartable pour partir Ă  l'Ă©cole. C'Ă©tait un beau matin de printemps. En chemin, lalalalĂšre, j'ai aidĂ© une trĂšs vieille dame Ă  lunettes Ă  traverser la rue. La boulangerie-tapisserie dĂ©roulait des kilomĂštre de gĂąteaux, d'Ă©clairs au chocolat, chaussons au pomme et pains au raisin. C'est alors que je l'ai aperçu, mon petit moineau, couchĂ© sur le cotĂ©, sans doute victime d'un accident de toiture, d'un rat de gouttiĂšre ou d'un mauvais coup de fusil...Les voix de trois garçon en coulisses. Julie Jim, Jules, JĂ©rĂ©mie, revenez ! J'ai trouvĂ© un petit moineau garçons apparaissent, traĂźnant des pieds. Ils se penchent vers les mains de Julie. Jules impassible Bah ! Nous les enfants, on a toujours des histoires d'oiseaux. Écoutez mes anges ! Un jour j'ai ramassĂ© un petit rouge- gorge mort. Je l'ai glissĂ© entre deux feuilles de peuplier, attachĂ©es avec un petit bout de ficelle et je l'ai enterrĂ© dans ce joli cercueil. Jim Moi un jour, j'ai entendu "poum" sur ma porte-fenĂȘtre. "Quel Ă©tourdi, cet Ă©tourneau", ai-je criĂ©! Il a failli casser ma vitre. DrĂŽle de façon de sonner Ă  la porte ! Jim Je lui ai mis un peu de glace sur le tĂȘte. Jules et JĂ©rĂ©mie Ben, la glace ... La vitre ... Jim s'Ă©cartant en marmonnant La glace, la vitre... La vitre, la glace ... Je ne vois pas. JĂ©rĂ©mie Et moi, un jour, en montagne, j'ai vu un aigle royal sur la neige. Il avait l'air d'un petit garçon perdu. Jim Oui... En autobus ! Les trois garçons s'esclaffent Julie ArrĂȘtez ! Vos bavardages tordus ne sont d'aucune utilitĂ©. Vous feriez mieux d'examiner mon moineau. L'oiseau inanimĂ© passe d'abord dans les mains de Jim. Jim d'un ton trĂšs professoral Voyons, voyons. Euh... A mon avis, tout vient des plumes. En effet, si cette particularitĂ© est douce au toucher... Large geste de caresse des plumes. ...elle fragilise l'individu. Jules J'ajouterais les pĂątes aussi. Regardez, fines comme des spaghettis. Les pauvres, elles m'ont tout l'air d'ĂȘtre cuites. JĂ©rĂ©mie Dommage. Pourtant, quel joli petit mec ! Ce doit ĂȘtre un jeune mĂąle. Julie ArrĂȘtez, on se croirait Ă  l'hĂŽpital. Nous n'avançons pas parce que nous ne parlons pas la langue des oiseaux. J'ai une idĂ©e. Si nous les imitons. Peut-ĂȘtre mon moineau nous comprendrait-il ! Jim Bonne idĂ©e. Je me jette Ă  l'eau. Il mime la dĂ©marche d'un hĂ©ron. Je suis un hĂ©ron. Pas mal, non ? Jules Et moi, mimant une chouette, je suis une ... une chouette. JĂ©rĂ©mie Et moi, mimant un coucou, un coucou ! Julie On t'Ă©coute, Jim ! Jim Un HĂ©ron au long bec emmanchĂ© d'un long cou Ă©tait Ă  l'affut de grosses nouilles. Ça va bouillir, ça va bouillir, se rĂ©jouissait dĂ©jĂ  l'Ă©chassier qui les chassa mais les rata, quittant la mare sans se marraient petit mot de Louise mĂȘme moi je n'ai rien compris Ă  cet espĂšce de poĂšme. Julie Mon moineau non plus. Essayons un autre oiseau. A toi, Jules ! Jules Bonjour je suis la chouette. Cherchez sous mes couvertures, vous ne me trouverez pas. Car sous les feuilles mon y est ! Vous, les souris, cessez de sourire ! Vers, ne jouez pas les poĂštes ! Et vous, les fourmis rouges, serrez les dents, serrez les rangs ! Alors ?? Julie Toujours rien. Un dernier essai ! Au tour de JĂ©rĂ©mie ! JĂ©rĂ©mie Voici Madame Ou-Ou ! Les autres Coucou ! Coucou ! JĂ©rĂ©mie Qui dĂ©pose son Ɠuf dans le nid de son choix SitĂŽt nĂ©, son poussin ... Les autres Coucou... Coucou ! JĂ©rĂ©mie ... Bouscule ses frĂ©rots Ă  l'aide de son dos. Ainsi les petits choient ... Les autres Hou... Hou ! JĂ©rĂ©mie ... de haut en bas, passant de vie Ă  trĂ©pas ! Les autres OulĂ , oulĂ , aĂŻe ! Julie Oh, bravo, JĂ©rĂ©mie ! Cette affreuse histoire de coucou a ranimĂ© mon moineau. Il veut fuir ce cauchemar. Regardez, il se rĂ©veille, il bat des ailes, il s'Ă©tire ! Les trois garçons Il va se tirer ! Julie Tant mieux ! Ça y est, il s'envole. Suivons-le ! Les quatre enfants battent des bras en piaillant, mais sans succĂšs. Julie On n'y arrivera jamais ! Jim Nous n'avons pas de plumes ! Jules Que des stylos ! Julie Dommage ! Quel beau voyage nous aurions pu faire, lĂ -haut, au-delĂ  des nuages ! Jim Jusqu'Ă  la lune ! JĂ©rĂ©mie Nous aurions traversĂ© fleuves et riviĂšre sans nous mouiller les chaussures. Jules Tout en dĂ©vorant des mouches et des moustiques. Jules Et nous aurions accompagnĂ© les cigognes jusqu'au dĂ©sert africain. Une cloche ou une sonnerie d'Ă©cole se fait entendre. Les enfants s'immobilisent et reprennent leurs cartables qu'ils installent avec peine sur leurs Ă©paules. Jim Fini de rĂȘver. l'Ă©cole a prĂ©vu de nos coller des cartables si lourds que nous ne pourrons jamais nos envoler. JĂ©rĂ©mie Dis donc, Jim, as-tu demandĂ© Ă  un moineau combien faisaient deux fois deux ? Jim Pas la peine, deux fois deux, ça fait quatre Ɠufs ! JĂ©rĂ©mie TrĂšs drĂŽles. Rassure-toi, si l'Ă©cole nous oblige Ă  garder les pieds sur terre, elle nous apprends aussi Ă  ĂȘtre des aigles en calcul, de chouettes en dessinateurs, des rossignol en poĂ©sie, des oiseaux migrateurs incollables en gĂ©ographie... Jules Mais aussi des martinets sans peur du martinet. Julie Des piafs au corps beau ! Jim Et des cygnes d'intelligence quand nous n'aurons plus besoin de compter sur nos doigts ! Tous Vite, on ne veut pas rater ça ! Ils disparaissent. Seule Julie reste en ScĂšne. Pour ĂȘtre un peu plus haute, elle monte sur son cartable, le visage tournĂ© vers le ciel. Julie OĂč est-il, maintenant, mon petit moineau ? Immobile comme une statue au sommet d'un arbre ? CachĂ© dans les fleurs des champs ? Ou alors mort de rire sous les chatouilles de la brise ? Vis ta vie d'oiseau. Je vivrai la mienne, sans elle, celle que tu passes lĂ -haut entre le ciel bleu et la planĂšte de notre Terre oĂč tu viens picorer tant de petites graines. Ton vol ne vole que dans nos rĂȘves et c'est bien ainsi. Merci ! FIN Dans le prochain article une seconde PiĂšce de théùtre toujours en provenance de ce livre.

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